Origine et histoire de l'Abbaye de Saint-Georges-du-Bois
L’abbaye de Saint-Georges-du-Bois, située à Saint-Martin-des-Bois (Loir-et-Cher), est une ancienne abbaye de chanoines réguliers, successivement bénédictins, prémontrés puis à nouveau bénédictins. Elle aurait été fondée entre 532 et 543 par le roi Childebert Ier et la reine Ultrogothe, qui donnèrent le lieu à l’évêque Innocent du Mans dans la forêt de Gâtine. Restaurée par l’évêque Aiglibert, elle aurait accueilli soixante moines bénédictins et reçu le nom de Saint-Georges ; elle passe entre des mains laïques au VIIIe siècle, est détruite par les Vikings au Xe siècle et abandonnée. Deux hypothèses expliquent sa redynamisation au XIe siècle : soit une restauration par Geoffroy Martel vers 1045, soit la venue de chanoines réguliers de Saint-Georges de Vendôme sous Bouchard III, hypothèse que privilégie Dominique Barthélemy ; la réoccupation serait intervenue vers 1075–1085. Au début du XIIe siècle l’abbaye sert de lieu de rencontres ecclésiastiques et monastiques, et l’évêque Hildebert de Lavardin tente de rattacher l’établissement à Marmoutier pour rétablir la discipline, sans suite effective, avant une période de prospérité. Le patrimoine religieux et foncier s’accroît ensuite par des donations et cessions, notamment une prébende à Lavardin accordée en 1187 et un emplacement dans ce bourg offert en 1370 pour y construire une maison de retraite en cas de danger ; une chapelle dite de Prendpinçon est mentionnée au XIVe siècle. Sous la commende, Louis de Bourbon-Vendôme finance des travaux entre 1508 et 1510, peut‑être pour le logis abbatial, puis Charles de Latousche fait installer une nouvelle cloche en 1515 ; on compte encore onze religieux en 1550, mais la situation financière décline et, au début du XVIIIe siècle, l’effectif tombe à un seul moine. En 1726 l’abbaye est confiée à l’ordre des Prémontrés, qui n’y rétablissent qu’un petit nombre de chanoines avant la Révolution. Vendus comme biens nationaux en 1791, les bâtiments et la grange dîmière sont acquis en 1792 par le marquis de Querhoent-Montoire ; en 1804 il achète l’église et transforme l’ensemble en résidence, en supprimant deux travées de l’église menaçant ruine et trois ailes du cloître, et en conservant une aile habitable, la chapelle recevant une façade néo‑classique. La propriété passe ensuite entre différentes familles au XIXe et au début du XXe siècle ; en 1924 la salle capitulaire et la chapelle sont inscrites à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques et les restes de l’abbaye, en particulier l’église abbatiale et la salle capitulaire, sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 8 mai 1939. Les héritiers vendent le domaine à la famille Charpentier-Hyacinthe, qui le maintient, puis le lèguent à l’évêché de Blois en 1999 avec la volonté que le bâtiment conserve une vocation religieuse « autant que possible ». En 2001 des bénédictins dépendant de Flavigny, venus de Nogent‑le‑Rotrou, s’installent à Saint‑Georges ; huit moines, sous la conduite du père abbé frère Dominique, restaurent partiellement les communs, mais l’effectif tombe à deux moines en 2020 qui rejoignent la congrégation de Flavigny fin mars 2020. Le diocèse envisage alors de faire de l’abbaye un centre d’accueil diocésain et spirituel. Le 21 décembre 2022 un incendie d’origine inconnue détruit la toiture de 700 m² de l’aile attenante à l’église, et la galerie subsistante du cloître est sévèrement endommagée ; 41 pompiers interviennent et le feu est maîtrisé en deux heures, la chapelle étant épargnée. Après l’incendie, le site est sécurisé, fermé au public et fait l’objet d’un appel aux dons ; en mai 2023 le conseil presbytéral décide de mettre en vente plusieurs biens diocésains, dont l’abbaye, décision contestée par les responsables du site et freinée par l’opposition d’acteurs locaux, le conseil économique prononçant en juin 2023 un moratoire d’un an pour étudier les enjeux, et en janvier 2025 le diocèse n’a pas tranché sur l’avenir du domaine. Sur le plan architectural, l’église actuelle, datée du XIIe siècle, se compose d’une nef réduite à une seule travée, d’un carré de transept et d’une abside semi‑circulaire ; une chapelle plus ancienne flanque la nef au nord, le transept sud est transformé en sacristie et le transept nord forme une chapelle à absidiole, l’ensemble étant voûté d’ogives dans le style du gothique angevin. Le bâtiment subsistant du cloître, réaménagé en château, mesure 43 mètres de long sur 9,20 mètres de large et abrite l’ancienne salle capitulaire. Parmi les abbés connus figurent Matthieu (vers 1120), Petrus Ier (1123), Odo ou Eudes Ier (1146), Briccius (1187), Gaudrieux (1195), Radulfus (1218), Petrus II (1243), Guillelmus Ier (1293), Odo II de Beaurevouer (1308), Johannes Ier (1341 et 1361), Guillelmus II (1362), Johannes II (1409) et d’autres noms jusqu’à Gilles Aubrée (1488 et 1497). Les abbés commendataires incluent Louis de Bourbon‑Vendôme (1508‑1510), Charles de Latousche (1515), Pierre de Vérelle (1530), François du Bourg (1550), Geoffroy Charlet (1577), François‑Pierre Charlet (1593 et 1610) et plusieurs titulaires aux XVIIe et XVIIIe siècles, jusqu’à Dominique (2001‑2020). L’abbaye possédait de nombreuses églises et prieurés dans la région, notamment les églises de Saint‑Pierre et Saint‑Martin‑du‑Bois, Saint‑Genest de Lavardin, Saint‑Jacques‑des‑Guérets, Saint‑Arnoult, Saint‑Georges de Villiersfaux, Épiais, Saint‑Fimin de Saint‑Firmin‑des‑Prés, Espéreuse, Saint‑Rimay, Saint‑Jacques de Lisle, le Rouillis, Sainte‑Anne de Montreuil‑le‑Henri, Saint‑Lubin de Vendôme et le prieuré Saint‑Pierre‑la‑Motte de Vendôme. Selon un aveu fait au comte de Vendôme Jean VIII en 1463, le fonds foncier comprenait plusieurs métairies (Villavard, la Chanoinerie en Saint‑Martin‑des‑Bois, l’Angélière en Saint‑Jacques‑des‑Guérets, la Grange d’Assé, la Vau), des terres, prés et bois, des moulins sur le Marderon, l’étang de Huchepoche et l’âtre de la Chauvallerie.