Période
XIVe siècle, 2e moitié XVIIe siècle, XVIIIe siècle, 4e quart XIXe siècle
Patrimoine classé
Sacristie avec l'escalier qui s'y trouve : inscription par arrêté du 7 mars 1952 - Portail d'entrée de l'ancienne abbaye dit Porte de Croisille ; mur de clôture attenant (cad. A 279, 280) : classement par arrêté du 15 février 1974 - Bâtiments mauristes de l'abbaye, avec les éléments subsistants du cloître et de son assiette archéologique (cad. A 278, 279, 282, 1537, 1982, 1983) : inscription par arrêté du 17 juin 1993 - Ancienne église abbatiale (cad. AA 3p) : classement par arrêté du 9 février 1999
Origine et histoire de l'Abbaye
La butte du Mont‑Glaume présente une longue et riche histoire monastique et un intérêt archéologique marqué. Un ermitage s'y implante dès le IVe siècle, puis une église monacale est fondée et consacrée au Saint‑Sauveur à la fin du VIIe siècle. Sous l'abbé Abaldus, à la fin du VIIIe siècle, la communauté se structure autour d'une règle, et Charlemagne fait reconstruire le monastère en le dotant de matériaux précieux et d'une architecture remarquable ; il lui remet également un vase dit du Saint‑Graal. Louis le Pieux fait venir des moines d'Italie pour établir la règle bénédictine. Le site subit ensuite de nombreuses violences liées aux conflits régionaux : en 849 Nominoë assiège et endommage le monastère, puis au milieu du IXe siècle les Vikings pillent et incendient l'établissement et installent un camp sur l'Île Batailleuse, d'où ils remontent la Loire. Face à ces menaces, les moines emportent leurs reliques et se réfugient à plusieurs reprises — retours provisoires vers 860, puis exils successifs à Saint‑Savin, Saint‑Gondon et Tournus — avant de reconstituer la communauté près du château de Saumur, donnant naissance à Saint‑Florent‑de‑Saumur (ou Saint‑Florent‑le‑Jeune). L'ancien établissement du Mont Glonne devient alors Saint‑Florent‑le‑Vieux et est transformé en prieuré, sans perdre toutefois son titre d'abbaye. Après l'incendie de Saint‑Florent‑de‑Saumur en 1025, l'abbé Frédéric et huit autres religieux trouvent refuge à Saint‑Florent‑le‑Vieil, puis reviennent pour consacrer la nouvelle église en 1036. Geoffroy Martel fait fortifier l'abbaye et le bourg, confie la garde aux moines, et ses successeurs, Geoffroy III et Geoffroy Plantagenêt, confirment et protègent les droits de la communauté. L'abbatiale actuelle est édifiée sur son emplacement au début du XIVe siècle. De la butte subsistent aussi des aménagements défensifs, dont un donjon et une enceinte attribués à Foulques Nerra. Les guerres de Religion endommagent l'abbaye ; au XVIIe siècle la Congrégation de Saint‑Maur prend la charge de la communauté et reconstruit l'ensemble du monastère ainsi qu'une partie de l'abbatiale selon ses principes de commodité, de solidité et de sobriété. Le monastère rebâti est lourdement affecté par la Révolution, vendu ensuite en trois lots et partiellement mutilé jusqu'aux années 1960. Pendant la guerre de Vendée, l'église abbatiale sert de prison où sont enfermés près de 5 000 prisonniers républicains graciés par Charles de Bonchamps le 18 octobre 1793 ; le tombeau de Bonchamps, sculpté par David d'Angers en 1825, est visible à l'intérieur de l'église. À la même période ont lieu les fusillades du Marillais, avec l'exécution sommaire de nombreux Vendéens, femmes et enfants compris. En 1890 l'architecte Alfred Tessier restitue l'ancien chœur à deux niveaux. Malgré les mutilations subies, les bâtiments conservent des sous‑sols voûtés, le niveau voûté de la salle capitulaire, des offices, le réfectoire, le chauffoir et l'étage des cellules. L'édifice est inscrit aux monuments historiques en 1952 et classé en 1974. Située sur la commune de Saint‑Florent‑le‑Vieil, dans le Maine‑et‑Loire et le diocèse d'Angers, l'abbaye accueille aujourd'hui des manifestations culturelles et des expositions d'art contemporain, tandis que l'église reste un lieu de culte. Parmi ses possessions figure la donation du village d'Escoublac en 1050.