Origine et histoire de l'Abbaye du Grandvaux
L'abbaye Notre-Dame du Grandvaux, située sur la rive du lac de l'Abbaye près de Saint-Laurent-en-Grandvaux dans le massif du Jura, conserve aujourd'hui principalement l'église ainsi que quelques constructions postérieures, comme un bâtiment de ferme et un presbytère. Une première fondation est attribuée aux moines de Saint-Oyend menés par Aubert, qui établirent au VIe siècle, vers 523, un prieuré sur une petite presqu'île dédié à Notre-Dame ; cette implantation, mal documentée, déclina vraisemblablement aux Xe ou XIe siècles. Au XIIe siècle la maison fut réactivée : en 1170 Thibert de Montmorot fit appel aux chanoines augustins de l'abbaye d'Abondance et la reconstruction achevée en 1172 comprenait une église, un cloître carré entouré d'une muraille et d'un fossé équipé d'un pont-levis. La communauté reçut alors le statut d'abbaye en 1172 et des dotations importantes en forêts, pâturages et vignes, tout en restant sous l'influence de l'abbaye d'Abondance. Des conflits de voisinage opposèrent vite le Grandvaux aux chartreux de Bonlieu, aux seigneurs locaux et surtout à l'abbaye de Saint-Oyand, qui revendiqua des droits d'antériorité et d'importantes redevances. Pour protéger la fondation, le pape Honorius III la plaça en 1226 sous la protection directe du Saint-Siège, mais la situation resta fragile et imbriquée dans les possessions voisines. Un échange de territoires avec l'abbaye d'Abondance fut établi en novembre 1244, confirmé ensuite par des actes pontificaux, et aboutit progressivement à l'union du Grandvaux à l'abbaye de Saint-Oyand (Saint-Claude). La prise de possession définitive eut lieu à la fin du XIVe siècle et réduisit l'ancien monastère au statut de prieuré de petite taille, avec deux moines, un prieur et un sacristain. Cette dépendance perdura au-delà de la sécularisation de Saint-Claude en 1742 et jusqu'à la Révolution, qui mit fin à l'abbaye en vendant ses biens comme biens nationaux. L'occupation monastique cessa et l'église se transforma en église paroissiale, centre d'une vaste paroisse couvrant le Grandvaux ; elle fut remaniée au milieu du XVIIe siècle après un incendie et achevée au XVIIIe siècle. L'édifice conservé est de plan allongé sans transept ; son état actuel garde des éléments de différentes époques : des parties datent du troisième quart du XVe siècle, le chœur a été refait au XVIIe siècle et se termine par une abside à trois pans. La façade sur le lac conserve le portail central et la baie du XVe siècle ; la nef présente des clés de voûte, un portail à moulurations gothiques et une baie flamboyante. La tour du clocher a été reconstruite et ses baies élargies en 1729 ; plusieurs campagnes de restauration ont ensuite eu lieu aux XVIIIe et XIXe siècles, puis une réfection complète a été entreprise en 1974. Du monastère médiéval ne subsistent guère que l'église, un ancien bâtiment de ferme et un presbytère, les autres constructions ayant été transformées ou remplacées par des édifices des abbés de Saint-Claude. Le souvenir de l'abbaye demeure dans la toponymie locale, notamment le nom du lac de l'Abbaye.