Origine et histoire de l'Abbaye du Lys
L'ancienne abbaye royale Notre‑Dame du Lys, située à Dammarie‑les‑Lys en Seine‑et‑Marne, est une abbaye cistercienne de moniales aujourd'hui en ruine. Fondée par Blanche de Castille et saint Louis en 1244, elle se trouve en bordure du centre‑ville, à quatre kilomètres en aval de Melun. Livrée aux pillages, transformée en enclos à bœufs pendant la Révolution puis vendue comme ruine romantique à un Suisse en 1796, elle a été classée monument historique le 30 décembre 1930. Sa fondation s'inscrit dans l'époque d'épanouissement de l'ordre de Cîteaux, période qui voit l'essor de nombreux monastères masculins et féminins du XIIe au milieu du XIIIe siècle. Dans les années qui précèdent la création du Lys, plusieurs couvents cisterciens et églises sont créés ou consacrés sous l'impulsion royale et princière. La paternité exacte de la fondation présente des nuances : dans une charte de juin 1248 Louis IX affirme avoir fondé et financé l'abbaye, tandis qu'un acte de juillet 1248 mentionne Blanche de Castille comme fondatrice. Les actes des successeurs royaux oscillent entre l'attribution à Louis IX et la référence à Blanche, et Joinville indique que Louis donna à sa mère la possibilité de fonder le Lys, ce qui suggère une double contribution — Blanche à l'initiative et Louis au financement. Une explication administrative retient que Blanche, agissant au nom du roi pendant ses régences, peut ne pas apparaître systématiquement dans les documents. La première abbesse, Alix de Vienne, joue un rôle central dans la fondation et avait déjà fondé le prieuré Saint‑Éloi dans la même région. La création d'une abbaye ex nihilo exige des capitaux considérables pour acquérir terres, bâtir les bâtiments réguliers et assurer des rentes suffisantes pour la communauté ; Blanche de Castille venait de fonder Maubuisson et Louis IX prit en charge les charges financières tout en laissant à sa mère l'initiative. La charte de fondation date de juin 1248, mais des actes de mars et juin 1244 montrent que le lieu avait été choisi et que les premières acquisitions foncières eurent lieu en 1244, si bien que 1244 marque le début des travaux et 1248 l'établissement certain des religieuses. Les ruines conservent des éléments de l'abbatiale, notamment le chevet, le transept nord, le chœur et des nefs partiellement détruites. L'abbaye fut un lieu de pèlerinage royal fréquenté jusqu'à Louis XVI et Marie‑Antoinette, qui furent le dernier couple royal à s'y rendre. Parmi les personnalités liées au Lys figurent Blanche de Castille, Louis IX et Marie Mancini, nièce du cardinal Mazarin, qui y fut enfermée. La succession des abbesses compte de nombreuses figures : Alix de Vienne (morte le 23 août 1258) et sa nièce Mahauld ou Mathilde (morte en 1268), Isabelle de Brabant (morte le 5 février 1275), Jeanne d'Évreux (morte en avril 1386), Claire‑Cécile Colbert (1640‑1720) et, parmi les dernières supérieures mentionnées, Thérèse Boullet. Blanche de Castille, retirée à Melun en fin de vie, fut enterrée à Maubuisson et son cœur fut transporté plus tard en l'abbaye du Lys. Le monastère connut un lent déclin aggravé par la pratique commendataire et la Révolution porta le coup de grâce. Après l'abolition des vœux en 1790, des conflits internes conduisirent au départ de l'ancienne abbesse Élisabeth de Foissy en mars 1791 et, malgré une nouvelle supérieure, la communauté se dispersa rapidement ; l'abbaye fut transformée en dépôt de bœufs, pillée, ses tombes brisées et le plomb des toitures enlevé. La déclaration de bien national intervint en 1792, le mobilier fut vendu en 1793 et la démolition fut poursuivie malgré des demandes de sursis; en 1796 l'ensemble fut cédé au citoyen suisse Samuel Legoux. La propriété passa ensuite entre différentes mains privées, puis fut cédée en 1947 à la commune de Dammarie‑les‑Lys. Au XXIe siècle, les ruines classées sont mises en valeur au sein d'un grand parc par la ville, qui utilise également la silhouette du monument sur son logotype. En 2018, des séquences de l'émission Secrets d'Histoire consacrée à Blanche de Castille ont été tournées sur le site. À proximité, l'ancienne maison abbatiale accueille aujourd'hui le Centre des musiques Didier Lockwood.