Origine et histoire de l'Abbaye des Prémontrés
L’ancienne abbaye Notre‑Dame de Licques, située dans le Pas‑de‑Calais, comprend une église datée de la première moitié du XVIIIe siècle et un bâtiment d’entrée datant du troisième quart du même siècle. La collégiale de la Vierge Marie a été fondée en 1131 à Licques par Robert dit « le barbu » à son retour de la Première croisade, et elle devient en 1132 une abbaye de l’ordre des Prémontrés. Lambert d’Ardres évoque la figure de Robert le barbu dans ses écrits. Selon le Légendaire de la Morinie, la fondation procède d’une volonté familiale : Robert avait établi cinq prébendes à Licques, son fils Bauduin lui succéda comme prévôt, et quatre fils entrèrent dans les ordres; consulté, l’évêque de Thérouanne Milon Ier convainquit la famille de transformer l’établissement en communauté régie par un abbé. Un synode tenu en 1132 choisit l’ordre de Prémontré ; Bauduin fit édifier les bâtiments claustraux et Milon désigna Henri, religieux de l’abbaye Saint‑Martin de Loudun, comme premier abbé. D’après les auteurs du Gallia Christiana, Milon établit en 1132 des chanoines réguliers de la congrégation d’Arrouaise à Saint‑Wulmer de Boulogne, tandis que Dom Gosse situe cette intervention un an plus tôt. En 1170, l’évêque Didier confirme officiellement la fondation de l’abbaye. L’établissement passa sous la protection de Robert Ier d’Artois au XIIIe siècle et, en 1313, le Parlement de Paris le rattacha à la châtellenie de Tournehem. Durant la période où les Anglais tenaient Calais (1347‑1558), des attaques et des pillages furent fréquents, et l’abbaye de Licques fut ravagée vers 1542‑1546. L’église actuelle est l’ancienne chapelle de l’abbaye ; elle est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 21 septembre 1983, tandis que les façades et toitures du bâtiment d’entrée et le sol correspondant aux bâtiments conventuels sont inscrits depuis ce même jour. Plusieurs œuvres picturales représentant Notre‑Dame y sont conservées, notamment un triptyque comprenant la Descente de la croix, la Vierge et saint Jean, ainsi qu’une toile attribuée à Bartolomé Esteban Murillo intitulée L’Assomption de Notre‑Dame. Sur le plan foncier, Arnould, seigneur de Serques, entra en religion à Licques et donna à l’abbaye la moitié du village de Serques, donation attestée par des lettres de 1170. En 1178, les chanoines de Thérouanne et ceux de Licques conclurent un accord concernant une terre à Landringetun (Landrethun‑les‑Ardres) et procédèrent à des échanges de dîmes. En 1218, le chevalier Manassès de Guînes fit donation à l’abbaye d’une forêt qu’il possédait. Parmi les personnalités liées à la maison, on compte Henri, abbé en 1143‑1144, Robert, abbé en 1177, Godescalc, doyen des chanoines en 1178, et François d’Avroult, nommé administrateur avec rang et prérogatives d’abbé par Charles Quint avant d’exercer des fonctions similaires dans d’autres établissements. Les principales sources citées pour l’histoire de l’abbaye comprennent plusieurs volumes d’Alphonse Wauters et l’Histoire généalogique d’André Du Chesne, et une notice est disponible auprès du diocèse d’Arras.