Origine et histoire de l'Abbaye
L’abbaye de Sauvelade, située dans la vallée du Laà en Béarn, se trouve aujourd’hui dans la commune de Sauvelade, dans les Pyrénées-Atlantiques. Le nom français Sauvelade vient du gascon Seuvalada, formé de seuva « forêt » et lada « étendue », correspondant au latin silva lata ; la vallée du Laà est appelée lo Larvath en gascon, transcrit en français Larbaigt. Une légende populaire prétend que l’abbaye fut fondée par un seigneur sauvé d’une noyade, explication folklorique jugée linguistiquement impossible. Selon des actes, Gaston IV dit le Croisé fit donation d’une forêt du Silva Lata pour y établir un monastère, les documents situant cette fondation vers 1127–1128 et notamment un acte de donation daté du 8 avril 1127. Les premiers religieux furent des Bénédictins ; à la fin du XIIIe siècle l’abbaye de Gimont envoya une colonie qui devint sa première fille et, après une période probatoire, les moines s’attachèrent à l’ordre de Cîteaux lors de la cérémonie d’affiliation du 11 janvier 1286. L’ordre cistercien explique le style dépouillé de l’édifice qui respecte la règle de saint Benoît. Sauvelade souffrit des guerres de Religion : en 1569 les troupes de Montgomery pillèrent et rasèrent le monastère ; seuls subsistèrent les murs de l’église, la voûte de la coupole d’un croisillon et les deux absidioles. Les protestants conservèrent et restaurèrent l’église, qui servit de temple pendant près de quarante ans ; la mainlevée des biens de l’abbaye fut prononcée en 1601 et les Cisterciens revinrent en 1630 sous la direction de Jean de Noguies. Après des réparations urgentes, de nouveaux bâtiments abbatiaux furent édifiés à l’ouest de la nef ; les bâtiments furent vendus en 1793 et la partie des dépendances devint propriété privée tandis que l’église passa sous la tutelle de l’État puis, au XIXe siècle, fut successivement cure du doyenné de Lagor puis église paroissiale. L’église a été inscrite aux monuments historiques le 5 juin 1973 et les bâtiments environnants sont aujourd’hui municipaux, utilisés pour des animations culturelles et comme gîte pour les pèlerins de Compostelle. La datation précise de la construction de l’église n’est pas connue : elle n’a probablement pas été édifiée dès la fondation et elle était néanmoins présente en 1287. Son plan, unique en Béarn, est en croix grecque de type centré : une nef unique courte, d’une longueur égale au transept, se termine par une abside centrale flanquée de deux absidioles en hémicycle qui s’ouvrent sur le transept. La nef et les croisillons sont voûtés en berceau ; la retombée des voûtes s’effectue sur une corniche qui sert d’imposte aux pilastres, à double rouleau vers la coupole et à simple ressaut vers les bras de la croix ; abside et absidioles sont couvertes en cul-de-four. La croisée du transept est surmontée d’une coupole sur pendentifs, non soulignée par une moulure, caractéristique rare dans la région. La porte occidentale du transept a été repercée à la fin du XIXe siècle. Le clocher circulaire, élevé sur la croisée, fut rehaussé d’environ deux mètres à la fin du XIXe siècle et sa couverture en dôme remplacée par une flèche percée de quatre lucarnes ; le toit de la nef a été rehaussé la même époque pour être au niveau des bâtiments occidentaux. Le toit actuel en ardoise qui domine le clocher date du XIXe siècle, alors que l’édifice primitif était couvert en bardeaux ; on distingue encore, à la base du clocher, les quatre coins de l’ancien toit. Près de la porte ouvrant sur le transept, le pied de bénitier en marbre vert de Campan provient probablement d’un fût de colonne d’une villa aquitano-romaine, à l’instar de celui de l’église de Bielle en vallée d’Ossau. La Gallia Christiana fournit la succession des abbés de Sauvelade pour la période médiévale et moderne, couvrant la période 1129–1790.