Abbaye royale Saint-Michel de Bois-Aubry à Luzé en Indre-et-Loire

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye Royale Eglise romane et gothique

Abbaye royale Saint-Michel de Bois-Aubry

  • Bois-Aubry
  • 37120 Luzé
Abbaye royale Saint-Michel de Bois-Aubry
Abbaye royale Saint-Michel de Bois-Aubry
Crédit photo : Daniel Jolivet - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une société privée ; propriété d'une association

Période

XIIe siècle, XVe siècle

Patrimoine classé

Abbaye de Bois-Aubry (ancienne) : classement par arrêté du 15 janvier 1944

Origine et histoire de l'Abbaye royale Saint-Michel de Bois-Aubry

L'ancienne abbaye royale Saint-Michel de Bois-Aubry est un monument historique classé, fondé au XIIe siècle et situé à Bois-Aubry, commune de Luzé (Indre‑et‑Loire, Centre‑Val de Loire). Abbaye bénédictine, elle a été modifiée à plusieurs reprises, notamment aux XVe siècles, abandonnée pendant la Révolution et partiellement détruite au début du XIXe siècle. De l'ensemble monastique subsistent principalement l'église et, au sud, le bâtiment prolongeant le bras sud du transept qui abrite la salle capitulaire au rez-de-chaussée et le dortoir au premier étage. L'église, dont les parties les plus anciennes et les fenêtres primitives sont visibles dans les parois latérales de la nef, fut rebâtie et complétée au milieu du XIIe siècle; elle a été amputée au XVe siècle des deux premières travées de sa nef, et les ruines de l'ancienne façade subsistent devant la façade actuelle. Les voûtes retombent sur des chapiteaux ornés de feuillages. Au mur ouest de la nef s'appuie une étroite galerie du XVe siècle, utilisée comme secretorium; la tribune qui la surmontait a disparu. Le transept ouvre à l'est sur deux chapelles à chevet plat du XIIIe siècle et, à son extrémité nord, s'élève un clocher du XVe siècle. Le bâtiment perpendiculaire à l'église, qui prolonge le bras sud, contient une salle capitulaire s'ouvrant à l'ouest sur l'ancien cloître aujourd'hui détruit, et, à l'ouest de l'ensemble, subsiste l'hôtellerie des étrangers avec une grande salle à cheminée au rez-de-chaussée et un ancien dortoir à l'étage. L'abbaye témoigne de la transition de l'érémitisme au cénobitisme dans la région : un oratoire ancien dédié à saint Michel accueillait un ermite nommé Roberto à la fin du XIe siècle, une donation par le seigneur Brice du Chillou en 1118 transforma le prieuré d'origine, et l'établissement fut érigé en abbaye en 1138. L'abbaye appliquait la règle de saint Benoît et était rattachée à l'ordre tironien. Mentionnée à plusieurs reprises par les papes Eugène III et Alexandre III, elle connut des dommages durant la guerre de Cent Ans puis reçut des lettres royales sous Louis XI et Charles VIII, dont les armes figurent sur le jubé. Après l'abbatiat de Charles de Ronsard en 1544, elle traversa les guerres de Religion, la Révolution et les périodes de pillages et de dégradations qui suivirent. En 1978, une communauté monastique orthodoxe acquit les bâtiments et y demeura jusqu'en 2006, créant sur le domaine un cimetière où furent déposées, en 1990, les cendres de l'acteur Yul Brynner. Pendant cette période, grâce notamment au concours "Chefs-d'œuvre en péril" en 1983, la communauté entreprit plusieurs campagnes de travaux : dégagement de la nef, du jubé et de la salle capitulaire ; restauration du remplage de la chapelle du transept sud, de la voûte et de la toiture du transept nord ; réparation de la voûte et d'une partie du banc de la salle capitulaire ; et, en 2000, réparation complète du clocher et de sa flèche octogonale en pierre. Au cours de ces interventions, un gisant du XIIe siècle fut mis au jour. En 2004, la communauté fit l'objet d'un redressement judiciaire lié à un contrat de location de photocopieuses jugé trop onéreux. Depuis la fin de 2006, le site est une propriété privée appartenant à Marc‑Olivier Gribomont. Sur le plan architectural, l'abbaye présente un ensemble mêlant style roman (XIIe siècle) et gothique (XIVe‑XVe siècles), avec des variantes allant du roman tardif au gothique rayonnant et flamboyant, l'ensemble étant construit en pierre de tuffeau. Parmi ses éléments remarquables figurent le haut clocher hors œuvre à la flèche de pierre, l'abbatiale et son jubé, le cloître et la salle capitulaire du XIIe siècle — cette dernière comportant une colonne romaine d'époque antique — l'hôtellerie des convers des XIIe et XVe siècles, des fortifications massives du XVe siècle et une salle à écho. L'abbaye conserve également une riche ornementation liturgique et architecturale (piscines, modillons, culots, clefs de voûte, niches à dais, oculi) ainsi que des éléments singuliers tels que l'abreuvoir pour pigeons et une clef de voûte représentant l'Homme vert. Le site reste accessible au public sous certaines conditions par le biais de visites guidées.

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