Origine et histoire de l'Abbaye
L'ancienne abbaye de Saint-Gildas-des-Bois se situe dans la commune éponyme, en Loire-Atlantique, dans la région des Pays de la Loire. L'ensemble comprend une église romane du milieu du XIIe siècle, achevée en 1214, et des bâtiments monastiques édifiés entre le XVIIe et le XIXe siècle. L'église abbatiale a été classée monument historique le 30 décembre 1994 ; les autres bâtiments ont été inscrits le 2 juillet 2003. Sa fondation, au début du XIe siècle, s'inscrit dans une nouvelle vague d'évangélisation liée à l'influence de Cluny autour de l'an mil. Félix, abbé de Saint-Gildas de Rhuys, entreprit d'y implanter une communauté pour évangéliser le sud de la Bretagne après les invasions vikings, avec le soutien de Simon I de la Roche-Bernard et de l'abbaye de Redon. Selon un acte contesté, huit moines furent détachés en 1026 pour constituer le premier noyau, sous la direction d'Helogon, premier abbé, qui bénéficiait d'un revenu annuel et du droit d'officier avec ornements pontificaux. Les reliques de saint Gildas rapportées de Rhuys attirèrent de nombreux pèlerins, en particulier lors des trois jours de pardon annuels les 29 janvier, 11 mai et 1er juillet ; le reliquaire disparut au début de la Révolution. L'affluence des pèlerins amena la construction, à la fin du XIIe siècle, de l'église abbatiale actuelle, qui se distingue par l'unité et la sobriété de son style. Au fil des siècles, l'abbaye connut des aménagements et des transformations : au XVe siècle on ouvre une grande baie dans le pignon, puis au XVIe siècle Guillaume Eder la rétrécit en y gravant ses armes et la date 1533. En 1492, la commende est instaurée : l'abbé n'est plus élu et ne réside plus à l'abbaye, la gestion revenant alors à un prieur ; ce changement marque le début d'un lent déclin. Relevée par les Mauristes en 1645 après les guerres de religion, l'abbaye fit l'objet de restaurations au XVIIIe siècle et accueillit, après la suppression révolutionnaire de 1790, la maison-mère des sœurs de l'instruction chrétienne. De 1833 à 1842, l'abbé Angebault restaura les bâtiments et fit construire une chapelle ; il deviendra plus tard évêque d'Angers. L'église est construite en roussard, un grès ferrugineux local qui s'oxyde à l'humidité et qui est employé ici de manière particulièrement systématique. Le portail en arc brisé et la tour carrée du transept datent du XIIe siècle ; la nef, le transept et le chœur, également de la fin du XIIe siècle, témoignent d'une volonté de dépouillement proche de l'esprit cistercien. La nef à six travées, couverte autrefois en charpente, s'ouvre sur des bas-côtés et des arcades en arc brisé retombant sur une alternance de colonnes rondes et de piles quadrilobées ; les grandes fenêtres en arc brisé percent le mur haut sans articulation de travées. La croisée du transept repose sur des piles complexes, les arcs à double rouleau retombent sur des piliers flanqués de colonnes engagées à chapiteaux sculptés ; le chœur comporte deux travées droites terminées par une abside à trois pans et sept fenêtres séparées par des colonnes engagées soutenant une voûte postérieure. Le chœur conserve 36 stalles en chêne du XVIIe siècle ; l'ancienne clôture des moines porte la date de 1711 et a été transformée en porche intérieur lors de l'adaptation de l'église en paroissiale vers 1840, la grille en fer forgé datant du XVIIIe siècle. Le site fut gravement endommagé par des bombardements le 12 août 1944 : le clocher et ses toitures s'effondrèrent, les cloches furent perdues et les vitraux soufflés ; les parties basses des fenêtres furent provisoirement comblées par des verres cathédrale. En 2007, quatorze verrières basses réalisées sur le projet de Pascal Convert remplacèrent ces verres : des dalles de cristal monochrome représentant des enfants aux yeux fermés, inspirées par des images issues des Archives nationales, ont été créées avec la participation de Claus Velte pour les matrices, d'Olivier Juteau pour les dalles et de Jean-Dominique Fleury, maître verrier, pour l'exécution. La succession des abbés réguliers et l'instauration des abbés commendataires à partir de 1492 ont marqué la vie de la communauté ; parmi les personnalités liées au lieu figurent Sébastien-Joseph du Cambout et le mauriste janséniste François Louvard.