Origine et histoire de l'Abbaye de Saint-Jean-des-Prés
L'abbaye de Saint-Jean-des-Prés, située à Guillac (Morbihan), dépendait successivement des diocèses de Saint-Malo puis de Vannes. Sa fondation remonte au milieu du XIIe siècle : selon les sources, elle serait née entre le début des années 1130 et la fin des années 1150 et est parfois attribuée à un vicomte de Porhoët, Geoffroi ou Eon/Eudon II ; les chanoines suivaient la règle de saint Augustin. Vers 1400, l'abbé Robert Lescuyer fit rebâtir des bâtiments, notamment le cloître ; une inscription en lettres gothiques, mal déchiffrée, fut remployée lors des reconstructions ultérieures. L'abbaye passa en commende en 1507 et resta soumise à des abbés commendataires. En 1663 elle fut unie à la Congrégation de Sainte-Geneviève (Congrégation de France) et la décision fut prise de reconstruire l'ensemble conventuel ; les travaux engagés à partir de 1663 s'achevèrent en 1682 et une sablière porte une inscription datée de 1682 mentionnant le transfert du cloître, sous l'administration de C. Gail. Des projets de démolition et de reconstruction furent encore décidés en 1733 et 1778 mais ne furent pas réalisés ; seul le moulin de Saint-Jouan, dépendant de l'abbaye, fut reconstruit vers 1750. Au XVIIIe siècle on installe le potager de la cuisine, daté de 1770, et une campagne de reconstruction partielle de la maison conventuelle est menée en 1789 par l'entrepreneur Joseph Le Guerson ; elle comprend le grand corps de logis (à l'exception de l'ancienne cuisine) et une galerie nord, mais les travaux sont interrompus par la Révolution. L'abbaye est vendue comme bien national en 1791 à un sieur Mailhos ; vers 1800 l'église dédiée à la Sainte-Trinité, la nouvelle maison abbatiale inachevée ainsi que les écuries et les fours sont démolis. Au XIXe siècle des aménagements intérieurs sont réalisés, une distillerie est installée entre 1815 et 1828, la galerie nord et les écuries actuelles sont modifiées après 1820, et les parties agricoles sont construites avec des aménagements intérieurs vers 1840. La succession des abbés réguliers et commendataires est bien documentée : parmi les réguliers figurent notamment Judicaël (1159), Guy (1163), Nicolas (1303), Mathieu (mort en 1354) et Robert Lescuyer (1400-1407) ; parmi les abbés commendataires se succèdent, entre autres, Guillaume et Louis Grimaud, Louis II de Pommelene, les membres de la famille de Senecterre, Pierre Pigray, Claude Blondeau, Octave de Blanchefort, Sébastien de Guémadeuc, Jean-Étienne de Löwenstein-Wertheim, René de Brissac et Esprit Jacquelot de Boisvouvray. Les façades et toitures des bâtiments du XVIIe siècle, le corps de logis principal et son aile en retour d'équerre, le mur de clôture, le portail d'entrée et les deux escaliers intérieurs ont été classés au titre des monuments historiques par arrêté du 3 décembre 1998 ; les intérieurs, à l'exclusion des deux escaliers classés, ont été inscrits le même jour. Aujourd'hui la propriété appartient à la famille de Rohan-Chabot et le duc de Rohan Josselin de Rohan y réside.