Origine et histoire
L'abbaye de la Sauve-Bénite est un ancien monastère de moniales cisterciennes situé à La Séauve-sur-Semène, en Haute-Loire. Sa fondation remonterait à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle, période d'expansion de l'ordre de Cîteaux. La filiation est rattachée à Mazan, mais l'identité du donateur reste incertaine : comtes de Forez ou seigneurs de Saint-Didier sont avancés, Philippe Peyron privilégiant Jaucerand I de Saint-Didier. Une religieuse nommée Marguerite, réputée pour ses visions et béatifiée, fut vénérée dès 1273 ; son identité exacte (Marguerite d'Angleterre ou Marguerite Langlois) fait l'objet de débats. Le prieuré fut érigé en abbaye indépendante en 1255 ou 1256. Un village se développa dès le bas Moyen Âge sur la rive de la Semène proche de l'abbaye. L'établissement fut fortifié et put résister à des attaques pendant les guerres de Religion : un siège en juillet 1594 est documenté. Un incendie au début du XVIIe siècle, daté par les sources en 1600 ou 1602, détruisit l'essentiel des bâtiments ; une reconstruction intervient à la fin du XVIIIe siècle. En 1764 ou 1767, la fermeture de l'abbaye de Clavas entraîna l'arrivée de ses six moniales et la nomination de Marguerite-Laure de Fumel comme abbesse des deux communautés réunies. À la Révolution, le monastère fut vendu comme bien national au conventionnel Joseph-Balthazar Bonnet de Treyches, qui fit raser l'église abbatiale. Au début du XIXe siècle, une chapelle domestique ou oratoire fut aménagée sur une partie de l'ancien édifice ecclésial (1821 ou 1822 selon les sources). Les bâtiments conventuels furent transformés en ateliers textiles au XIXe siècle ; l'installation d'entreprises de confection et de tissage entraîna la destruction des décors intérieurs et de nombreuses cloisons. L'entreprise Cathaud racheta l'ensemble en 1894 et y développa une activité textile parfois critiquée pour ses pratiques sociales, notamment concernant le travail des enfants. L'abbaye se compose de trois corps de bâtiments en U entourant une cour correspondant à l'ancien cloître, aujourd'hui couverte ; la quatrième aile, correspondant à la chapelle, a été démolie. Au rez-de-chaussée, une partie des dispositions initiales subsiste : l'église était orientée au nord du cloître et ce dernier comportait quatre galeries, dont trois sont conservées. Le premier étage était à l'origine entièrement compartimenté en cellules destinées aux religieuses ; l'aile ouest et l'aile nord conservent quelques chambres intactes. La commune acquit l'ensemble en 1971 ; l'abbaye a été inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques le 15 septembre 1993 et restaurée par la suite. Après restauration, le site a été reconverti en 47 logements en 2001, et la communauté de communes Loire et Semène y a installé son siège. La Gallia Christiana mentionne trente abbesses : la première prieure nommée est Agathe en 1228, Aygline devient abbesse lors de l'érection en 1255, et deux abbesses nommées Marguerite sont documentées en 1594 et à la fin de l'Ancien Régime.