Abbaye Notre-Dame d'Argenteuil dans le Val-d'oise

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye

Abbaye Notre-Dame d'Argenteuil

  • 17 Rue Notre-Dame
  • 95100 Argenteuil
Abbaye Notre-Dame dArgenteuil
Abbaye Notre-Dame dArgenteuil
Abbaye Notre-Dame dArgenteuil
Abbaye Notre-Dame dArgenteuil
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Abbaye Notre-Dame dArgenteuil
Abbaye Notre-Dame dArgenteuil
Crédit photo : FrédéricLN - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

XIe siècle, XIIe siècle

Patrimoine classé

Ensemble des vestiges archéologiques, ainsi que le sol de la parcelle (cad. BM 731) : inscription par arrêté du 14 novembre 1996

Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame

L'ancienne abbaye Notre-Dame d'Argenteuil, dite aussi Notre-Dame d'Humilité, est à l'origine un monastère de bénédictines dont l'existence est attestée dès 697. Selon la tradition, la Sainte Tunique y aurait été déposée par Charlemagne en 803. Au XIIe siècle l'abbaye est rattachée à Saint-Denis et devient un prieuré masculin après l'expulsion des religieuses, dont la dernière supérieure connue est Héloïse, qui se réfugie au Paraclet. La prospérité du monastère décline à partir du XVe siècle et les bâtiments, partiellement ruinés, sont vendus comme biens nationaux à la Révolution puis démolis jusqu'à la fin du XIXe siècle.

Située dans le centre d'Argenteuil, l'emprise de l'abbaye correspondait à un îlot aujourd'hui délimité par la rue Notre-Dame au nord, la rue du 8 mai 1945 à l'ouest, l'Hôtel-Dieu à l'est et un bras comblé de la Seine au sud devenu le boulevard Héloïse. Extra-muros jusqu'au XVIIe siècle, la chapelle Saint-Jean dépendait encore de l'abbaye et fut transformée en cellier avant d'échapper à la destruction grâce à son classement comme monument historique. À quelques centaines de mètres au nord-est, une cave dimière médiévale, transformée au XXe siècle en silo puis réhabilitée en studio musical, témoigne avec la chapelle Saint-Jean de l'urbanisme médiéval d'Argenteuil.

La tradition attribue la fondation du monastère à un seigneur de Neustrie nommé Ermenric et à sa femme Nummane, et la première mention connue remonte à un legs de Childebert IV en 697. Sous les Mérovingiens l'abbaye accueillait des filles de familles princières, et, au début du IXe siècle, Théodrade, fille de Charlemagne, en fut prieure; un document de 828 précise que l'abbaye devait revenir à Saint-Denis après sa mort, sauf renonciation. Après des ravages causés par les Vikings et un siècle d'abandon, les ruines furent relevées à la fin du Xe siècle par Adélaïde d'Aquitaine, épouse d'Hugues Capet, pour y réinstaller des religieuses.

Héloïse, qui fit ses études à Argenteuil et en devint prieure en 1129, entra en conflit avec l'abbé Suger, conflit qui aboutit à l'expulsion de la communauté féminine par décision d'un concile et à la transformation du monastère en prieuré dépendant de Saint-Denis, lequel y développa l'agriculture et le vignoble. Lors de travaux d'agrandissement les moines exhumèrent la Tunique, exposée en 1156 en présence de Louis VII, ce qui attira des pèlerinages jusqu'au XIVe siècle. Le XVe siècle, marqué par la guerre de Cent Ans, la peste et les Grandes compagnies, porte un coup sévère au site ; Argenteuil est notamment mis à sac en 1411, puis une nouvelle église paroissiale est bâtie en 1449.

À partir du XVIe siècle le prieuré passe sous le régime de la commende et subit de nouvelles violences en 1562 lorsque les Huguenots s'emparent de la ville et incendient l'abbatiale; la chapelle Saint-Jean semble alors être cédée à un vigneron. Le rattachement à la congrégation de Saint-Maur en 1646 relance la vénération de la Tunique, célébrée par six processions annuelles, mais la tempête de 1699 cause l'effondrement du clocher sur le chœur et les réparations restent limitées. L'abbé Claude Fleury obtient la commende en 1706 et le prieuré entame son déclin ; il ne compte plus que quatre moines en 1788.

Vendu comme bien national en 1790 et utilisé comme carrière de pierres, le site est entièrement transformé et disparaît en 1916 avec l'installation de l'entreprise Debet et Kornberger. La faillite de cette entreprise en 1984 permet à la municipalité d'acquérir le terrain ; des sondages et des fouilles, entreprises à partir de 1989, mettent au jour les vestiges de l'abbaye, une nécropole mérovingienne ainsi que des céramiques et des pavements. Le site est inscrit aux monuments historiques en 1996 et aménagé pour le public à partir de 2014, avec des espaces consacrés à la culture de la vigne et du figuier, en lien avec l'histoire agricole locale.

L'enceinte extérieure, renforcée d'échauguettes à l'ouest et au sud, comprenait un jardin du prieur au nord-est, l'ancien logis du prieur et sa vaste cour au sud ouvrant sur la Seine, ainsi qu'une clôture intérieure au nord-ouest. Selon le Monasticon Gallicanum, l'abbatiale de plan basilical présentait une nef à deux collatéraux, un transept et un chevet dont les fondations restent visibles, tandis qu'un bâtiment prolongeant le croisillon sud abritait le chapitre et le réfectoire en rez-de-chaussée et le dortoir à l'étage, fermant le cloître à l'est. Lors de la destruction de 1855 un fragment de chapiteau fut envoyé au musée de Cluny puis rendu en 1947, mais de nombreux éléments démontés ont disparu; la façade de la salle capitulaire, transférée aux jardins des thermes de Cluny, fut finalement condamnée au rebut en 1963.

La plupart des éléments de mobilier sauvés de la destruction, dont le tympan mutilé de l'abbatiale, ont rejoint les collections du musée de Cluny. Une Vierge à l'Enfant dite Notre-Dame d'Humilité, en bois et mesurant 122 cm, attribuée éventuellement à l'abbaye et datée de la limite XVIIe–XVIIIe siècle, est classée au titre des objets monuments historiques en avril 1965 et se trouve sur le pilier gauche de l'entrée du chœur de la basilique actuelle.

La première ostension de la Tunique est attestée par une charte de l'archevêque de Rouen et date de 1156 ; les pèlerinages royaux sont bien documentés à partir du XVe siècle. Après un répit lié à la Révolution, les ostensions reprennent au XIXe siècle, en principe tous les cinquante ans ; la dernière ostension régulière a eu lieu en 1984 et la suivante était prévue pour 2034, mais une ostension exceptionnelle a été organisée du 25 mars au 10 avril 2016, rassemblant plus de 200 000 pèlerins. Enfin, l'abbaye Notre-Dame n'est que l'un des établissements monastiques qui ont existé à Argenteuil, d'autres couvents, prieurés et commanderies ayant également marqué l'histoire religieuse et urbaine de la ville avant de disparaître lors des remaniements ultérieurs.

Liens externes