Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Arnould
L’ancien prieuré Saint-Arnould se situe à Crépy-en-Valois (Oise), au nord‑est de l’enceinte médiévale, en surplomb du vallon du rû des Taillandiers, face à l’église Saint‑Denis. Il prend ses origines dans un chapitre de chanoines installé vers 935‑943, remplacé par une abbaye bénédictine fondée par le comte Gautier II le Blanc en 1008, puis donné à l’ordre de Cluny lors de la réforme initiée au XIe siècle. Intégré à la congrégation clunisienne, le prieuré bénéficia de l’exemption et d’importantes dotations ; la charte de fondation prévoyait vingt‑huit moines et cet effectif fut même dépassé à la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle. Le monastère connut une prospérité soutenue par de nombreuses donations jusqu’au début du XIIIe siècle puis déclina sous l’impact de la guerre de Cent Ans : le chœur de l’église fut incendié par les Anglais au XVe siècle et ne fut jamais reconstruit, si bien que le prieuré mit près d’un siècle à retrouver un fonctionnement normal. Aux XVIe et XVIIIe siècles, les prieurs commendataires et les occupants entreprirent des renouvellements de mobilier et d’importantes reconstructions des bâtiments conventuels ; le logis du prieur du XVIIIe siècle devint une résidence privée et l’aile orientale fut utilisée comme pensionnat jusqu’en 1940, ce qui a contribué à sa préservation. Les vestiges médiévaux ont été inscrits au titre des monuments historiques en 1943 et le portail du logis (milieu du XVIIIe siècle) est également protégé, malgré des démolitions de murs médiévaux lors d’un réaménagement municipal en 1964. L’Association pour la restauration et l’animation de Saint‑Arnoul a pris en charge la sauvegarde de l’aile orientale : la galerie du cloître et trois salles voûtées d’ogives ont été restaurées et ouvertes au public ; ces parties de style gothique résultent d’au moins quatre campagnes de construction entre la fin du XIIe et le milieu du XIIIe siècle. La crypte romanique, dont subsistent notamment le mur occidental et une partie du mur méridional, attire l’attention pour ses dimensions exceptionnelles et son architecture inhabituelle pour la région, influencée par l’abbaye de Saint‑Benoît‑sur‑Loire ; selon l’abbé Carlier elle mesurait environ 16,50 m de largeur sur 25 m de longueur. On y trouve sept piliers engagés, colonnes octogonales et chapiteaux richement sculptés aux motifs végétaux et figurés, dont la facture renvoie à l’art roman de la France moyenne et reste singulière dans le Valois. L’église abbatiale, de plan basilical sans transept, comportait une nef importante et deux tours de chevet ; après les destructions des XVe et XIXe siècles il ne subsiste que des éléments en élévation, des piliers du clocher nord et des fondations des tours. Le cloître conserve surtout sa galerie orientale en cinq travées ; la salle capitulaire, le parloir et le chauffoir, voûtés et pourvus de supports sculptés, témoignent des campagnes gothiques qui ont remanié les bâtiments conventuels. Les interventions archéologiques ont permis d’affiner la chronologie, mais le site a également subi des dégagements destructeurs au milieu des années 1960 ; des fouilles plus méthodiques ont été conduites à partir de 1975 puis dans le cadre d’un programme pluridisciplinaire lancé en 1997, sans que l’ensemble des vestiges ait pu être entièrement restitué. Aujourd’hui, la crypte est visible derrière une grille et les parties restaurées de l’aile orientale sont accessibles au public selon les périodes d’ouverture déclarées, tandis que d’autres vestiges (mur nord du bas‑côté, fondations des tours et portail du logis) restent lisibles depuis le domaine public.