Origine et histoire de l'Abbaye du Val des Choues
L'Abbaye du Val des Choux est un ancien monastère situé au cœur de la forêt châtillonnaise, sur la commune de Villiers-le-Duc en Bourgogne (Côte-d'Or). Fondée à la fin du XIIe siècle, elle adopte une règle originale combinant la règle de Saint-Benoît, les principales observances de Cîteaux et certaines prescriptions des Chartreux, connue sous le nom d'Ordo Valliscaulium. La graphie ancienne "vallis caulium", relevée dans les archives de la fondation, renverrait aux cultures potagères. Les premiers bâtiments monastiques sont achevés en 1193 et la charte de fondation établie par le duc de Bourgogne Eudes III est confirmée par une bulle du pape Innocent III en 1203. L'édification des bâtiments se poursuit jusqu'au XIVe siècle; l'église date du XIIIe siècle mais a depuis été détruite. Après un développement important entre 1210 et 1250, l'abbaye décline et, en 1761, elle est rattachée à l'abbaye de Saint-Lieu de Sept-Fons sous le nom de Val Saint-Lieu. Fermée lors de la Révolution, elle est vendue comme bien national en 1799 et ses édifices médiévaux servent de carrière au XIXe siècle. Au XIXe siècle l'ensemble est presque abandonné et la maison du prieur est démontée pierre à pierre puis remontée vers 1820 à Rochefort-sur-Brévon, sur l'emplacement d'un ancien château dont subsistent quelques vestiges, notamment un colombier. Seuls subsistent aujourd'hui des bâtiments des XVIIe et XVIIIe siècles réunis autour de la cour dite de la Famille. L'abbaye, isolée au fond d'une vallée encaissée au sud-est de Villiers-le-Duc, est accessible par la route forestière de Vanvey à Essarois. La première cour, qui s'ouvre sur la porterie, conserve des bâtiments visitables : la chapelle des voyageurs, l'hostellerie, des ateliers, des granges et des écuries. Une salle dite "de l'écho", remarquable pour ses propriétés acoustiques, permettait de communiquer à voix basse et servait à la confession des pèlerins lépreux et des malades contagieux. L'église abbatiale, dédiée à Notre-Dame et à saint Jean-Baptiste, se trouvait dans la deuxième cour; elle a disparu, tandis que l'hôtel de l'abbé commendataire est préservé. Une partie de la statuaire de l'abbaye se trouve aujourd'hui dans l'église Saint-Jean-Baptiste de Villiers-le-Duc. Le cloître et les dépendances, qui occupaient la troisième cour, ont été détruits. Les jardins, restaurés en 1990, sont disposés à l'arrière et aboutissent à un imposant bassin qui servait de vivier. L'ancienne abbaye accueille désormais un gîte pour chasseurs, le "Musée Opéra de la vénerie" et une meute permanente de 150 chiens courants au sanglier de race grand anglo-français tricolore. Selon la tradition locale, un convers chartreux nommé Viard se serait retiré en forêt et sa grotte-ermitage est encore visible sur le coteau du jardin. Le Voyage littéraire de deux bénédictins de la congrégation de Saint-Maur (1717) désigne Gui (ou Wiart) puis Humbert comme premiers prieurs, information confirmée par leurs tombeaux dans l'église, et en 1508 Vincent de Merlet apparaît comme premier prieur commendataire. À partir du Val des Choux ont été fondées quelque vingt et une abbayes filles, principalement en Bourgogne mais aussi à l'étranger; parmi elles figurent Sainte-Barbe (Lavau), Notre-Dame de l'Épeau (Donzy), la Genevroye (Soncourt-sur-Marne), Vauclair (Giey-sur-Aujon) et Clairlieu (Pâlis). En 1230, trois maisons sont établies en Écosse : St-Jean-Baptiste d'Ardschatten, Beaulieu (Beauly) et Pluscardine, cette dernière étant encore aujourd'hui occupée par une communauté de religieuses bénédictines.
