Période
XIIIe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Le choeur de l'église abbatiale : classement par liste de 1862 - Le transept : classement par liste de 1889 - L'ensemble abbatial en totalité, comprenant : l'église abbatiale, les bâtiments claustraux, l'enclos monastique du XVIIIe siècle, tous les murs de clôture et sols, le parvis et l' emmarchement de église, le réseau hydraulique (le réservoir-pédiluve, le passage de la galerie et la salle souterraine), le bâtiment de la persévérance et le petit pavillon d'angle qui lui est accolé et le logis des hôtes, tels que délimité par un liseré rouge sur le plan annexé à l'arrêté figurant dans le domaine public communal non cadastré pour le parvis et son escalier et cadastre AN 1 à 7): classement par arrêté du 28 février 2014
Origine et histoire de l'Abbaye
L'abbaye bénédictine de Saint-Michel-en-Thiérache, située à Saint-Michel dans l'Aisne, rassemble des éléments architecturaux du XIIe au XVIIIe siècle. La première chapelle du site fut fondée en 693 par saint Ursmer et placée sous la protection de l'archange saint Michel ; un pèlerinage s'y développa après sa mort au début du VIIIe siècle. Au milieu du Xe siècle, Eilbert (ou Ybert) de Ribemont et son épouse Hersinde (ou Hersent), aidés par des moines irlandais, fondèrent l'abbaye pour inciter les ermites irlandais à renoncer à la peregrinatio. Rapidement richement dotée en terres et en bois, elle adopta la Règle de saint Benoît et connut son âge d'or aux XIe et XIIe siècles. L'ensemble abbatial actuel — église, cloître et bâtiments annexes — conserve des parties datées du XIIe siècle, le transept, le chœur et les baies de la salle capitulaire étant de style gothique de la fin du XIIe siècle. Entre 1181 et 1185, une bulle du pape Lucius III confirma une décision épiscopale relative à un litige entre l'abbaye de Foigny et celle de Saint-Michel au sujet de forêts. L'abbatiale de Saint-Michel servit de modèle à l'église Saint-Yved de Braine pour des dispositifs tels que les absidioles obliques et la grande rose. Au début du XVIIe siècle, l'abbé Jean-Baptiste de Mornat entreprit de vastes restaurations : la façade et la nef de style classique datent de son abbatiat. Après un incendie en 1715, les bâtiments monastiques entourant le cloître furent reconstruits et l'orgue de Jean Boizard, daté de 1714, fut installé dans la nef. Un violent incendie les 6 et 7 mai 1971 détruisit les parties hautes de l'édifice et de l'abbatiale, entraînant une longue et coûteuse reconstruction. Le chœur du XIIe siècle se distingue par des chapelles absidales implantées à 45° et par des murs doublés de marbre au XVe siècle ; derrière le maître-autel se trouve la tombe de l'abbé Jean-Baptiste de Mornat. La croisée du transept, qui portait à l'origine une tour-lanterne, a été remplacée par une flèche en charpente recouverte d'ardoises ; le bras nord du transept est percé d'une grande rose de 7,15 m de diamètre. La nef présente des voûtes d'ogives dont les clés sont sculptées de figures de moines regardant vers le sol, et elle reçut au XVIIe siècle un décor classique de grandes arcades en plein cintre, pilastres et chapiteaux ioniques. L'orgue historique de Jean Boizard, classé monument historique en 1950, fait l'objet d'enregistrements et d'un festival de musique organisé chaque année en juin et juillet. Dans la galerie nord du cloître, on a mis au jour des peintures murales du XVIe siècle illustrant la vie de saint Benoît, qui ont été restaurées. L'abbaye bénéficie de protections au titre des monuments historiques : le chœur classé en 1862, le transept en 1889, l'inscription de parties de l'ensemble en 1927, le cloître et la cour intérieure classés en 1951, et l'inscription en 2010 de la nef, des façades, de l'enclos monastique, du réseau hydraulique et du logis d'hôtes. De nombreux artistes et musiciens se sont produits sous l'orgue ou dans l'abbaye au fil des ans; parmi eux, la violoniste Anne-Sophie Mutter a donné un concert dans le cadre d'actions de solidarité. Plusieurs enregistrements ont été réalisés sur l'orgue de Boizard.
