Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame de Jouy
L'abbaye de Jouy, parfois appelée Jouy-en-Brie ou Jouy-le-Châtel, est une ancienne abbaye cistercienne située à l'orée de la forêt de Jouy, dans la commune de Chenoise en Seine-et-Marne. Elle a été fondée en 1124 par Thibaut II, comte de Champagne, grâce au don des gentilshommes Pierre de Castel et Milon de Naudé. L'abbaye prospéra rapidement et fonda quatre maisons-filles : Bonlieu (1141), La Noë (1144), Pontaut (1151) et Sellières (1168). En 1156, Henri Ier de Champagne donna à l'abbaye la forêt de Jouy, qui s'étend aujourd'hui sur 1 632 hectares. L'église abbatiale, achevée en 1224, mesurait 74 mètres de longueur sur 20 mètres de largeur et adoptait la forme d'une croix latine. Sa nef à collatéraux, précédée d'un porche, se terminait par un transept flanqué de chapelles et, selon le style cistercien, le chevet était ajouré de trois fenêtres étroites et allongées. Lors de la Révolution française, l'abbaye fut fermée et vendue comme bien national ; ses bâtiments furent transformés en exploitation agricole. L'église renfermait plusieurs tombeaux, dont les principaux furent dessinés par François Roger de Gaignières ; au milieu du sanctuaire se trouvait la tombe en cuivre émaillé et martelé de Simon de Beaulieu, archevêque de Bourges, le représentant en gisant dans ses ornements pontificaux. D'autres dalles gravées occupaient le chœur et le cloître. Si la règle cistercienne, inspirée par saint Bernard, proscrivait statues et tableaux, elle fut assouplie au XIVe siècle et l'abbaye possédait alors une Vierge à l'Enfant assise. Entre 1297 et 1479, l'abbaye eut une dépendance à Paris, dans l'actuel 4e arrondissement ; c'est d'après elle que la rue de Jouy a été nommée, la propriété monastique couvrant alors les numéros 13 à 17. En 1685, le frère François Romain, moine dominicain et architecte, effectua des réparations à l'abbaye grâce au soutien financier de Louis II Phélypeaux de La Vrillière. Après la Révolution, la propriété passa en mains privées et, au XXe siècle, elle appartint à la famille Droulers ; l'homme de lettres Charles Droulers y résida. Aujourd'hui, il ne reste principalement que le chevet plat, caractéristique des chevets cisterciens, percé de deux étages de baies en tiers-point et orné d'une archivolte portée par des colonnettes à chapiteaux à crochets. Ces vestiges de l'église ont été classés au titre des monuments historiques en 1942. Les autres bâtiments dépendant de l'abbaye ont été convertis en exploitation agricole. L'abbaye Notre-Dame de Jouy est fille de Pontigny et mère des maisons de Bonlieu, La Noë, Pontaut et Sellières. Parmi les abbés connus figurent Jean (vers 1516-1522), qui confirma Sébastien Biret comme abbé de Notre-Dame de Bonlieu de Carbon-Blanc, et Pierre de Bellièvre, abbé commendataire en 1621, qui occupa diverses charges au Parlement de Metz et au Parlement de Paris et fut abbé commendataire de Saint-Vincent de Metz de 1678 à 1683.