Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame
La tradition fait remonter l'origine de l'abbaye à un ermitage fondé par Judicaël, roi de Bretagne et moine de Saint-Méen ; l'église telle qu'on la connaît a été reconstruite aux XIIIe siècles et l'ensemble abbatial a connu de nombreuses transformations jusqu'au XVIIe siècle. L'édifice, sobre et d'inspiration gothique, fut lié à l'installation des chanoines réguliers augustins et présente des éléments d'influence normande — portes géminées, arcs trilobés, culots coudés et fenestrages dépourvus de chapiteaux — peut‑être transmis par le chantier de la cathédrale de Saint‑Malo. À l'intérieur, seuls le chœur et le transept sont voûtés ; la nef, dont le voûtement a été entamé puis remplacé au XVe siècle par un lambris sous l'abbé Olivier Guiho, a conservé un remarquable ensemble de boiseries et un retable de cette époque. Sous la même abbatiat, des voûtes d'ogives en pierre consolidées par des contreforts permirent l'édification d'un clocher à la croisée du transept. La voûte du transept nord a été refaite en bois en 1809, et des réparations du clocher et de la chapelle du Rosaire sont signalées en 1834. Les bâtiments conventuels qui entourent le cloître datent principalement du XVIIe siècle, époque où l'abbaye fut largement remaniée et enrichie d'éléments classiques et baroques.
La sacristie abrite un petit trésor comportant notamment le bras‑reliquaire de Judicaël, daté du XVe siècle, ainsi qu'un Christ en ivoire, accompagnés d'autres pièces d'orfèvrerie et d'objets liturgiques conservés et présentés au public. Les retables, les tableaux et les sculptures des chapelles et du chœur ont fait l'objet de restaurations récentes, comme en témoignent les travaux menés par les Monuments historiques entre 2001 et 2004 : consolidation des voûtes du chœur et du transept, démontage et restauration des boiseries du XVe siècle, découverte de fresques médiévales lors du grattage des voûtes, et réédification du baldaquin.
L'abbaye a traversé des évolutions de régime spirituel : monastère bénédictin jusqu'au XIIIe siècle, elle passa ensuite aux chanoines réguliers de saint Augustin, puis fut vendue comme bien national à la Révolution. Le Grand Logis et le manoir abbatial, construits pour loger la communauté, abritent aujourd'hui des fonctions civiles et paroissiales, la mairie occupant notamment le Grand Logis. Pendant l'Occupation, l'abbaye servit de lieu de résidence à Jeanne Maillot, la mère du général de Gaulle ; une plaque rappelle sa mémoire dans le village.
Classée Monument historique pour l'abbatiale depuis 1966, l'abbaye voit par ailleurs les intérieurs des bâtiments conventuels inscrits au titre des monuments historiques en 2024. Le site, au bord de l'étang de Paimpont, comprend aussi un jardin paroissial avec un autel, une grotte dédiée à Notre‑Dame et une source jouxtant une représentation sculptée de saint Judicaël. L'abbatiale et ses salles d'exposition accueillent expositions thématiques et concerts estivaux, qui contribuent à faire de ce lieu un centre à la fois religieux et culturel au cœur de la forêt de Paimpont — Brocéliande.