Patrimoine classé
Emplacement, en réserve archéologique, du choeur de l'ancienne église sous la pelouse inscrite dans l'angle des rues Aux-Ours et Poncelet ; façades et toitures de la partie subsistante de l'ancienne église, y compris la ruelle et les contreforts qui l'enjambent, ainsi que la tour ; façades et toitures des bâtiments de l'ancienne abbaye, y compris le cloître et les deux terrasses au Nord-Ouest ; façades du bâtiment perpendiculaire à l'ancienne église, côté rue Aux-Ours, avec retour sur la rue Poncelet et sur cour et les parties de toitures correspondantes, ainsi que du corps d'entrée de l'ancienne abbaye rue Aux-Ours ; façades et toitures du corps de garde, rue Aux-Ours ; façades et toitures de l'ancien quartier des élèves ; escalier sur mur d'échiffre, porte de la bibliothèque, ancienne sacristie, ancienne salle capitulaire (bibliothèque) et corridor donnant accès rue Aux-Ours, dans l'aile Sud-Est du cloître ; ancien réfectoire et ancienne cuisine, dite aussi salle du prieur, dans l'aile Nord-Est du cloître ; six chambres avec leurs plafonds, dans l'aile Nord-Ouest du cloître (cad. 39 189, 191, 192) : inscription par arrêté du 24 février 1986
Origine et histoire de l'Abbaye de Saint-Arnould
L’abbaye Saint-Arnould, dite aussi Saint-Arnoul, Saint-Arnoult ou abbaye des Saints-Apôtres, est une ancienne abbaye bénédictine située à Metz. L’orthographe Arnoul est préférée car elle renvoie à Saint Arnulf, dont l’abbaye tire son nom. Ses origines sont mal documentées : selon la tradition elle aurait été fondée par l’évêque Patient de Metz sous le nom de basilique Saint-Jean-Évangéliste, mais aucune trace historique n’apparaît avant le VIe siècle. Jusqu’en 715 elle porta le nom d’église des Saints-Apôtres ; elle se trouvait devant les remparts, à l’emplacement de l’hôpital Bon‑Secours, près de la voie romaine vers Toul et Lyon, bien que d’autres sources la placent à l’emplacement de l’actuelle église Sainte‑Thérèse‑de‑l’Enfant‑Jésus, en face de l’hôpital. En 717 elle prit le nom de Saint‑Arnoul en raison des reliques d’Arnoul de Metz déposées en 641. Charlemagne fit de l’abbaye la nécropole d’une partie de sa famille : sa femme Hildegarde, ses sœurs, ses fils, l’empereur Louis le Pieux et l’évêque Drogon y furent enterrés. L’abbaye fut détruite, peut‑être par les Normands au IXe siècle ou par les Hongrois un peu plus tard, puis reconstruite sur le même emplacement. Une nouvelle reconstruction intervint au Xe siècle, suivie en 1049 de la consécration d’une église plus vaste qui subit un incendie en 1097. En 942 l’évêque Adalbéron I er remplaça les chanoines par des moines de l’abbaye de Gorze pour instaurer l’ordre de Saint‑Benoît ; vers 996‑997 Adalbéron II confia à Guillaume de Volpiano le soin de poursuivre cette réforme. Autour de l’an 1000 Guillaume nomma abbé Benoit, puis dirigea lui‑même l’abbaye jusqu’à sa mort en 1015 ; il fut ensuite remplacé par le prieur Odon, puis par Warin de Gorze. Au XIe siècle des reliques de Gorgon, martyr romain, furent transférées à l’abbaye. En 1552 le siège de Metz par Charles Quint entraîna la destruction de l’abbaye et la translation des tombeaux impériaux à l’intérieur des remparts, dans le couvent dominicain des Prêcheurs, construit en 1221. Les bâtiments de ce couvent, à l’exception de l’église reconstruite au XVIIe siècle, subsistent aujourd’hui et offrent notamment le cloître, l’ancien réfectoire et l’ancienne sacristie. Après la translation, Henri II fit ériger un mausolée pour Louis le Pieux dans la nouvelle abbatiale : il s’agissait d’un tombeau‑effigie intégrant un sarcophage antique et orné de colonnes, pilastres, coquilles, cartouches et protomés de lion portant des écussons mêlant lys royal et aigle impériale. Une partie de ce tombeau se trouve aux musées de Metz, le reste ayant été détruit pendant la Révolution. L’abbaye dépendit du diocèse de Metz, province de Trèves, jusqu’en 1780, puis du diocèse de Metz, province de Besançon. À la Révolution les biens furent confisqués comme biens nationaux, les religieux expulsés et les tombeaux impériaux détruits ; des vignes furent plantées sur l’emplacement de l’abbaye après la période révolutionnaire. L’abbaye possédait une pietà sculptée aux environs de 1520 qui, murée au‑dessus d’une entrée de la chapelle pendant la Terreur à la suite d’un édit municipal, fut redécouverte en 1990 lors de travaux ; l’emplacement de cette chapelle correspond au terrain de tennis derrière le palais du Gouverneur. Lors d’un colloque de 2007 des experts ont classé cette pietà parmi les plus belles pietàs polychromes attribuées au XVe siècle. Après la Révolution, en 1794 l’école d’application de l’artillerie et du génie s’installa dans les bâtiments du couvent ; au XIXe siècle l’église disparut et, sous le Second Empire, une tourelle de 42 m fut élevée pour observer les manœuvres sur le mont Saint‑Quentin. En 1872, pendant l’annexion allemande, l’école d’artillerie fut remplacée par la Kriegsschule de Metz ; en avril 1919 l’ensemble devint le siège du Cercle des Officiers. En 1999 ces bâtiments furent aménagés en hôtellerie de 34 chambres pour le cercle de la base de défense de Metz, aujourd’hui appelé cercle mess Lasalle annexe Saint‑Arnoul. Le prieuré de Lay‑Saint‑Christophe fut affilié à la congrégation de Saint‑Vanne en 1609, puis uni au séminaire des missions royales de Nancy en 1746. L’abbaye reçut plusieurs donations foncières : Vigy offert par Arnoul le 23 juin 715, Cheminot donné par Hildegarde le 13 mars 783, Rémilly et sa chapelle Saint‑Martin légués par une charte de Charles II le Chauve le 24 février 842, Jussy donné par Charles II le Chauve en 869, Sanry dont la date n’est pas précisée, Befey annexe de Saint‑Hubert, et un ban de Chérisey en 1112 par Cunégonde de Luxembourg.