Origine et histoire de l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés
L'abbaye Saint-Germain-des-Prés, située au 3 place Saint-Germain-des-Prés dans le 6e arrondissement de Paris, est une ancienne abbaye bénédictine dont l'église actuelle conserve des éléments très anciens. Fondée au milieu du VIe siècle par le roi Childebert Ier et l'évêque Germain sous le nom de basilique Sainte-Croix et Saint-Vincent, elle prend bientôt le nom de Saint‑Germain-des‑Prés en référence à son évêque fondateur. Église abbatiale et nécropole royale jusqu'à la construction de Saint‑Denis, la première basilique était richement décorée et abritait des reliques dont la dispersion ultérieure a considérablement réduit l'ensemble conservé. Le site occupe une implantation ancienne où se trouvait déjà, à l'époque romaine, un lieu de culte, sans preuve toutefois d'un culte à Isis. Après des destructions et des réparations au cours du haut Moyen Âge, l'abbé Morard entreprend à la fin du Xe siècle une reconstruction dont la tour occidentale (quatre premiers niveaux), la nef et le transept conservent des vestiges ; on y relève des chapiteaux datés de l'an mil. Le chœur actuel, élevé au milieu du XIIe siècle dans un style gothique primitif, a été consacré par le pape Alexandre III le 21 avril 1163 ; il figure parmi les premiers bâtiments gothiques et joue un rôle important pour la diffusion du nouveau style. Les bâtiments conventuels et la grande chapelle de la Vierge, œuvre de Pierre de Montreuil inspirée de la Sainte‑Chapelle, sont reconstruits entre les XIIe et XIIIe siècles, mais la chapelle abbatiale a été démolie au début du XIXe siècle. Au XVIIe siècle, l'instauration de la réforme mauriste fait de l'abbaye un centre d'érudition réputé, doté d'une riche bibliothèque et de savants reconnus. La Révolution met fin à la vie conventuelle : l'abbaye est supprimée, vendue comme bien national et l'église affectée à des usages industriels, tandis que mobilier et reliques sont dispersés ou détruits. Le culte est rétabli le 29 avril 1803 et l'église devient exclusivement paroissiale. Entre 1821 et 1854, des campagnes de restauration menées par Étienne‑Hippolyte Godde puis Victor Baltard renforcent et remettent en valeur l'édifice lourdement éprouvé pendant la période révolutionnaire. L'église Saint‑Germain‑des‑Prés est classée aux monuments historiques en 1862 et les vestiges de l'abbaye sont inscrits par arrêté le 26 octobre 1953. Aujourd'hui subsistent principalement l'église et le palais abbatial ; l'ensemble reste l'un des plus anciens monuments religieux de Paris et témoigne de siècles de transformations architecturales et d'une histoire religieuse et intellectuelle dense. L'enclos primitif de l'abbaye correspondait au quadrilatère limité par les rues de l'Échaudé, Gozlin, Saint‑Benoît et Jacob.