Abbaye Saint-Andoche d'Autun en Saône-et-Loire

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye

Abbaye Saint-Andoche d'Autun

  • 7 Rue Saint-Germain
  • 71400 Autun
Abbaye Saint-Andoche dAutun
Abbaye Saint-Andoche dAutun
Abbaye Saint-Andoche dAutun
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Abbaye Saint-Andoche dAutun
Abbaye Saint-Andoche dAutun
Crédit photo : Chabe01 - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une association cultuelle

Patrimoine classé

Crypte (cad. AX 82) : inscription par arrêté du 23 février 1993

Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Andoche

L'abbaye Sainte-Marie et Saint-Andoche d'Autun, abbaye royale de moniales bénédictines fondée en 592 par la reine Brunehilde, était située aux nos 1 à 7 rue Saint-Germain à Autun (Saône-et-Loire). Elle fut édifiée sur l'emplacement d'un ancien temple, que les sources attribuent tantôt à Diane, tantôt à Minerve. Dès ses origines, l'abbaye dépendit de la juridiction ordinaire de l'évêque d'Autun ; saint Grégoire le Grand évoque dans ses lettres le monastère bâti par Brunehilde et l'évêque Syagre, dont Thalassie (ou Thessalie) serait la première abbesse, et confirme des privilèges pontificaux. L'établissement fonctionna également comme xenodochium, hospice pour voyageurs pauvres et étrangers, ce qui explique sa situation près d'une porte romaine intégrée à l'édifice et destinée vraisemblablement à servir d'entrée. Dans un titre de 858, l'évêque Jonas décide d'augmenter les revenus de l'abbaye ; une charte de Charles le Chauve de 859 mentionne Savilli et la forêt dite Centuperas, et les dispositions de Jonas seront confirmées en 900 et 928.

En 1449 l'abbesse Marie de Vienne contesta la juridiction épiscopale et porta sa cause devant le Parlement de Paris et le pape Nicolas V ; un bref du pape autorisa l'official de Langres à déclarer l'abbaye exempte, décision ensuite censurée par un arrêt contradictoire rendu le 6 septembre 1450. Un concordat du 13 novembre 1662 entre l'abbesse et Louis II Doni d'Attichy confirma une grâce antérieure sans empêcher l'évêque d'Autun d'exercer sa pleine juridiction ecclésiastique dans le monastère. En 1678 un conflit éclata entre l'évêque Gabriel de Roquette et la dame abbesse à propos de divertissements donnés dans l'enceinte conventuelle ; la dame abbesse refusa la visite épiscopale, fit fermer l'église et se barricada avec plusieurs religieuses, ce qui entraîna des procédures en justice, l'ouverture forcée des portes et, pour certaines moniales, des placements hors du monastère.

Les bâtiments conventuels furent largement reconstruits aux XVe, XVIIe et XIXe siècles ; ils abritent aujourd'hui des bureaux et conservent la tour de l'ancienne porte romaine intégrée à la façade occidentale. L'architecture religieuse comprend une église primitive, disparue au XVe siècle, dont les chapiteaux de la nef datent d'avant 1119, et une église gothique figurée sur des plans conservés aux archives ; une chapelle en rotonde appelée « Notre-Dame sous terre » est mentionnée dans un texte de 1705. Une procession dominicale du dimanche des Rameaux parcourait la ville et faisait halte devant plusieurs sanctuaires et prieurés, les reliquaires étant exposés aux pieds des maîtres-autels selon la coutume ; les obituaires de Saint-Andoche sont conservés aux Archives départementales de Saône-et-Loire.

La crypte, inscrite au titre des monuments historiques le 23 février 1993, fut reconnue par J.-G. Bulliot dans les caves comme d'époque carolingienne ; il nota par ailleurs une surélévation d'environ un mètre du sol. On y accède en longeant la construction romaine et la tour de la porte Saint-Andoche ; au sud de la tour s'ouvre une salle voûtée où se distinguent les éléments de la crypte et ceux du mur d'enceinte romain. De plan rectangulaire orienté est-ouest, la crypte présente une organisation en nefs dans les deux sens, avec des travées qui dégagent deux larges nefs centrales d'environ deux mètres et, de part et d'autre, deux nefs plus étroites d'environ un mètre. Les piliers latéraux sont quadrangulaires, ceux du milieu carrés ; les murs latéraux ne comportent pas d'ouvertures mais conservent quelques marches à l'ouest, l'est paraît renforcé et ne livre pas de passage, le mur nord présente une ouverture obstruée et le mur opposé une fenêtre à double ébrasement qui semble avoir été repercée. Si l'on restitue l'ancien niveau du sol inférieur d'un mètre, les proportions de l'édifice évoluent ; les archéologues notent une analogie entre le rythme des nefs et la disposition des ouvertures des portes romaines, suggérant une forte influence de l'environnement architectural. Les dimensions extérieures de la crypte sont de 13,9 m sur 10,3 m, les mesures intérieures variant selon les études entre 13,20 et 13,50 m de longueur et 9 à 9,20 m de largeur, les piliers et les pierres étant de dimensions et d'apparence irrégulières. Les voûtes d'arête sont portées par de larges doubleaux, les pierres sont maçonnées à joints larges — jusqu'à plus de 4 cm entre certains claveaux — et l'ensemble est au moins antérieur au XIe siècle, certaines techniques évoquant une datation carolingienne ou post-carolingienne.

Parmi les éléments du mobilier, on signalait encore au XVIIIe siècle des burettes attribuées à saint Andoche, décrites dans Le voyage littéraire de deux religieux bénédictins. Les bâtiments du XVIIe siècle subsistants, pourvus de contreforts d'angle, conservent une orientation est-ouest. Étienne Cavalié a étudié l'atelier de monnayage ecclésiastique de l'abbaye, et une monnaie d'argent de la période carolingienne est attestée comme provenant soit de Saint-Andoche d'Autun soit de Bordeaux. Selon l'abbé Expilly, les cuisines du XVIIIe siècle occupaient l'emplacement du temple de Diane ; le réfectoire se situe au-dessus de la crypte.

Le cimetière de la communauté comportait des inhumations en pleine terre ; l'étude anthropologique de deux squelettes révélant des signes d'anémie, voire de syphilis, suggère l'existence d'une structure hospitalière, et Guyes Drées y fut inhumé en 1338. Des ossements épars furent retrouvés à très faible profondeur près de l'ancienne cure, et des sépultures orientées est-ouest ont été mises au jour dans la partie haute de la rue Saint-Pierre et dans la rue du Châtelet, à des profondeurs variant de 0,65 cm (obs. ancienne) à 1–2,20 m suivant les secteurs ; ce cimetière empiétait sur des voies antiques et le niveau de circulation ancien était signalé comme inférieur d'environ 40 cm au niveau actuel.

Parmi les fondations d'anniversaires, Jean VI Rolin, évêque d'Autun, y établit en 1501 la sienne. La succession des abbesses donna fréquemment lieu à des querelles ; la règle évoquée par Grégoire le Grand prescrivait que l'élection se fasse par le souverain de la province avec le consentement des moniales, mais aucun coutumier ne nous est parvenu et les modalités précises restent mal connues. Outre Thessalie/Thalassie vers 592, les sources nomment plusieurs abbesses issues de périodes diverses, parmi lesquelles Marguerite de Montagu (1338), Guillemette d'Oiselet (1408), Louise de Clugny (1473), Antoinette de Tournon (vers 1560), Marguerite de la Balme (1632), Marie de la Baume (1678), Denise de Pernes d'Espinac (1705), Marie-Thérèse de Saulx-Tavanes (1722) et Guiote de Drée. En 1771 l'établissement est encore décrit comme une communauté de bénédictines mitigées portant le titre de chanoinesses, et plusieurs religieuses notables sont attestées aux XVe–XVIIe siècles, parmi lesquelles Marguerite de Traves et Marguerite de Brancion.

Un livre de comptes incomplet est conservé aux archives départementales de Saône-et-Loire et confirme notamment une dépense liée à la venue de l'évêque pour la bénédiction d'une abbesse en 1408 ; en 1762 les revenus de l'abbaye sont évalués à 10 000 livres de rentes. L'abbaye possédait ou exerçait des droits sur diverses paroisses et domaines, notamment Saint-Prix (en partie) et sa forêt, Demigny (litige de rentes avec les Templiers arbitrés par l'évêque Guy I de Vergy en 1225), Sainte-Radegonde, des possessions à Volnay, un couvent relevant de Saint-Andoche à Lucenay-lès-Aix au XIIe siècle, ainsi que Curgy, Tintry et la quatrième paroisse d'Autun sous le vocable de Saint-Pierre en 1789.

Liens externes