Origine et histoire de l'Abbaye de Saint-Urbain
L'abbaye de Saint-Urbain, aussi appelée abbaye de la Sainte-Trinité, est une ancienne abbaye bénédictine masculine située à Saint-Urbain-Maconcourt, en Haute-Marne, dans la région Grand Est. Sa fondation est attribuée parfois à Charlemagne sous le nom de Sainte-Trinité, mais son véritable fondateur serait probablement Erchenraud, évêque de Châlons, qui aurait donné vers 862 des reliques du pape Saint-Urbain provenant de l'abbaye de Saint-Germain d'Auxerre. Un moine nommé Héric raconta avoir été témoin de miracles liés à ces reliques, ce qui fit progressivement entrer l'abbaye sous le vocable de Saint-Urbain. L'abbaye reçut des libéralités de Charles le Chauve et de Lothaire à la demande d'Erchenraud, et elle honora comme fondateurs quatre personnages en les représentant sur les piliers du jubé lors d'une restauration après les destructions des guerres du XVIe siècle, acquérant ainsi le titre d'abbaye royale.
Parmi ses bienfaiteurs figurent aussi les comtes de Bar, les seigneurs de Dampierre et les seigneurs de Joinville; avec ces derniers l'abbaye connut cependant un long différend concernant l'avouerie, conflit qui nécessita l'intervention papale. Outre les reliques de Saint-Urbain, l'abbaye possédait des reliques de Saint-Épiphane, Saint-Amand, Saint-Sacerdos, Saint-Artème, Saint-Bercaire, Saint-Anatole et Sainte-Ménehould. Vers 1323 l'abbaye fut pillée par des bandes armées et ses reliques furent transférées à l'église de Chaumont ; en 1324 le pape la plaça sous sa protection par bulle. Les travaux de reconstruction amenèrent les moines à accroître les exigences sur leurs sujets, provoquant une révolte des habitants de Saint-Urbain à laquelle durent mettre fin des officiers du roi ; l'abbaye, alors dotée de deux grosses tours, fut fortifiée.
En 1429 l'abbé Arnoult d'Aulnoy reçut Jeanne d'Arc lorsqu'elle quitta Vaucouleurs pour aller trouver le roi, et en 1440 le comte de Vaudémont ravagea l'abbaye avant que Charles VII n'autorise sa reconstruction. À partir de 1568 l'abbaye subit plusieurs ruines causées par les protestants. La réforme de Saint-Vannes y fut introduite en 1648, redonnant la régularité perdue après les désastres et l'abandon fréquent de la charge par des abbés commendataires. En 1763 la communauté comprenait environ vingt moines et l'abbaye disposait d'un collège où l'on enseignait les humanités ; parmi ses anciens élèves figure le helléniste Nicolas Furgault.
Lors de la Révolution française l'abbaye fut déclarée bien national et les ordres réguliers furent supprimés ; l'église abbatiale fut détruite. Les bâtiments conventuels ont été en partie conservés, mais il en reste peu ; divers vestiges ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 15 septembre 1947.
La succession des abbés connue s'étend du Xe au XVIIIe siècle et comprend de nombreux noms. Parmi eux, Adacus (vers l'an 1000), Richard (mort en 1046), Étienne (présent au concile de Reims en 1049), Pierre Ier qui fit bâtir une nouvelle église et y transféra des reliques en 1140, Geoffroy II qui défendit les droits de l'abbaye face au sire de Joinville, Jean Ier de Saint-Dizier sous lequel l'abbaye fut saccagée en 1323, et Arnoult d'Aulnoy qui reçut Jeanne d'Arc. À partir du début du XVIe siècle apparaissent des abbés commendataires tels que Robert de Lenoncourt (1502-1530), des membres de la maison de Lorraine, puis des Harlay et d'autres prélats ; Michel Ier Tubeuf et Michel II Révérend de Bougy figurent parmi ceux qui marquèrent la période de transition vers la congrégation de Saint-Vannes. Les derniers abbés mentionnés sont Jean-Baptiste-Thomas Hue de la Roque de Miromesnil (1681-1732), Emmanuel-Henri-Timoléon de Cossé-Brissac (1732-1758) et Pierre II du Caylar (1758-1781), l'abbaye se trouvant vacante en 1789, vraisemblablement après la mort de ce dernier.