Abbaye de Sainte-Marie-au-Bois à Vilcey-sur-Trey en Meurthe-et-Moselle

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye Eglise romane

Abbaye de Sainte-Marie-au-Bois

  • Sainte-Marie
  • 54700 Vilcey-sur-Trey
Abbaye de Sainte-Marie-au-Bois
Abbaye de Sainte-Marie-au-Bois
Abbaye de Sainte-Marie-au-Bois
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Abbaye de Sainte-Marie-au-Bois
Abbaye de Sainte-Marie-au-Bois
Crédit photo : Smaragdus - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Patrimoine classé

Abbaye, sauf parties classées : inscription par arrêté du 29 octobre 1926 ; Chapelle et le bâtiment la joignant au Sud : classement par arrêté du 9 avril 1929

Origine et histoire de l'Abbaye de Sainte-Marie-au-Bois

L'abbaye Sainte-Marie-aux-Bois, située à Vilcey-sur-Trey en Meurthe-et-Moselle, est une ancienne maison de l'ordre des Prémontrés édifiée au fond d'une petite vallée près d'une source, sur un affluent du Trey. Fondée par le duc de Lorraine Simon Ier entre 1130 et 1139, elle fut dotée de terres, vignes, moulins et forêts par les abbayes messines et par les seigneurs locaux ; les bâtiments furent achevés peu après 1150. Selon la tradition ancienne rapportée par Dom Calmet et Charles‑Louis Hugo, elle aurait été la première implantation prémontré en Lorraine et remontrerait à une volonté conjointe de saint Norbert et du duc de Prény, tradition que les historiens modernes nuancent en renvoyant plutôt au concile de Liège de 1131. Le premier abbé connu fut Richard, disciple lorrain de saint Norbert venu de Laon, et un monastère de religieuses voisin, aujourd'hui disparu, subsistait autrefois au lieu‑dit la Celle‑des‑Dames. Les prospections récentes ont mis au jour un parcellaire médiéval étendu, avec pierriers, terrasses et bornes, confirmant le caractère de défrichement de la fondation.

Durant le Moyen Âge, les chanoines partageaient vie contemplative et ministères paroissiaux et desservaient de nombreuses paroisses des environs ; en 1257, ils fondèrent à Pont‑à‑Mousson le séminaire de Saint‑Nicaise pour la formation des novices. L'abbaye, protégée par les ducs de Lorraine et proche du château de Prény, connut plusieurs pillages et destructions liés aux conflits régionaux : sièges et saccages par des troupes voisines aux XIIIe et XIVe siècles, nouvelles exactions au XVe siècle, et en 1473 l'abbé Jean de Dieulouard reçut Charles le Téméraire. Le XVIe siècle fut d'abord prospère, avec des travaux de rénovation de l'église abbatiale et des donations favorisant le repeuplement local, mais la communauté subit ensuite des violences et un relâchement de la discipline sous des abbés commendataires ; des tensions aboutirent à l'empoisonnement de l'abbé Daniel Picart, formé à Pont‑à‑Mosson.

Au début du XVIIe siècle, Servais de Lairuelz mena la réforme de l'ordre : en 1608 il transféra les moines à Pont‑à‑Mosson pour les rapprocher de l'université jésuite, le pape autorisant toutefois la présence permanente d'un ou deux chanoines à Sainte‑Marie‑au‑Bois pour y célébrer la messe. Les chanoines revinrent temporairement en 1631 pour fuir une peste à Pont‑à‑Mosson et Servais de Lairuelz y mourut le 18 octobre 1631. La guerre de Trente Ans entraîna de nouvelles destructions, notamment lors des campagnes de 1635 dites « année des Suédois ». À la Révolution, l'ordre perdit ses biens ; l'abbaye et ses terres furent vendues comme biens nationaux le 14 février 1791 à Antoine Willemin. Au XIXe siècle, l'abbaye fut transformée en ferme : l'église devint une étable, la salle capitulaire une cuisine, et un fragment d'autel du XIVe siècle fut donné au Musée historique lorrain de Nancy.

En août 1914, l'écrivain Charles Péguy séjourna brièvement sur le site, sa section occupant les lieux du 18 au 23 août. L'abbaye a été partiellement inscrite aux monuments historiques par arrêté du 29 octobre 1926 et classée pour sa chapelle et le bâtiment sud par arrêté du 9 avril 1929. En 2007, le site a accueilli les Jardins de l'abbaye, création d'Olivier Berger pour le Festival international Jardins à suivre..., conçus comme un parcours symbolique évoquant des thèmes variés autour des plantations ; ces aménagements ont été réalisés avec des élèves de l'École d'horticulture et de paysage de Roville‑aux‑Chênes. Des visites guidées étaient organisées de juin à septembre, mais l'accès a été restreint après le décès d'un des propriétaires en 2008 ; aujourd'hui les visites ne sont possibles que lors du dimanche des Journées européennes du patrimoine.

Sur le plan architectural, l'ensemble conservé se compose de l'église abbatiale — chevet orienté à l'est — et du bâtiment conventuel adossé au côté sud ; il constitue un ensemble homogène de style roman de la seconde moitié du XIIe siècle, proche de l'architecture dépouillée des cisterciens. L'église, longue de vingt‑trois mètres hors tout, se compose d'une nef centrale à plafond et de deux bas‑côtés voûtés ; la façade, de type basilical, rapproche l'abbatiale de celle de Haute‑Seille. Le chevet a disparu ; certains spécialistes penchent pour un chevet plat, d'autres pour un chevet arrondi. Dans le chœur subsiste un enfeu gothique tardif abritant la sépulture de l'abbé Dominique Thuillier (†1534) et la nef fut surélevée à la Renaissance par une voûte d'ogives.

La question de la longueur actuelle de l'abbatiale a suscité un débat d'interprétation : certains auteurs ont réfuté l'idée d'un raccourcissement ancien, d'autres l'ont défendue pour différentes périodes, et Michel Mazerand a proposé l'hypothèse d'une réduction importante de la nef en 1780‑1781, étayant son propos par des observations de maçonnerie et des mentions comptables, tout en estimant que seuls des sondages archéologiques permettraient de trancher. Le bâtiment conventuel conserve au rez‑de‑chaussée la sacristie puis la salle capitulaire, aujourd'hui dépourvue de son extrémité ; l'étage abrite le dortoir avec ses petites ouvertures en plein cintre. Le cloître a disparu, mais des départs de voûtes au nord et à l'est attestent l'existence des galeries disparues.

Dès le XIIe siècle, l'abbaye dépendait de plusieurs prieurés, notamment à Blanzey, Phlin (fondé au XIIIe siècle par l'abbé Gérard I), le Ménil à Marbache et, jusqu'en 1303, le prieuré de Froville qui appartint d'abord à Cluny avant d'être uni à Sainte‑Marie‑au‑Bois. Une légende locale, rapportée au XIXe siècle, rattache la fondation du prieuré de Phlin à une apparition de la Vierge au chevalier Ancelin de Mailly au lieu‑dit le Chêne‑à‑la‑Vierge, souvenir repris par plusieurs auteurs. Enfin, la liste complète des abbés s'étend du XIIe au XVIIe siècle, où l'on retrouve des noms tels que Richard, plusieurs abbés Thuillier, Didier Malhusson, Daniel Picart et Servais de Lairuelz.

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