Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame
L'abbaye Notre-Dame de Nevers, dite localement abbaye Saint-Genest, est une ancienne fondation de religieuses bénédictines située rue Saint-Genest à Nevers et dépendant de l'ancienne province de Sens. Elle aurait été fondée vers 624-630 par le moine Théodulphe Babolène, abbé des Fossés, selon la règle de saint Colomban, sur l'emplacement présumé du martyre de saint Révérien et placée sous le vocable de Notre-Dame. Au Moyen Âge, l'abbaye occupait une vaste étendue allant de la muraille initiale au faubourg Saint-Genest. Après avoir été ruinée par des soldats, elle fut refondée par l'évêque Hériman en 849 selon la règle de saint Benoît, puis confirmée dans ses biens par un diplôme de Charles le Chauve. Au XIIe siècle l'évêque Fromond fit restaurer le monastère et consacrer l'église sous le vocable de Notre-Dame, et en 1194 Pierre II de Courtenay fit construire le rempart le long de la Passière, intégrant l'abbaye à l'enceinte de la cité. L'abbaye reçut diverses bienfaits, notamment de Hugues, seigneur de Meaulce, en 1254, et ses religieuses participèrent à des cérémonies publiques, comme en 1404 lors des obsèques de Philippe II de Bourgogne. En 1413 un conflit avec l'évêque Pierre de Fontenay au sujet d'une procession conduite par l'abbesse Catherine de Boutillat donna lieu à une enquête juridique qui reconnut le droit de l'abbesse à organiser ses processions. L'établissement a connu des restaurations aux XIIIe, XVe et XVIIIe siècles et a été impliqué dans de nombreux procès, dont un au XVIIe siècle contre l'évêque Eustache de Chéry de Mongazon. Initialement rattachée à la congrégation de Chezal-Benoît, elle passa, après l'union de 1636, à la congrégation de Saint-Maur puis fut rattachée à Cluny en 1668 à la demande de l'abbesse Gabrielle Andrault de Maulevrier-Langeron. Cette abbesse cacha pendant la Fronde trois cents mousquets, qui furent saisis par Roger de Bussy-Rabutin et remis aux autorités. En 1719 on découvrit dans les jardins une pierre sculptée en relief représentant une figure allongée, conservée à l'abbaye pendant soixante-dix ans. Sous la Révolution l'abbaye fut transformée en prison pour prêtres âgés, infirmes puis réfractaires, et le domaine fut vendu comme bien national. À partir du milieu du XXe siècle une partie du site accueillit le musée municipal ; il abrite aujourd'hui la totalité du Musée municipal Frédéric-Blandin. La grille d'entrée sur la rue Saint-Genest, le passage voûté, l'orangerie, le porche de l'église abbatiale, le bâtiment de l'ancienne salle capitulaire, la salle Louis XIII et les remparts de la porte du Croux à la tour du Havre ont été inscrits aux monuments historiques le 18 août 1944, et les corbeaux de la corniche supérieure des restes de la chapelle Saint-Michel l'ont été le 12 juin 1946. Plusieurs campagnes de fouilles ont eu lieu en 2003-2005 et le site a fait l'objet de travaux importants entre 2007 et 2012. L'ensemble est notamment remarquable par sa grille d'entrée sur la rue Saint-Genest et par son passage voûté reliant la cour aux jardins. De l'église abbatiale subsistent seulement des fragments de la nef datant des XIIe et XIIIe siècles ; elle contenait autrefois la tombe gothique de l'évêque Hériman et une pierre portant une inscription mentionnant le martyre de saint Révérien. La chapelle Saint-Michel, d'origine XIIe siècle, a été transformée en maison d'habitation, et les reliques de saint Révérien étaient conservées dans une châsse d'argent. Le cloître médiéval se trouvait à l'emplacement de l'actuel jardin du musée et la salle capitulaire se situait dans l'aile conservée des bâtiments conventuels ; cette aile occidentale, datée du XVe siècle, conserve une grande cheminée ornée d'un écu attribué à l'abbesse Catherine de Boutillat. Le logis de l'abbesse s'ouvre sur la cour qui donne sur le n°18 de la rue Saint-Genest. Parmi les abbesses et religieuses connues figurent Agnès (attestée en 1045), Catherine de Boutillat (active au début du XVe siècle), Jehanne Le Bourgoing (nommée en 1499, entrée en possession en 1501 et décédée en 1533), Claudine de Gamaches (décédée en 1642), Gabrielle Andrault de Maulevrier-Langeron (active autour de 1668) et Marie-Marguerite Le Maistre (1732); des religieuses comme Richeldis, Anne et Gindelmodis sont aussi mentionnées dans des actes. Les archives de la communauté furent entreposées à partir de 1578 dans la tour de la porte du Croux. L'abbaye possédait plusieurs dépendances, notamment le prieuré Notre-Dame du Montet à Saint-Éloi (lié aux pratiques de procession et de pèlerinage entre 1407 et la fin du XVIIIe siècle) et la collation de paroisses comme Dun-sur-Grandry ; l'église paroissiale Saint-Genest, située dans l'enclos, fut vendue à la Révolution et ses absides orientales détruites en 1834, les éléments subsistants semblant dater des XIIe-XIIIe siècles. Le martyrologe de l'abbaye, daté du XIVe siècle, et l'obituaire, connu notamment par les travaux de Parmentier et d'Henri de Flamare, contiennent des notices allant du XIIe siècle au début du XVIe siècle, portant surtout sur les religieuses et des familles nivernaises.