Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame de Josaphat
L’ancienne abbaye de Coulombs, ou abbaye Notre‑Dame de Josaphat, est située à Lèves, en Eure‑et‑Loir. Elle a été fondée en 1117 par le chanoine Geoffroy de Lèves, évêque de Chartres, et son frère Goslein sur leurs terres ancestrales. Une tradition locale rapporte que Geoffroy, en revenant d’un pèlerinage auprès du pape Pascal II, aurait financé la création d’un monastère en lieu et place d’un vœu de voyage en Terre Sainte, d’où le nom de Josaphat. La propriété de l’abbaye fut confirmée par Calixte II et Louis VI en 1119. Il est dit que les premiers moines venaient du monastère de Fourmetot. En 1156 un différend éclata entre l’abbaye et Milon de Lèves au sujet des moulins sur l’Eure ; l’évêque Robert intervint selon la charte conservée.
L’église abbatiale, d’origine du XIIe siècle et remaniée à différentes époques, fut démolie en 1792 lors des événements révolutionnaires, tandis que le cloître date du XVe siècle. Le sarcophage de Jean de Salisbury, l’un des évêques de Chartres, a été en grande partie conservé dans l’ancienne abbatiale : deux de ses faces sur trois, ornées de bas‑reliefs, subsistent ; le couvercle a disparu lors de la violation des tombeaux pendant la Révolution. Les vestiges de l’église — bases de colonnes du déambulatoire et gros piliers de la croisée du transept — se trouvent aujourd’hui dans l’enceinte d’un établissement hospitalier et sont à environ deux mètres sous le niveau des jardins.
Des fouilles conduites vers 1905 par l’abbé Charles Métais mirent au jour des tombes des XIIe et XIIIe siècles ; les objets découverts sont visibles au musée lapidaire installé dans le cloître partiellement reconstruit, de part et d’autre de l’entrée de la Fondation d’Aligre et Marie‑Thérèse. Métais publia en 1908 le récit de ses recherches. Parmi les pièces remarquables figurent le sarcophage de Jean de Salisbury (classé Monument historique en 1914), le gisant de Lucia de Lèves et la statue tombale de Renaud de Bar ainsi que plusieurs dalles funéraires et éléments mobiliers classés en 1915. La base de données du ministère de la Culture recense en outre plusieurs gisants et la collection du musée lapidaire.
Six évêques de Chartres furent inhumés dans le chœur de l’abbaye, dont Geoffroy de Lèves et Jean de Salisbury ; les sépultures des successeurs jusqu’à Renaud de Bar sont mentionnées dans les sources. L’abbaye connut des destructions et restaurations au fil des siècles : elle fut incendiée au XVe siècle, ravagée au XVIe siècle par les troubles religieux, puis restaurée en entrant dans la Congrégation de Saint‑Maur en 1640 ; on y dénombrait sept Mauristes en 1768. Partiellement détruite à la Révolution, elle passa au XIXe siècle entre plusieurs propriétaires privés avant d’accueillir, en 1818, l’hospice Marie‑Thérèse, devenu plus tard la Fondation d’Aligre et Marie‑Thérèse.
Le site conserve une source qui, selon la tradition, était réputée pour guérir les maladies pulmonaires et est longé par la Via Turonensis, chemin de pèlerinage vers Saint‑Jacques de Compostelle. Le cloître reconstruit abrite aujourd’hui le musée lapidaire qui présente les vestiges et les sépultures mis au jour.