Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Ambroix
L’ancienne abbaye Saint-Ambroix, dite aussi Saint-Ambroise, se situe à Bourges (Cher), à la limite nord de la ville le long de l’Yèvre, sur le lieu de la tombe de saint Ambroix, évêque de Cahors. Fondée au VIIe siècle et attribuée aux moines bénédictins vers 770 hors les murs gallo-romains, elle a été détruite et reconstruite à plusieurs reprises au cours de son histoire. Les Normands la détruisirent en 868 ; elle fut ensuite rebâtie pour recevoir le corps de saint Ambroix. En 1012, Geoffroy le Noble la rebâtit et y adjoint un chapitre de chanoines réguliers de saint Augustin ainsi qu’une charte. L’abbaye fut saccagée pendant les guerres de Religion, notamment en 1562, malgré sa position à l’intérieur des remparts. Au début du XVIIe siècle, l’ensemble était très dégradé : entre 1635 et 1645 les bâtiments visibles aujourd’hui furent reconstruits pour former l’hôtel dit de Bourbon. L’architecte Lejuge participa à ces travaux et reconstruisit l’église abbatiale — qui employait l’ordre dorique à pilastres cannelés — ainsi que le bâtiment du dortoir. Le dortoir comprend, au rez-de-chaussée, l’ancienne galerie du cloître intégrée au corps de logis ; à l’étage, un couloir au‑dessus de cette galerie dessert cinq cellules de moines ayant conservé leurs aménagements et boiseries du XVIIe siècle. Acquise comme bien national pendant la Révolution, l’abbaye fut vendue et transformée en entreprise de fabrication de cordes et de toiles par le citoyen Butet en 1792, tentative qui échoua. Il est rapporté que, sous l’Empire, le capitaine Durand, gendre de Butet, aurait envoyé à sa femme deux fragments de crânes recueillis après la profanation d’un tombeau en Espagne. L’ensemble passa ensuite par mariage en 1860 aux Bourbon-Busset ; Louise de Bourbon-Busset le légua au diocèse pour en faire une maison de retraite pour prêtres, mais il fut finalement revendu à la ville de Bourges en 1966. L’église abbatiale fut démontée au XIXe siècle et il n’en subsiste que les vestiges du chœur, inscrits au titre des monuments historiques en 1964. Après avoir servi de décor au film Le Grand Meaulnes en 1965, les bâtiments furent incendiés lors d’un squat lié au Printemps de Bourges en 1988. Les ruines ont ensuite été restaurées par le groupe hôtelier Pelegrin dans le cadre d’un bail de cent ans avec la mairie, et l’ensemble est devenu l’établissement prestigieux connu aujourd’hui comme l’hôtel de Bourbon, seul élément subsistant de l’ancienne abbaye.