Abbaye Notre-Dame d'Oelenberg à Reiningue dans le Haut-Rhin

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye

Abbaye Notre-Dame d'Oelenberg

  • Rue d'Oelenberg
  • 68950 Reiningue
Abbaye Notre-Dame dOelenberg
Abbaye Notre-Dame dOelenberg
Abbaye Notre-Dame dOelenberg
Abbaye Notre-Dame dOelenberg
Abbaye Notre-Dame dOelenberg
Crédit photo : Frere Theophane - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

1ère moitié XIe siècle, XIIe siècle, XVe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

L'ensemble des bâtiments et constructions compris dans l'enclos abbatial et leurs parcelles, situés rue d'Oelenberg, sur les parcelles n° 23 et n° 24, figurant au cadastre section 69, le tout conformément au plan annexé à l'arrêté : inscription par arrêté du 22 juillet 2024

Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame d'Oelenberg

L'abbaye Notre‑Dame d'Oelenberg est un monastère cistercien trappiste situé à Reiningue, près de Mulhouse (Haut‑Rhin, Alsace). Occupée par une communauté monastique, elle comptait neuf moines en 2023 ; en juin 2024 la communauté a voté l'arrêt de la vie monastique à Oelenberg et sa dissolution, les frères poursuivant leur vie monastique dans d'autres communautés. L'ancienne église des Jésuites — sa nef, les deux niveaux du transept, le chœur, le caveau funéraire, l'ancienne cave, la chapelle des novices et l'ancien moulin — fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 16 juin 1992 ; l'arrêté d'inscription du 22 juillet 2024 abroge l'arrêté précédent.

Fondé au XIe siècle comme prieuré de chanoines réguliers de saint Augustin par Heilwige de Dabo, mère du pape Léon IX, le monastère fut doté d'une église consacrée par le pape Léon IX en 1049 et forma d'abord un établissement double. Les moniales quittèrent le site en 1273 pour Cernay ; le monastère connut une prospérité au XIIIe siècle suivie d'un déclin au XIVe siècle. Au XVe siècle il fit partie de la seigneurie autrichienne de Thann et fut rétabli par le prieur Frédéric Roth à la fin du siècle, avec l'adjonction d'un transept daté 1478‑1486 et marqué en 1486 par les armes du prieur sur une clé de voûte. Des clés de voûte portant les armes de Giel von Gielsberg et du cardinal André d'Autriche, priors à la fin du XVIe siècle, laissent supposer d'autres campagnes de travaux à cette époque.

À partir de 1531 le monastère fut placé en commende par les archiducs d'Autriche, puis en 1626 il fut confié au collège des Jésuites de Fribourg‑en‑Brisgau ; au XVIIIe siècle il devint le centre d'une importante activité pastorale et fit l'objet de travaux d'agrandissement et d'embellissement. Après la suppression de la Compagnie de Jésus en 1773, le domaine dépendit de l'université de Fribourg jusqu'à la Révolution française. En 1821 l'abbé Spannagel établit un pensionnat pour jeunes filles, avant de vendre le domaine en 1825 à Pierre Klausener, supérieur des trappistes de Darfeld, et en 1831 Oelenberg fut érigé en abbaye cistercienne de la Réforme de la Trappe.

L'église actuelle comporte des vestiges et des transformations successives : la chapelle Saint‑Léon fut surhaussée au XVIIIe siècle et la nef fut reconstruite en 1755 par l'architecte Hirschspiel (ou Hirschbuhl). En 1904 la nef fut transformée en salle capitulaire et le transept, en partie muré, servit de couloir. La chapelle du noviciat, isolée et datée du XIIe siècle, présente des parties basses romanes et des voûtes gothiques ; la chapelle médiévale, longtemps utilisée comme cave, fut démontée pierre par pierre et remontée en 1921 lors de la construction du noviciat.

Le moulin d'Oelenberg, à un étage et pourvu d'une roue sous appentis, fut construit à la manière d'une grosse maison allemande et dépendait du couvent. L'hôtellerie fut construite en 1871 ; une brasserie implantée dès 1852 creusa des caves dans la colline, reçut de nouveaux bâtiments en 1891 et sert actuellement de grenier à blé ; une ferme porte la date de 1880 sur la clé de sa porte. L'ancien bâtiment conventuel qui avait abrité le couvent de femmes fut démoli en 1897.

L'église Notre‑Dame, construite en 1902 par l'architecte Louvât, fut fortement endommagée pendant la Première Guerre mondiale, notamment lors d'un violent bombardement le 26 juin 1915 ; sa reconstruction fut entreprise entre 1920 et 1925 par l'architecte Paul Kirchacker, qui y adjoignit une sacristie. L'abbaye subit une destruction partielle en 1945 ; la reconstruction des bâtiments conventuels et de l'église fut achevée en 1952 par les architectes Meyer et fils. Un orgue de deux claviers et 24 jeux fut construit en 1952 par le facteur Georges Schwenkedel et restauré en 2016.

En 1970 on retrouva à l'abbaye le manuscrit de 54 contes collectés par les frères Grimm et envoyés en 1810 à Clemens Brentano, document connu sous le nom de « manuscrit de 1810 » ou « manuscrit d'Œlenberg », première version connue des Contes de Grimm, aujourd'hui conservé à la Fondation Martin Bodmer à Cologny. Au début des années 2010 la communauté entreprit des travaux de restructuration et des remises aux normes, puis connut des évolutions de direction ; en 2017 l'abbaye comptait cinq moines, un frère oblat et deux novices, tandis que les effectifs avaient diminué à quatre moines, un oblat, un profès et un novice en 2020. En mars 2024 la communauté annonça un retrait temporaire dans d'autres communautés cisterciennes pour envisager l'avenir, prélude à la décision de juin 2024 de cesser la vie monastique à Oelenberg.

La vie communautaire s'organisait selon l'esprit de l'Ora et labora de la règle de saint Benoît, interprétée par la tradition cistercienne et la réforme trappiste, avec sept ou huit rassemblements quotidiens pour la liturgie des Heures et une messe dominicale en partie chantée en grégorien. Les travaux monastiques comprenaient des activités agricoles (potager, verger, culture de blé, de maïs et de pommes de terre), la production de farine au moulin et un artisanat monastique fabriquant pâtes alimentaires, petits gâteaux et meringues, vendus au magasin monastique aux côtés de produits d'autres communautés religieuses. L'hôtellerie accueillait des retraitants individuels ou petits groupes pour des séjours d'une durée maximale de huit jours.

Liens externes