Origine et histoire de l'Abbaye Royale
L'ancienne abbaye Saint-Jean-Baptiste, située en Charente‑Maritime, occupe une place majeure dans le patrimoine local. La fondation est rapportée de manière différente selon les sources : elle est évoquée au Xe siècle comme une fondation des bénédictins de Cluny, tandis que d'autres traditions l'attribuent à Pépin Ier d'Aquitaine en 817, lié à la conservation de la relique du crâne de saint Jean‑Baptiste. La première abbaye subit plusieurs pillages, notamment par les Vikings, et la relique, alors cachée, ne fut retrouvée qu'en 1010 par l'abbé Alduin; le duc Guillaume fit alors rebâtir le monastère. Une importante dotation de Geoffroy Martel d'Anjou et d'Agnès de Bourgogne est attestée par une charte de 1047 avec des témoins tels que Fouchard de Rochefort et ses fils. Grâce aux dons et aux pèlerins, l'abbaye devint l'une des plus puissantes de l'ouest de la France. L'essor prit fin avec la guerre de Cent Ans, qui la mit à la merci de pillages répétés, puis les guerres de Religion lui furent fatales : pillée en 1562, elle fut presque entièrement détruite pendant le siège de 1568 et la relique disparut dans les flammes. Les moines entreprirent ensuite une reconstruction qui s'étendit du début du XVIIe siècle au XVIIIe siècle, conduite par les Mauristes et inspirée des principes figurant dans le Monasticon Gallicanum; le projet central, d'ordonnance classique, fut commencé dès 1622. L'ensemble conventuel, couvert de hauts toits à la française et éclairé par des lucarnes passantes surmontées de pommes de pin, a conservé l'essentiel de ses bâtiments et de son décor intérieur; il subsiste trois cours, dont l'ancienne cour du cloître au sud, tandis que le cloître lui‑même a été démonté. Les arcades du cloître, construites en 1644, furent démontées en 1805 puis remontées sur la place de l'hôtel de ville pour servir de marché couvert, avant de devenir salle des fêtes en 1903. Les bénédictins y reçurent Louis XIV à l'occasion d'un mariage et le duc d'Anjou, son fils, avant son départ pour l'Espagne; la bibliothèque abrita un temps des manuscrits de Pascal, notamment ses Pensées. L'abbaye connut un long déclin qui s'acheva à la Révolution, entraînant le départ des moines et la transformation des lieux en collège puis en lycée. Depuis 1988, la bibliothèque municipale occupe l'ancien réfectoire, qui a conservé ses peintures en grisaille du XVIIIe siècle, largement restaurées au XIXe siècle; les salles conservent également plusieurs cheminées et moulures en stuc de style rococo. Le portail principal, daté de 1750, a été restauré en 1990. Aujourd'hui l'abbaye est le centre culturel de la ville : elle accueille la bibliothèque, l'école de musique, une Micro‑Folie (musée numérique) et, depuis la fin de 2015, un établissement public de coopération culturelle; des expositions et manifestations s'y tiennent tout au long de l'année, et elle avait jusqu'en 2015 accueilli le Centre de culture européenne. La succession des abbés est documentée, de Martin (941‑943) à Louis‑Charles du Plessis d'Argentré (1774‑1790). La tour nord abrite une sonnerie de quatre cloches de volée destinées à l'église Saint‑Jean‑Baptiste : Marie‑Louise‑Geneviève‑Jeanne, fondue en 1874 par Antonin Vauthier (environ 450 kg), Jeanne‑Marguerite et Madeleine‑Germaine, fondues en 1920 par Georges et Louis Bollée (environ 370 kg et 150 kg), et une cloche sans nom, fondue en 1803 par C. Wagner (environ 230 kg), laquelle porte la mention « An XI de la République française. Ville de Saint‑Jean d'Angély » et pour laquelle il est précisé que C. Wagner, horloger, se fournissait auprès de fonderies spécialisées. Sources principales : Gallia Christiana et le Monasticon Gallicanum, ainsi que les cartulaires et travaux cités dans la bibliographie.