Origine et histoire de l'Abbaye des Ternes
L'ancienne abbaye des Ternes est un ancien monastère de moines célestins situé à Pionnat, dans la Creuse. Le fief des Ternes fut acquis vers 1250 par Godefroy le Fort ; son fils Roger hérita en 1308 et fonda en 1338, dans le château familial, le monastère pour la congrégation des Célestins. Roger Le Fort, qui avait rencontré l'ermite Pierre de Morrone (le futur pape Célestin V) et en gardait une profonde vénération, fit élever à ses frais les bâtiments cloîtrés pour accueillir douze moines et un prieur. Il dota l'abbaye d'un revenu annuel, constitua une bibliothèque et pourvut l'église d'ornements sacrés et de reliques ; il est également à l'origine d'un hôpital et du pont dit « Pont-à-l'Évêque » sur la Creuse. Sacré évêque d'Orléans le 13 juin 1321 par le pape Jean XXII, il devint ensuite évêque de Limoges puis de Bourges ; il mourut le 5 août 1367 et fut plus tard béatifié. En 1367 l'église et les bâtiments conventuels étaient édifiés et la vie religieuse installée. L'abbaye a abrité une communauté jusqu'en 1777, date à laquelle les six religieux encore présents durent quitter les lieux sous l'effet de la commission des réguliers. Parmi les personnes inhumées au monastère figurent Bernard de Pardiac (dit Bernard VIII d'Armagnac) et, au XVIIe siècle, Guillaume Reydier, archiprêtre de Saint-Sulpice-le-Guérétois. Le prieuré, dont la fête patronale était l'Assomption, avait des prieurs nommés tous les trois ans par le chapitre général des Célestins ; plusieurs d'entre eux sont connus par les obituaires et les archives. Le 14 octobre 1454, l'évêque de Limoges Pierre de Montbrun consacra près du portail un autel dédié à saint Jean‑Baptiste, saint Laurent et sainte Madeleine. Aujourd'hui l'abbaye appartient à des propriétaires privés ; l'église abbatiale a disparu et une maison bourgeoise y a été construite au XIXe siècle, mais subsistent des bâtiments conventuels. Ces vestiges se composent principalement de deux ailes en L, d'un portail d'entrée flanqué de deux tourelles et de l'ancienne boulangerie de plan carré située au nord ; au début du XXe siècle on signalait encore la présence de la fontaine du monastère. Les moines célestins portaient une tunique blanche, un scapulaire noir et un capuchon à collerette ; les profès revêtaient une coule noire, et l'ordre fut parfois surnommé « les barrés » en raison du trait noir du scapulaire sur la robe blanche.