Abbaye des Fontenelles à La Roche-sur-Yon en Vendée

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye Eglise gothique

Abbaye des Fontenelles

  • Centre ville
  • 85000 La Roche-sur-Yon
Abbaye des Fontenelles
Abbaye des Fontenelles
Abbaye des Fontenelles
Abbaye des Fontenelles
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Abbaye des Fontenelles
Abbaye des Fontenelles
Abbaye des Fontenelles
Crédit photo : Selbymay - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIIIe siècle, XVe siècle

Patrimoine classé

L'église et les restes des bâtiments conventuels situés en prolongement du croisillon sud de l'église ainsi qu'une bande de terrain de 5 mètres de largeur tout autour de l'église et desdits bâtiments : classement par arrêté du 13 février 1948

Origine et histoire de l'Abbaye des Fontenelles

L'abbaye Notre-Dame des Fontenelles est une ancienne abbaye augustinienne d'hommes située en Vendée, sur le territoire de la commune de Saint-André-d'Ornay, absorbée par La Roche-sur-Yon en 1964 ; elle constitue un monument du gothique angevin. Fondée en 1210 par Guillaume de Mauléon et sa femme Béatrice de Machecoul, elle fut érigée par des chanoines réguliers de saint Augustin dépendant de l'abbaye de Chancelade, selon le testament de Béatrice daté de 1235. Installée dans la forêt de La Roche-sur-Yon, à une lieue à l'ouest du château, l'abbaye fut dédiée à la Vierge et reçut le nom de Notre-Dame des Fontenelles en raison d'une petite source d'eau ferrugineuse présente sur le site. Les fondateurs donnèrent aux religieux divers droits — dont le droit de minage sur la seigneurie, des terres et une partie de la forêt, les redevances et marchés de La Roche-sur-Yon et les droits sur la boucherie du Poiré-sur-Vie — à la condition qu'une lampe reste allumée en permanence dans l'église et que deux cierges soient présents à chaque messe. Le maître-autel de l'abbatiale fut consacré le 11 mars 1248 par l'évêque de Poitiers Jean de Melun.

Les premiers bâtiments avaient été commencés par des moines bénédictins, mais des lettres de Béatrice de Machecoul datées de 1225 témoignent d'un litige avec l'abbé de Marmoutier ; l'abbaye se détacha alors rapidement de l'ordre de Saint-Benoît et adopta la règle de saint Augustin, devenant abbaye fille de Chancelade. L'abbé Emenius (ou Emes), en poste de 1217 à 1231, fut également abbé de Chancelade de 1224 à 1227. Après la mort du dernier abbé régulier en 1487, l'abbaye passa sous le régime de la commende ; en 1632 sa gestion fut partagée entre abbés commendataires et chanceladins, puis, en 1669, les chanoines réguliers de la Congrégation de France furent introduits.

Les droits et privilèges concédés par les fondateurs furent confirmés par les seigneurs successifs de La Roche-sur-Yon, notamment par Charles de Valois en 1317, par le futur roi Jean II en 1349, par Olivier V de Clisson en 1384, par Marguerite de Clisson en 1410 et enfin par le roi René le 7 juin 1448, qui demanda en échange des prières et offrandes annuelles des moines. Pendant la guerre de Cent Ans, les Anglais ruinèrent une partie de la nef peu après sa consécration. Le déclin se manifesta en 1533, date à laquelle l'abbaye ne comptait que neuf moines. En 1562, lors de la première guerre de Religion, les protestants occupèrent et incendièrent le monastère, détruisant en grande partie la nef, amputée de deux travées et désormais organisée en plan en croix grecque, et tuant des moines.

Après ces événements, le prieur Jean Rousseau tenta une réforme, puis l'abbé Jean Pidoux fit rebâtir un dortoir en 1622, mais l'abbaye fut de nouveau incendiée par des protestants qui durent toutefois réparer leurs déprédations en 1626. À partir de 1669, des travaux de restauration et de réhabilitation furent engagés par la congrégation de France et se poursuivirent pendant un siècle. Le docteur Jean-Gabriel Gallot proposa le 16 janvier 1777 une exploitation médicale des sources des Fontenelles et de la Brossardière ; cette idée fut relancée pendant la Révolution sans aboutir.

À la Révolution l'abbaye ne comptait plus que trois moines ; elle fut saisie et vendue comme bien national en 1791, puis laissée à l'abandon après le passage des colonnes infernales en 1794. Transformée en domaine agricole, l'abbatiale servit de grange et le logis des abbés fut occupé par des familles de fermiers. En 1935, le transept sud de l'église s'effondra en raison de l'état désastreux du bâtiment, tandis que l'étage du dortoir, situé au-dessus de la salle capitulaire, disparut entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. L'abbaye demeure aujourd'hui une propriété privée.

Les bâtiments sont en granit. L'église abbatiale présente une nef mutilée réduite à une seule travée, voûtée d'ogives bombées à huit nervures ; les transepts et l'abside sont couverts de coupoles ogivales caractéristiques du gothique angevin, tandis que la voûte centrale, emplacement de l'ancien clocher, est composée de voutains et d'une calotte. Les travées sont séparées par des arcs à double rouleau et le chevet, plat, est percé d'un triplet. Le gisant attribué à Béatrice de Machecoul ou à sa fille Jeanne de Thouars est sculpté en calcaire et placé sous un enfeu, entouré de petits anges, de moines et de figures démoniaques ; selon les moines de la Congrégation de Saint-Maur, Guillaume de Mauléon, Béatrice de Machecoul et Jeanne de Thouars furent inhumés dans l'église abbatiale.

Le cloître, l'hôtellerie, le chauffoir et le dortoir ont disparu après 1842, d'après le cadastre napoléonien ; un plan de 1872 signale l'amorce de destruction des bâtiments occidentaux. Les constructions subsistantes prolongent le bras sud du transept ; la salle capitulaire, à quatre travées reposant sur une pile centrale, présente des voûtes surbaissées à huit nervures toriques, indice d'une réfection sans doute contemporaine de la reconstruction du dortoir au XVIIe siècle. En limite de la salle capitulaire et du chauffoir subsiste une voûte en berceau correspondant au passage aux champs. L'ensemble de l'abbaye a été classé monument historique en 1948.

Liens externes