Période
3e quart XIIe siècle, XIVe siècle, XVe siècle, XVIe siècle, XVIIe siècle, 4e quart XIXe siècle
Patrimoine classé
L'église et le cloître de l'ancienne abbaye : classement par arrêté du 12 juillet 1886 - Le porche de l'église abbatiale, situé place de l'Abbaye, en totalité (actuellement dans le cimetière) (cad. A4) : classement par arrêté du 29 mars 2004
Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame
L'abbaye Notre-Dame de Daoulas, ancien monastère de l'ordre de Saint-Augustin, est située dans la commune de Daoulas, en Finistère ; elle appartient au Département depuis 1984 et est gérée par l'EPCC Chemins du patrimoine en Finistère. L'église, aujourd'hui paroissiale, constitue la partie la mieux conservée de l'édifice reconstruit au XIIe siècle ; la nef contient les vestiges architecturaux les plus anciens. Les fouilles menées depuis 1990 n'ont pas permis de confirmer une occupation antérieure au XIIe siècle, même si certains éléments de la salle capitulaire ont été interprétés comme plus anciens. L'abbatiale a connu plusieurs remaniements : aux XVe-XVIe siècles un chœur gothique, l'élargissement du bas-côté sud et l'adjonction d'un porche sud furent réalisés ; à la fin du XIXe siècle l'architecte diocésain Yves Bigot entreprit une restauration visant à restituer un état roman supposé, déplaçant alors le porche. Ce porche, aujourd'hui implanté à l'entrée du cimetière, conserve l'ensemble de ses sculptures d'origine et illustre le mélange gothique et Renaissance caractéristique de la région. Le cloître, en kersantite, date du dernier quart du XIIe siècle ; il comptait 44 piliers et constitue l'un des cloîtres romans les mieux conservés de Bretagne, avec une alternance de colonnes simples et jumelées et des chapiteaux à motifs végétaux stylisés. Une vasque octogonale du XIIe siècle, ornée de frises et d'un bas-relief animalier, se trouve dans le jardin du cloître ; sa facture et son traitement sculptural suggèrent la coexistence d'influences stylistiques diverses. L'abbatiale, dépouillée et volontiers archaïsante dans son parti roman, présente une nef de sept travées couverte en charpente, des arcades à double rouleau portées par des piles cruciformes et de grandes fenêtres très ébrasées. Le chœur actuel et les absidioles, de style néoroman, ainsi que le bas-côté sud et les aménagements néogothiques, datent en grande partie des interventions du XIXe siècle. La chapelle Notre‑Dame‑des‑Fontaines, remaniée au XIXe siècle et restaurée en 1986, conserve des stalles anciennes et des statues médiévales ; la fontaine monumentale attenante, en grande partie datée du XVIe siècle, a été édifiée ou rénovée sous l'abbatiat d'Olivier du Chastel. Propriété privée après la Révolution, l'ensemble fut en partie démantelé au XIXe siècle puis restauré dès 1880 ; il a accueilli au XXe siècle une école et une maison de repos avant son acquisition par le Département en 1984. L'église et le cloître sont protégés au titre des monuments historiques, et le porche a fait l'objet d'un classement spécifique en 2004. Le site accueille aujourd'hui des activités culturelles portées par l'EPCC, qui organise des expositions temporaires à caractère ethnographique ou socio‑anthropologique. Le parc et les jardins, aménagés à partir de 1984, comprennent un jardin de simples structuré selon le modèle des jardins d'abbayes, puis étendu en 1996 à des collections de plantes médicinales des cinq continents ; depuis 2015 un projet intitulé Jardin des Arbres Médicinaux met l'accent sur les arbres et arbustes à usages thérapeutiques. Ces jardins sont reconnus pour leur sérieux scientifique et bénéficient de collaborations avec le Conservatoire botanique national de Brest, des facultés et des sociétés d'ethnopharmacologie. Sur le plan institutionnel et économique, l'abbaye fut dès sa fondation dotée de nombreux droits seigneuriaux et de rentes ; elle exploitait prieurés et bénéfices dans de nombreuses paroisses et percevait des revenus variés, notamment des droits liés au passage de Plougastel. À partir du XVIIe siècle l'abbaye connut des évolutions institutionnelles importantes, notamment la mise en commende et, en 1692, l'union des revenus abbatiaux au séminaire royal des aumôniers de la marine à Brest, décision contestée par les chanoines. La documentation historique recense une longue succession d'abbés réguliers et commendataires, signalant en particulier des personnalités comme Charles Jégou et Olivier du Chastel qui marquèrent le lieu par des constructions et des dons. Le patrimoine architectural et mobilier de l'abbaye — porche, cloître, vasque, fontaine, chapelle et éléments sculptés — en fait un témoin majeur de l'art religieux en Bretagne du XIIe siècle à nos jours.