Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame de la Vieuville
L'abbaye Notre-Dame de la Vieuville, située en Ille-et-Vilaine entre Épiniac et Baguer-Pican au lieu-dit la Vieux Ville d'Épiniac, est fille de l'abbaye de Savigny. Sa fondation est datée aux alentours de 1137 et est attribuée à Gelduin, fils du seigneur de Landal; l'acte de fondation mentionne également Geoffroy de la Chapelle et des donateurs de Meillac. Elle fut rattachée à l'ordre de Cîteaux en 1147 en même temps que sa maison mère. L'ensemble conventuel a subi des remaniements successifs : une salle voûtée du XIIe siècle à l'est, construite en deux campagnes, subsiste, tandis que les bâtiments conventuels furent reconstruits au XVIe siècle puis rhabillés et remaniés vers le milieu du XVIIe siècle. De l'abbaye médiévale restent une salle voûtée aux piliers solides du XIIe siècle — ancien cellier des moines — et des vestiges des bâtiments conventuels du XVIIe siècle. Le bâtiment central comprend encore une cuisine, un réfectoire et un chauffoir partiellement en ruines, avec une façade reprise au XVIIe siècle ; l'aile orientale en retour vers le nord est en ruines et l'aile occidentale sert en partie d'habitation, avec des décors intérieurs des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Le plafond d'origine de la salle voûtée a disparu et cette salle est protégée aujourd'hui par une dalle en béton. Le cloître, qui s'étendait au sud, et l'église abbatiale qui le fermait ont été détruits à la fin du XVIIIe siècle après la Révolution ; les tombeaux et les gisants, notamment des seigneurs de Combourg et de Landal, ont également disparu ou ont été brisés. Les communs reconstruits au XVIe siècle présentent, dans l'aile nord, des cheminées anciennes ; du logis ouest du XVIIe siècle ne subsiste que la moitié nord. L'abbaye a détenu divers fiefs et terres, notamment le fief de la Cour-Bague, dont une donation à des tenanciers est mentionnée en 1252 et une confirmation de renonciation par Havoise en 1294. Des dons à l'abbaye sont aussi documentés : en 1147 Manasser et Guillaume de Meillac, avec leur sœur Dameta, offrirent la chapelle et le fief de Nazareth avec 80 arpents et des droits d'usage dans leurs bois, et une donation fut confirmée en 1170 par Jean, évêque de Dol. Des conflits entre les moines et des particuliers ont été portés devant des autorités ecclésiastiques ; le pape Alexandre III désigna Guillaume, abbé du Tronchet, pour statuer aux côtés de l'évêque de Saint-Malo Pierre Giraud dans un différend impliquant des paroissiens de Baguer. La succession des abbés est bien documentée : quarante-cinq abbés se succédèrent de 1137 jusqu'à Jean-Baptiste de la Bintinaye, démis pendant la Révolution en 1790, et la liste comprend des abbés réguliers et des abbés commendataires tels que François Thomé, Sébastien-Joseph du Cambout de Ponchâteau ou Raymond de Durfort. L'abbaye a été représentée par le peintre Valentin Louis Doutreleau dans plusieurs compositions. L'ensemble fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 14 janvier 2002. Les armoiries attribuées à l'abbaye se blasonnent ainsi : d'argent écartelé d'un filet de sable, à une tour de gueules en chaque quartier.