Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame de Carnoët
L’ancienne abbaye Saint-Maurice, dite de Carnoët, se situe à Clohars‑Carnoët sur la rive droite de la ria de la Laïta, quelques kilomètres au sud de Quimperlé. Il s’agit d’une abbaye cistercienne en ruines qui conserve toutefois des éléments architecturaux remarquables plongés dans un cadre naturel apprécié des promeneurs. Le site intéresse également les naturalistes pour la présence d’arbres anciens et d’une colonie de chauves‑souris. Les sources évoquent une fondation au Moyen Âge : la salle capitulaire date du XIIIe siècle, tandis que d’autres documents placent la fondation entre 1170 et 1177 par Maurice Duault de Croixanvec, devenu abbé et plus tard vénéré sous le nom de saint Maurice. Fille de l’abbaye Notre‑Dame de Langonnet, la communauté bénéficia d’importantes donations, dont des droits de prélèvement de bois sur la forêt de Carnoët, qui furent parfois abusés au point d’entraîner des sanctions judiciaires au XVIe siècle. L’abbaye prospéra pendant plusieurs siècles mais connut de nombreuses campagnes de construction et de réparation : le chœur fut refait et décoré au XVe siècle, des travaux eurent lieu au XVIe siècle et l’église ainsi que le monastère furent largement reconstruits au XVIIe siècle. Pendant la Révolution, l’abbaye fut vendue comme bien national et partiellement pillée ; en 1799 une bande de chouans pénétra dans l’enceinte et maltraita des personnes liées au monastère. Au XIXe siècle une partie du site fut transformée en habitation et en château, et la relique attribuée à saint Maurice fut transférée et célébrée à Langonnet en 1880 ; la salle capitulaire fit l’objet d’une restauration en 1893‑1894. Fortement endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale, le château, utilisé par l’armée allemande, fut incendié en avril 1945 puis en grande partie détruit par les propriétaires en 1953 ; de l’ensemble monastique subsistent aujourd’hui la salle capitulaire, le chartrier, la façade de l’église et une partie des bâtiments abbatiaux. Le domaine, dont la superficie est indiquée dans les sources autour de 118 à 123 hectares, a été acquis par le Conservatoire du littoral en 1991 qui a engagé des travaux de restauration du bâti et de gestion forestière. La salle capitulaire a été inscrite au titre des monuments historiques le 2 mai 1956, et l’ensemble des autres bâtiments ainsi que le site ont été inscrit le 8 août 1995. On peut encore voir la salle capitulaire et le chartrier du XIIIe siècle, la grange, la ferme abbatiale, le fronton de l’abbatiale du XVIIe siècle et l’orangerie du XVIIIe siècle. La ferme abbatiale accueille une exposition sur la vie cistercienne et l’histoire du lieu ; le grenier abrite une colonie de grands rhinolophes observable grâce à une caméra infrarouge. Le domaine boisée présente également des vestiges de fortifications de l’âge du fer et les rives de la Laïta en font un lieu de promenade apprécié, géré par la commune de Clohars‑Carnoët dans le cadre d’un site naturel protégé. Le site est cependant menacé par la montée des eaux liée au réchauffement climatique : des digues ont été élevées pour protéger l’abbaye, mais une élévation d’un mètre du niveau de l’eau pourrait temporairement submerger la salle capitulaire, avertit un représentant du Conservatoire du littoral. Parmi les abbés connus, la liste des réguliers débute par Maurice Duault (1177‑1191) puis Hervé Ier de Caborel (1192‑1220) et s’étend jusqu’à Jean II de Kerdeffrec’h (1529‑1541) ; les abbés commendataires, à partir du milieu du XVIe siècle, comprennent notamment Jean III du Staër, Jean IV Eudes de Vivier, Guillaume VI de Launay, Guillaume VII Riou et, pour la période finale, Jérôme‑François de Keroulas.