Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame
L'abbaye Notre‑Dame de Corneville est une ancienne abbaye augustinienne située à Corneville‑sur‑Risle (Eure), jadis rattachée au diocèse de Rouen. Elle est considérée comme un exemple d'architecture monastique des XVIIe et XVIIIe siècles et comme la seule abbaye génovéfaine de Haute‑Normandie. L'établissement prend sa source dans un prieuré donné en 1143 par Gilbert, seigneur de Corneville, neveu de Galéran IV de Meulan, pour accueillir les moines de Saint‑Vincent‑aux‑Bois. L'église a été consacrée par l'archevêque de Rouen Hugues le 3 septembre 1147, puis l'abbaye est fondée en 1180 sur la base de ce prieuré. Elle fut ravagée par un incendie le 8 août 1287, et « la misère y persévère longtemps ». Le 17 mars 1659, l'arrivée des chanoines réformés de la Congrégation de France marque le début d'une reconstruction et le rétablissement de la discipline au monastère. Des fouilles archéologiques menées en 1985 ont montré que l'église paroissiale contemporaine et l'église abbatiale — dont le transept et le chevet ont disparu — étaient partagées entre les paroissiens et les abbés. Trente‑quatre abbés sont dénombrés dans la succession; le dernier abbé régulier connu est Jean de Fay, qui résigna en 1544, après quoi Raoul du Mont fut le premier abbé commendataire. Parmi les abbés commendataires figurent Bénigne Leclerc de Fleurigny, Goufin de Malepièce (nommé le 9 juillet 1577, en fonction jusqu'en 1616), André de Bigars de La Londe (1616), Alexandre Bichi (1638), Jean‑Baptiste Gaston Savary de Brèves (abbé de Grestain en 1643 et apparenté à François Savary de Brèves), Louis d'Esmé de la Chesnaye et son neveu, François Alexis Jubert de La Bastide de Châteaumorand (nommé le 9 juillet 1731), Pierre‑François Lafitau, Jean du Lau d'Allemans (juin 1764) et François Boros de Gamanson (1765). Les vestiges de l'ensemble claustral — notamment les ailes sud et est du cloître, l'angle sud‑est, les sols du cloître et l'emprise foncière de l'église abbatiale disparue avec ses vestiges enfouis connus ou à découvrir — ont fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 26 novembre 1992. Aujourd'hui, l'abbaye se présente principalement sous la forme de vestiges partiellement protégés.