Origine et histoire de l'Abbaye
L'abbaye Saint-Michel de Saint-Mihiel, dite aussi église Saint-Michel, est une ancienne abbaye bénédictine située à Saint-Mihiel, dans la Meuse. Elle a été fondée en 708 ou 709 par le comte Wulfoalde et sa femme Adalsinde, d'abord sur la côte de Castellion près du ruisseau Marsoupe. Au début du IXe siècle, l'abbé Smaragde, proche de l'empereur Louis le Pieux, illustra l'établissement et obtint cinq diplômes pour l'abbaye entre 816 et 826; vers 820 il organisa le transfert du monastère au bord de la Meuse, près du village alors appelé Godinécourt. La fabrique connaît plusieurs campagnes de construction : une reconstruction et l'élévation d'un clocher roman entre 1044 et 1050, la réalisation d'une tour-porche de style ottonien entre 1050 et 1076 et la consécration de l'abbatiale en 1068 ou 1069, une nouvelle église romane à la fin du XIe‑début du XIIe siècle, la reprise de l'étage supérieur de la tour-porche et de la nef au XVIe siècle après l'effondrement de la flèche en 1550, puis des transformations au début du XVIIe siècle et l'agrandissement du palais abbatial au XVIIIe siècle, qui comprit notamment la création de la bibliothèque bénédictine. L'abbaye fut dissoute en 1791; ses bâtiments furent alors affectés au palais de justice et à la prison. Des restaurations importantes ont eu lieu au XXe siècle, notamment après 1918.
La nef principale date du XVIIe siècle; l'édifice conserve un vitrail signé Nicolas Lorin, des stalles de chœur et un tableau représentant l'archange Michel. La bibliothèque bénédictine, constituée depuis la fondation et enrichie après l'invention de l'imprimerie au XVe siècle, fut aménagée au XVIIIe siècle dans deux salles, dont l'une de 50 mètres permettant le rangement de plus de 12 000 ouvrages. Restée dans ses bâtiments d'origine, elle ne fut pas dispersée après la Révolution : appartenant d'abord à l'État, elle fut confiée à la municipalité en 1848 et servit de bibliothèque publique jusqu'en 1985. En 1915 un obus détruisit en grande partie la bibliothèque; les collections furent alors transférées au Musée de la Cour d'Or de Metz sous l'impulsion du dispositif du Kunstschutz et restituées en 1935. Malgré les pertes et les vols intervenus après la Révolution et les dégâts de la Première Guerre mondiale, la bibliothèque conserve aujourd'hui près de 8 700 ouvrages, dont 74 manuscrits, 86 incunables et 1 150 imprimés du XVIe siècle. La collection n'est pas exclusivement religieuse : au XVIIIe siècle, 3 441 livres traitent de sujets profanes tels que l'histoire, la géométrie, les arts militaires, la littérature, le droit et les sciences et techniques.
Depuis 1998, le rez-de-chaussée de l'aile abritant la bibliothèque a été aménagé en musée départemental d'art sacré. Un musée avait déjà été fondé dans l'abbaye en 1906; la réorganisation de 1998 a permis d'accueillir l'orfèvrerie sacrée et le mobilier sculpté déposés par de nombreuses communes de la Meuse pour garantir leur protection et faciliter leur exposition. Les collections comprennent notamment une représentation de saint Michel terrassant le dragon, un bras reliquaire dit maure daté de 1464, un coffret reliquaire Gibrien du XVIIe siècle et une croix reliquaire provenant de l'église Saint-Martin de Souilly datée des XIIIe–XVe siècles.
La Pâmoison de la Vierge, œuvre maîtresse de Ligier Richier classée en 1897, est conservée dans l'église Saint-Michel; les personnages, de grandeur naturelle, sont taillés en noyer et la sculpture date d'avant 1532. À l'origine peinte, elle a livré lors de restaurations des traces de coloris : bleu azur pour le manteau de la Vierge et or et rouge vermillon pour la tunique de saint Jean; la scène représente la Vierge évanouie, soutenue par saint Jean. Le musée du Louvre conserve une tête du Christ provenant du groupe de Saint-Mihiel dont d'autres éléments ont disparu.
Le prieuré de Laître-sous-Amance, commencé au début du XIe siècle par Thierry de Bar et achevé par la comtesse Sophie, fut dédié en 1076 par l'évêque Pibon, reçu des biens considérables et réuni à l'abbaye de Saint-Mihiel en 1592 avant d'être vendu comme bien national. Des études et des sources anciennes, comme les travaux de Dom Augustin Calmet et d'autres chercheurs, documentent l'histoire et l'architecture de l'abbaye.
