Abbaye du Bouchet dans la Drôme

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye

Abbaye du Bouchet

  • Place de l'Abbaye
  • 26790 Bouchet
Abbaye du Bouchet
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Abbaye du Bouchet
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Abbaye du Bouchet
Abbaye du Bouchet
Crédit photo : Véronique PAGNIER - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIIIe siècle

Patrimoine classé

Salle basse et dortoir au premier étage : inscription par arrêté du 4 octobre 1932

Origine et histoire de l'Abbaye

L'abbaye de Bouchet, autrefois Notre-Dame-du-Bosquet, est une abbaye cistercienne de moniales située dans la commune de Bouchet, dans la Drôme (Auvergne-Rhône-Alpes). La première supérieure connue, la prieure Willelma, est citée en 1184 aux côtés de Tiburge II d'Orange lors d'une donation de Raymond, duc de Narbonne, et la fondation peut être attribuée à Tiburge II entre 1181 et 1184. Dès le XIIIe siècle l'abbaye bénéficie du patronage des seigneurs locaux, notamment des princes d'Orange, ce qui lui procure richesse et domaines fonciers s'étendant jusqu'à l'actuelle ville de Mornas. Au cours de la deuxième moitié du XIVe siècle, la guerre de Cent Ans et la grande peste affaiblissent l'institution au point que les moniales doivent quitter le monastère. En 1413 le chapitre général de l'ordre cistercien décide d'incorporer Notre-Dame-du-Bosquet à l'abbaye d'Aiguebelle. En 1443 Aiguebelle baille en emphytéose perpétuelle à trois Auvergnats les maisons et bâtiments de Bouchet, à l'exception de l'église et du dortoir. En 1476 Julien de la Rovère supprime la vie monastique au prieuré de Bouchet et le transforme en prieuré séculier dépendant du Saint-Siège pour y fonder un établissement universitaire destiné à l'Université d'Avignon, le Collège de Saint-Pierre-aux-Liens, plus tard appelé Collège du Roure. L'abbaye abritait le tombeau de Bertrand de Garrigue, frère prêcheur compagnon de saint Dominique, qui décède à Bouchet en avril 1230 et y est inhumé par les moniales; ses reliques sont placées dans l'église abbatiale en 1253. Après la suppression de 1413, les Dominicains d'Orange exhumèrent et transportèrent le corps de Bertrand en 1414, où il resta jusqu'à l'incendie de leur église le 20 décembre 1561. En 1562, au cours des guerres de religion, le baron des Adrets attaque Bouchet et détruit une partie de l'église. Au XVIIe siècle une ordonnance épiscopale charge la commune de réparer l'édifice; par économie le conseil municipal élève une nouvelle façade à 8,60 mètres en avant de la première et aménage un corridor extérieur suspendu sur deux arcades pour relier le dortoir à la nouvelle tribune. Après l'annexion du Comtat Venaissin et la Révolution, l'église reste affectée au culte catholique tandis que le bâtiment monastique ancien est transformé. En 1835 la famille Fabre, industriels lyonnais, achète l'ancien convent et le transforme en usine textile, qui passe ensuite aux Établissements Mayor de Lyon et ferme le 1er décembre 1972. Les vignerons du Cellier des Dauphins acquièrent alors deux salles : le rez-de-chaussée devient chai de vieillissement pour Côtes-du-Rhône et Coteaux-du-Tricastin, et l'étage est aménagé en grande salle de réception. L'ancienne abbaye se situe au cœur du village de Bouchet, autour duquel celui-ci s'est développé, et conserve presque intactes son église abbatiale et un important bâtiment monastique; la place de l'abbaye forme un carré d'environ 25 mètres de côté occupé aujourd'hui par un parc de stationnement bétonné. L'église abbatiale, sur le côté nord de la place, est orientée est-ouest avec un léger désaxement vers le nord-est; de dimensions modestes (environ 13 m de long), elle présente un plan en croix latine, une nef à vaisseau unique voûtée en berceau longitudinal et un transept débordant voûté en berceaux transversaux un peu plus bas. Les bras du transept comportent chacun une petite absidiole inscrite dans un mur plat extérieur et l'hémicycle nord est muré par la sacristie appuyée contre le chevet et le bras nord; une pierre tombale signale l'emplacement du tombeau de Bertrand de Garrigue dans le bras nord du transept. Le bâtiment monastique des converses, situé au nord-ouest du village et légèrement décalé au sud par rapport à l'église, est conservé presque intact dans ses dimensions (environ 46 m × 11 m) et dans son élévation d'origine, avec deux niveaux voûtés d'origine. Le rez-de-chaussée, ancien cellier, est voûté en berceau brisé et renforcé par des doubleaux qui délimitent quatre travées; à l'étage, l'ancien dortoir présente une voûte en berceau brisé avec doubleaux délimitant cinq travées et conserve vingt cellules voûtées creusées dans les murs de sa grande salle orientale. Des salles nouvelles ont été aménagées aux extrémités occidentales : une cave au rez-de-chaussée et, à l'étage, un bureau, des vestiaires, des toilettes et une cuisine; la partie occidentale transformée comporte quatre niveaux desservis par un escalier en vis logé dans une tour dont le dernier étage domine le village. Une petite cour se situe à l'ouest de l'église, entre sa façade et le bâtiment monastique, fermée par un mur qui s'appuie au sud contre le bâtiment monastique et au nord contre des maisons contemporaines. Les deux édifices ne sont pas reliés directement aujourd'hui, mais les traces d'un ancien passage à l'étage subsistent sous la forme du départ d'une arcade; le corridor suspendu qui les reliait a disparu. La vie de l'abbaye impliquait des groupes divers : les moniales, assistées par des sœurs converses et des frères convers, encadrées par un prévôt pour l'administration, aidées par des laïcs et desservies par un prêtre chargé de la cura monialium. À partir de 1224 au moins, la prieure est remplacée par une abbesse qui exerce des prérogatives étendues sur le domaine abbatial et gère activement l'exploitation en achetant et en vendant terres, bois, granges, églises, châteaux et dépendances. Les effectifs connus de la communauté sont de 17 moniales en 1239, 28 en 1249, 21 en 1348 et seulement 3 en 1413, témoignant d'un développement modeste jusqu'au XIIIe siècle puis d'une forte régression au XIVe siècle entraînant la suppression. Le recrutement des moniales se faisait surtout dans les familles seigneuriales locales, et en 1239 toutes les moniales appartiennent aux lignages de la région. Les converses dépendaient de la juridiction de l'abbaye-mère d'Aiguebelle qui, selon les usages cisterciens, devait aussi assurer le service liturgique en envoyant un moine; des moines et un aumônier sont mentionnés au XIIIe siècle, tandis qu'au début du XVe siècle la gestion est confiée à un procureur et les frères converses sont essentiellement attestés au XIIIe siècle.

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