Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame du Val
L'abbaye Notre‑Dame du Val est une ancienne abbaye cistercienne située sur les communes de Mériel et Villiers‑Adam, dans le Val‑d'Oise, à trente kilomètres au nord de Paris. Fondée en 1125 par des moines venus de la Cour‑Dieu, elle est la seconde plus ancienne fondation cistercienne d'Île‑de‑France. La première installation se composait de quelques abris sommaires ; les moines procédèrent au défrichement des terres et à l'assainissement des marécages. Grâce à de nombreuses donations, notamment celle d'Ansel Ier de L'Isle confirmée par Louis VII, la communauté accroît rapidement son patrimoine. Au XIIe et au début du XIIIe siècle, l'abbaye connaît son apogée et bénéficie de la protection des rois de France et des seigneurs locaux ; plusieurs seigneurs de L'Isle‑Adam y sont inhumés et des souverains y séjournent. La guerre de Cent Ans et des difficultés internes entraînent cependant des périodes de ruine et des tensions au sein de la communauté. Le patrimoine foncier s'étendait principalement sur la plaine de France, le Parisis et le Vexin français, représentant un peu plus de deux mille hectares et cinquante‑deux paroisses en 1640. Les moines créent de nombreuses granges, dont certaines à Goussainville, Baillet‑en‑France, Saint‑Leu‑la‑Forêt, Montmorency, Méry‑sur‑Oise, Noisy‑sur‑Oise, Sérifontaine, Montherlant, Amblainville et Berville ; certaines subsistent encore comme exploitations agricoles, d'autres ont disparu ou sont en ruine. À la demande du roi, tous les biens fonciers font l'objet d'un bornage et d'un arpentage entre 1639 et 1644. L'abbaye possède aussi des biens immobiliers en ville, notamment à Pontoise, comprenant maisons, caves et celliers, et perçoit des dîmes et divers droits. À partir du XVIe siècle la commende s'installe : le premier abbé commendataire, nommé en 1509, restaure la discipline et les bâtiments, mais après sa mort l'abbaye connaît de nouvelles phases de décadence et de désertions. Lors des guerres de Religion et des bouleversements institutionnels, l'abbaye est transformée en prieuré, puis son activité religieuse cesse à la Révolution ; elle est déclarée bien national et vendue en 1791, devenant propriété privée. Au XIXe siècle l'église est détruite et, en 1845, une grande partie des bâtiments conventuels est vendue puis démolie pour servir de carrière de pierre, entraînant la perte du palais abbatial et de plusieurs galeries du cloître ; les démolitions s'arrêtent faute de rentabilité. Divers propriétaires se succèdent ; des consolidations et des restaurations sont engagées à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle. Aujourd'hui subsistent le bâtiment des moines, la galerie nord du cloître, des vestiges du bâtiment des convers et des restes de l'église ; l'abbaye est classée monument historique et le domaine de cent‑vingt hectares est inscrit au titre des sites. Le bâtiment des moines, long d'environ cinquante mètres et large de treize, présente au rez‑de‑chaussée la salle capitulaire, la sacristie, le parloir et la salle des moines, toutes voûtées sur croisées d'ogives, et à l'étage le vaste dortoir considéré comme l'un des plus beaux dortoirs monastiques de France. La salle capitulaire compte six travées et s'ouvre sur la galerie nord du cloître ; la sacristie communiquait avec l'église disparue et la salle des moines, vaste espace de huit travées, abritait peut‑être des activités scriptoriaires. Le dortoir, édifié au début du XIIIe siècle, occupe toute la longueur du bâtiment, divisé par une série de colonnes et chapiteaux sculptés et éclairé par deux niveaux de fenêtres. La galerie nord du cloître, reconstruite par les Feuillants en 1725, est la seule galerie conservée ; le bâtiment des convers a été reconstruit au XVIIIe siècle sur des fondations du XIIIe et n'en conserve que des pans de murs. Les tombeaux des seigneurs et grands donateurs se trouvaient principalement dans l'église abbatiale, ainsi que dans le cloître et la salle capitulaire ; un inventaire de 1741 décrit ces sépultures comme très travaillées, sans pour autant être royales. Le parc conserve d'anciennes carrières réaménagées en celliers et glacière, une glacière profonde de six mètres, la porterie partiellement conservée et les vestiges d'un moulin du XIIIe siècle, tandis qu'à proximité se trouve le moulin de Stors, construit par les moines au début du XVIe siècle. L'Association des amis de l'abbaye Notre‑Dame du Val, créée en 1988, étudie l'histoire du lieu, organise des activités culturelles et mène des campagnes de restauration engagées en 2000 sur la galerie nord du cloître, avec d'autres tranches programmées pour le dortoir. L'abbaye est visitable pour des groupes sur rendez‑vous et lors d'événements ponctuels tels que les journées du patrimoine ou des concerts, et elle a servi de décor pour plusieurs tournages musicaux et cinématographiques.
