Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame
L’abbaye Notre‑Dame de Molesme est située dans la commune de Molesme, en Bourgogne, dans le nord du département de la Côte‑d’Or. Fondée en 1075 par saint Robert sur une terre donnée par le comte d’Auxerre, elle resta en activité jusqu’à la Révolution ; ses vestiges sont inscrits aux monuments historiques depuis le 23 septembre 1971 et l’abbaye est aujourd’hui désaffectée. Saint Robert, ancien novice et prieur de l’abbaye de Montier‑la‑Celle, s’installa avec sept ermites dans la forêt de Collan, près de Tonnerre, où le groupe vécut dans une grande pauvreté sous des abris de branchages et adopta des règles proches de celles des Camaldules, mêlant vie commune et éléments d’érémitisme. En moins de quinze ans, l’établissement accueillit de nombreux donateurs et visiteurs, et se dota d’une église abbatiale et de bâtiments monastiques, ce qui provoqua des tensions autour de l’observance. Incapable de maintenir son idéal de solitude et d’austérité dans ce contexte, Robert accepta avec l’autorisation du légat du pape Hugues de Die et le soutien du duc Eudes Ier et des vicomtes de Beaune de se retirer avec Albéric, Étienne Harding et vingt et un moines sur un lieu concédé par Renard, vicomte de Beaune, où fut fondée l’abbaye de Cîteaux le 21 mars 1098. Les moines de Molesme sollicitèrent cependant l’intervention du pape Urbain II pour ramener Robert, qui revint en 1100 et mourut le 17 avril 1111. En 1154, l’archevêque Hugues de Sens confirma les dons faits au monastère par ses prédécesseurs. Après la fondation de Cîteaux, Molesme donna naissance à plusieurs maisons monastiques en France, en Angleterre, en Suisse et en Belgique ; parmi ses moines se retrouvent des figures telles que saint Bruno et saint Guérin. L’abbaye a connu de multiples destructions : ruine et confiscation de ses biens en 1472 lors de la guerre entre la France et la Bourgogne, incendie par les huguenots vers la fin du XVIe siècle pendant les guerres de Religion, puis une importante restructuration au XVIIIe siècle avant la confiscation révolutionnaire ; après la Révolution des familles de fermiers s’y installèrent et l’abbatiale, la salle capitulaire et la bibliothèque furent démolies pour servir de carrière de pierres. Quelques scènes du film La morte vivante (1971) y furent tournées. L’ancienne chapelle des convers, aujourd’hui église Sainte‑Croix de Molesme, apparaît sur le plan du Monasticon Gallicanum et permet d’évaluer l’importance de l’abbatiale et des constructions disparues. La longue succession des abbés, de saint Robert à Jean‑Baptiste‑Marie Champion de Cicé à la veille de la Révolution, comprend de nombreux noms notables cités dans les chartes et chroniques, parmi lesquels Guidon I, Guillaume I — qui fit la translation du corps de saint Robert en 1253 — Renaud de Beaune, Armand de Bourbon‑Condé, Charles et Alexandre de La Rochefoucauld ou Joseph Marie Terray. L’abbaye possédait des terres comme Nantri et nommait ou supervisait plusieurs prieurés, notamment Franchevaux, fondé par Pétronille de Chacenay en 1159 ; il subsiste par ailleurs, à Saint‑Broing‑les‑Moines, des vestiges d’un prieuré (tour et logis du XVe siècle) intégrés dans une construction du XIXe siècle. Sur le plan fiscal et économique, l’abbaye était taxée 4 000 florins et estimée à 15 000 livres.