Abbaye Notre-Dame de Grestain à Fatouville-Grestain dans l'Eure

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye

Abbaye Notre-Dame de Grestain

  • Grestain
  • 27210 Fatouville-Grestain
Abbaye Notre-Dame de Grestain
Abbaye Notre-Dame de Grestain
Crédit photo : Raymondsouplexpix - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIe siècle, XIIe siècle, XVIe siècle

Patrimoine classé

Façades et toitures de l'ancien logis, vestiges de l'église abbatiale et du mur d'enceinte (cad. AI 29, 30) : inscription par arrêté du 7 novembre 1975

Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame de Grestain

L'ancienne abbaye de Grestain, appelée simplement Grestain jusqu'en 1844, est située à Fatouville-Grestain, en bordure de l'estuaire de la Seine, près de Honfleur, dans le département de l'Eure en Normandie. On y relève des éléments datés de la fin du XIIe siècle, une clé de voûte du XVIe siècle portant les armes de Jean Le Veneur et un cadran solaire daté de 1815 sur l'élévation sud de la maison de l'abbé. Le logis abbatial, les vestiges de l'église, le mur d'enceinte, l'élévation et la toiture sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 7 novembre 1975.

L'abbaye aurait été fondée vers 1050 par Herluin de Conteville et son épouse Arlette, mère de Guillaume le Conquérant ; la tradition rapporte que la Vierge Marie, en songe, aurait demandé à Herluin de construire une abbaye près d'une source à Grestain, ou, selon une autre version, de rétablir une chapelle dédiée à Marie avant de fonder l'abbaye. La dotation initiale d'Herluin était modeste, et l'établissement a probablement connu des débuts difficiles jusqu'à l'élévation sociale de sa famille. Parmi ses principaux bienfaiteurs figure son fils Robert de Mortain, demi-frère de Guillaume le Conquérant, qui fit d'importantes donations, notamment en Angleterre. Une pancarte rassemblant les chartes de donations, connue par trois copies modernes, mentionne la fondation en 1050, recense les dons en Normandie et en Angleterre, et se conclut par les attestations de personnages tels que Guillaume le Conquérant, Odon, évêque de Bayeux, Robert de Mortain, Roger de Beaumont, Roger de Montgommery et Guillaume, archevêque de Rouen ; David Bates et Véronique Gazeau datent la pancarte originale autour de l'automne 1082.

Grestain est le lieu de sépulture d'Herluin, de son fils Robert et de la première épouse de ce dernier, Mathilde de Montgommery ; la chronique attribue aussi l'inhumation d'Arlette à Grestain, attribution que certains historiens contestent. Des bénédictins venus de l'abbaye de Saint-Wandrille occupèrent Grestain pendant 710 ans, avec un épisode de relâchement de la vie religieuse qui nécessita l'intervention de l'évêque de Lisieux auprès du pape Alexandre III. En 1358, l'abbaye fut pillée par les Anglo-Navarrais et les moines durent se réfugier dans leur maison de Rouen ; elle fut reprise en 1365 et retrouvée en partie détruite et« presque rasée au niveau du sol ». À la fin de la guerre de Cent Ans, Charles VII y séjourna quelques jours ou semaines lors du siège de Honfleur.

Le caractère conventuel des bâtiments fut abrogé en 1757 et l'église ainsi que d'autres constructions furent démolies vers 1766 ; en 1790 subsistaient seulement des vestiges encore visibles aujourd'hui : le mur d'enceinte, le portail du XIIIe siècle, une maison du XVIIIe siècle édifiée sur une salle du XIIIe siècle et un pilier de l'église. L'ancien autel de Grestain a été signalé par Alfred Canel dans le chœur de l'église Notre-Dame du Val à Saint-Pierre-du-Val. Une plaque commémorative apposée sur le pilier subsistant rend hommage aux fondateurs inhumés à Grestain, nommément Arlette de Falaise, Herluin de Conteville, Robert de Mortain et Mathilde de Montgommery.

Dans les années 1960, Julie et Arnaud Wapler entreprirent des travaux de restauration ; l'abbaye appartient aujourd'hui à Nicolas Wapler et est ouverte au public. Les armes de l'abbaye se blasonnent d'azur à trois fleurs de lys d'or, deux et une. Plusieurs prieurés dépendaient de Grestain, notamment Saint-Astier en Gascogne donné par Geoffroi, Sainte-Scolasse (ou Saint-Nicolas-en-Scolasse) donné par Herluin de Conteville, et Saint-Nicolas-du-Val-de-Claire, dans les faubourgs d'Honfleur, donné par Guillaume le Conquérant ; ce dernier prieuré est représenté dans un tableau de 1906 d'Adrien Voisard-Margerie entré au musée Eugène-Boudin de Honfleur en 1937. Enfin, la longue succession des abbés réguliers puis des abbés commendataires est documentée, avec des figures notoirement attachées à l'abbaye comme Jean Le Veneur et Gabriel Le Veneur, et s'achève, avant la Révolution, avec Charles de Tilly-Blaru, dernier abbé commendataire.

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