Origine et histoire de l'Abbaye
Fondée à la fin du XIe siècle sur le lieu-dit Ruricourt, l'abbaye accueille une communauté vivant selon la règle de saint Augustin, bien que les sources diffèrent sur l'origine précise de ses premiers religieux. L'église abbatiale fut élevée entre 1245 et 1260 ; le vitrail du chœur offert en 1260 par Jean de Rouvilliers le représente et porte cette date. En 1271, l'abbé Gallon de Montigny fut inhumé devant le maître-autel. Lors de la guerre de Cent Ans, un incendie attribué aux Anglais en 1445 détruisit une partie des bâtiments conventuels et endommagea notamment un clocher et la façade occidentale. Le premier abbé commendataire, Guy de Baudreuil, institué en 1492, fit reconstruire les logements réguliers et fit édifier la sacristie au sud du chœur en 1521. En 1644 les chanoines réguliers furent remplacés par les génovéfains, puis l'abbaye fut cédée en 1675 au collège de Clermont, les jésuites occupant une partie des lieux peu après. Divers travaux de charpente, maçonnerie et vitrerie se succédèrent aux XVIIe et XVIIIe siècles, avec notamment une rénovation de charpente en 1671 et des interventions entre 1684 et 1709, mais l'état général resta problématique et les bâtiments étaient déjà jugés vétustes en 1729. Entre 1782 et 1784 des remises en état du mobilier et de certains éléments de l'église furent entreprises, mais les bâtiments abbatiaux furent vendus et démolis en 1793 ; l'église, elle, échappa à la vente comme bien national parce qu'elle servait de lieu de culte paroissial. Au XIXe siècle et au-delà, des réparations ponctuelles suivies d'une restauration plus systématique engagée à partir de 1870 par Aymar Verdier furent poursuivies jusqu'en 1907, puis reprises en 1933. L'église est classée parmi les monuments historiques dès la liste de 1840, et d'autres bâtiments et vestiges de l'abbaye ont été protégés par des arrêtés du 28 décembre 1984. Située dans la commune de Saint-Martin-aux-Bois, dans l'Oise, l'abbaye conserve un enclos ceint d'un mur, une porte fortifiée du XVe siècle, des vestiges conventuels et des bâtiments agricoles, dont un colombier carré. De l'abbaye médiévale subsistent surtout l'église, la muraille d'enceinte et un bâtiment conventuel au sud du cloître, tandis que la nef manque ou n'a jamais été achevée : l'édifice se réduit à un vaste chœur abbatial de cinq travées flanqué de collatéraux et terminé par une abside à sept pans. Rattaché au courant rayonnant, le chœur se distingue par la minceur des supports, l'absence de triforium et l'ouverture maximale des baies ; l'abside est presque une « cage de verre », ses grandes baies étant subdivisées par des étrésillons horizontaux en pierre et éclairées en grisaille dont plusieurs panneaux sont d'origine. La sacristie, ajoutée au début du XVIe siècle par Guy de Baudreuil, présente un décor flamboyant et une porte marquant l'entrée précoce de motifs renaissants au nord de Paris ; la niche expose une Vierge à l'Enfant du XIVe siècle. Les stalles commandées à la fin du XVe siècle subsistent partiellement et, avec leurs hauts dosserets ajourés et leurs miséricordes sculptées, figurent parmi les éléments majeurs du mobilier, aux côtés des vitraux en grisaille et du groupe sculpté du Saint-Sépulcre devant la sacristie. Le bâtiment dit le Galata, attribué aux XIIe–XIIIe siècles et longtemps utilisé comme réfectoire et maison d'hôtes, est l'élément conventuel le mieux conservé. Après les ventes révolutionnaires, l'enclos a été morcelé et la lecture d'ensemble du plan primitif reste difficile, mais des arrachements de voûtes et des murs témoignent encore de la disposition du cloître et des ailes. L'église, affectée au culte paroissial, reste ouverte au public sur rendez-vous et bénéficie d'ouvertures régulières organisées par des bénévoles en été et lors des Journées européennes du patrimoine.
