Abbaye Notre-Dame et Saint-Paul de Bellevaux à Limanton dans la Nièvre

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye

Abbaye Notre-Dame et Saint-Paul de Bellevaux

  • 256 Belvaut
  • 58290 Limanton
Abbaye Notre-Dame et Saint-Paul de Bellevaux
Abbaye Notre-Dame et Saint-Paul de Bellevaux
Abbaye Notre-Dame et Saint-Paul de Bellevaux
Crédit photo : Vertpays - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIIIe siècle, XVIIe siècle

Patrimoine classé

Ancienne abbaye incluant : les bâtiments conventuels, la chapelle, le porche (cad. A 220) : classement par arrêté du 14 novembre 1997

Origine et histoire de l'Abbaye Notre-Dame et Saint-Paul de Bellevaux

L'abbaye Notre‑Dame et Saint‑Paul de Bellevaux, située au lieu‑dit Belvaut sur la commune de Limanton dans la Nièvre, est le seul établissement de l'ordre des Prémontrés recensé en Bourgogne à conserver des éléments médiévaux en élévation. Elle se trouve dans la vallée du Veynon, à neuf kilomètres de Moulins‑Engilbert et à environ cinquante‑trois kilomètres de Nevers. Le nom de l'établissement, attesté sous de nombreuses formes médiévales, dérive vraisemblablement du latin belle vallis, en référence à la « belle vallée » où il est implanté. La fondation, située à la fin du XIIe siècle, reste incertaine : certains auteurs l'attribuent à Guillaume III, comte de Nevers, tandis que d'autres sources évoquent Rocelin de Marmagne et sa femme Damerone. Le premier acte conservé date de 1193 et correspond à une donation de Hugues II de Blain qui lègue des dîmes aux religieux à son retour de croisade. Au XIIIe siècle, l'abbaye bénéficie d'un important temporel et d'un rayonnement funéraire local, son abbatiale étant considérée comme une nécropole pour le Bazois, et elle reçoit la protection et des dons de la noblesse comtale. L'église abbatiale remonte probablement au tout début du XIIIe siècle ; le monastère aurait été partiellement détruit par un incendie au XIVe siècle et dévasté par les Calvinistes en 1560 selon certaines sources. Les bâtiments conventuels visibles aujourd'hui résultent d'une reconstruction au XVIIe siècle et d'aménagements au XVIIIe siècle, la porterie étant probablement de la fin du XVe siècle. La distribution intérieure du rez‑de‑chaussée et de l'étage — notamment la bibliothèque et les cheminées — correspond encore à celle décrite dans les inventaires de la fin du XVIIIe siècle. Après la Révolution, l'abbaye est saisie comme bien national en 1790, comptait alors trois religieux et voit ses dépendances vendues ; elle est transformée en exploitation agricole. Le prieur Gilbert Desmazières s'opposa d'abord à l'inventaire en octobre 1790 puis se rétracta, tandis que les deux autres chanoines devinrent prêtres constitutionnels et exercèrent ensuite dans diverses paroisses ; les cloches furent descendues en septembre 1791 puis expédiées à La Charité‑sur‑Loire. L'église, convertie en étable, n'a conservé que ses quatre murs, quelques ouvertures et des contreforts fortement altérés ; on accède à l'intérieur par un portail en pignon sur la façade ouest, encadré de deux contreforts et présentant un sommet trilobé sous un arc brisé dont l'un des montants ne conserve que la partie haute de deux colonnettes. La nef, non voûtée, est aujourd'hui coupée par un plancher ; le chœur, de plan carré, est voûté sur ogives en arête et présente des arcs doubleaux portés par des pieds‑droits. Les galeries du cloître, juxtaposées à l'église et au bâtiment conventuel, conservent des arcades en plein cintre reposant sur des colonnes doriques, témoins de la reconstruction du XVIIe siècle, et la façade sud comportait un portail de style Renaissance à fronton triangulaire portant les armoiries de l'abbaye. L'abbaye disposait d'un temporel très étendu, avec des biens et des dîmes répartis dans de nombreuses communes du Nivernais et des environs, notamment Alluy, Aunay‑en‑Bazois, Bazolles, Beaulieu, Biches, Billy‑Chevannes, Blismes, Brinay, Cessy‑les‑Bois, Châtillon‑en‑Bazois, Corancy, Diennes‑Aubigny, Donzy, Fertrève, Frasnay, Limanton, Moulins‑Engilbert, Pougues‑les‑Eaux, Rouy, Saint‑Hilaire‑en‑Morvan, Sermages, Tamnay‑en‑Bazois et d'autres localités. Plusieurs terriers (1537‑1539, un fragment de 1567 et un terrier de 1615) sont conservés aux archives départementales, et l'abbaye avait la collation des cures de Frasnay‑le‑Ravier et de Cressy‑sur‑Canne — cette dernière en possession de l'abbaye depuis 1212 — ainsi que les dîmes de hameaux autour de Château‑Chinon mentionnés lors d'un arbitrage de 1311. La succession des abbés est bien documentée du XIIIe siècle à la fin de l'Ancien Régime ; parmi les titulaires figurent notamment Blaise Cornu au début du XVIIe siècle et Jean‑Baptiste de Chaffois, dernier abbé avant la suppression. Les armes de l'abbaye sont d'azur à la croix pattée d'or, au chef cousu de sinople, et les sceaux du XIIIe siècle représentent la Vierge assise. L'ensemble formé par l'église abbatiale, les bâtiments conventuels et le porche a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 14 novembre 1997 ; le site est en propriété privée et ne se visite pas.

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