Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Clément
L'abbaye Saint-Clément, située en Moselle, est une ancienne maison bénédictine qui a accueilli des moines de l'époque médiévale jusqu'à la Révolution. La première mention de l'abbaye remonte à 1099 ; elle s'était d'abord implantée au Sablon sur le site d'un oratoire du VIIe siècle consacré à Félix de Nole, reconstruit par l'évêque Adalbéron Ier, et accueillit à partir de 946 des bénédictins venus de l'abbaye de Waulsort ; elle prit le nom de Saint-Clément après la translation des reliques en 1090. En 1194, l'évêque Bertram donna à l'abbaye la paroisse de Saint-Privat, comprenant Peltre et Magny. L'ancienne abbaye extra-muros fut détruite lors du siège de Metz de 1552 ; malgré un édit royal de 1561, le projet de reconstruction sur le site prévu n'aboutit pas et les bénédictins s'installèrent dans une ancienne hôtellerie en 1565, où des bâtiments furent édifiés et la première messe célébrée en 1567. Une vaste reconstruction des bâtiments conventuels fut décidée sous l'abbé François Reynel ; les travaux débutèrent avec le cloître en 1669 et, selon les sources, l'architecte italien Jean Spinga intervint pour l'église à partir de 1683, même si les archives mentionnent le nom de Spingart en 1699 pour l'achèvement de la façade ouest. Des dates gravées dans la pierre et une interruption des travaux autour de 1685 permettent de suivre les phases de construction ; après une nouvelle pause entre 1687 et 1704, les travaux reprirent au début du XVIIIe siècle sous l'architecte Lapierre, la première pierre de la façade étant posée en 1715 par l'évêque de Metz, Mgr de Coislin. En 1727 quatre travées de la nef étaient achevées et le reste élevé jusqu'à la hauteur d'appui des vitraux ; la façade fut finalement élevée entre 1735 et 1737 par Louis père et fils et Louis Barlet, et le parvis fut fermé par un portail. Après la Révolution, l'église et les bâtiments conventuels furent confisqués et affectés au ministère de la guerre ; boiseries, autels et orgues furent vendus et un séchoir de lits militaires y fut installé de 1824 à 1857. La Compagnie de Jésus acquit les lieux en 1857 pour y établir un collège ; l'église fut alors restaurée et réaménagée : abaissement du sol de 30 cm, création d'une tribune d'orgues et d'une tribune latérale, aménagement d'un dortoir dans les combles, pose de nouveaux vitraux et d'autels, installation d'une chaire, de confessionnaux et d'orgues ; l'église fut bénite le 6 juin 1858 et consacrée en 1860. Après l'annexion de 1870-1871, les Jésuites furent expulsés en 1872 et le collège fermé ; l'abbaye servit ensuite de chapelle pour des établissements d'enseignement catholique et le collège reprit possession des locaux entre les deux guerres. Pendant la Seconde Guerre mondiale l'église fut employée comme entrepôt et un obus endommagea les vitraux au chevet, seules deux verrières historiées étant épargnées ; le collège jésuite se réinstalla après le conflit, mais un incendie détruisit la toiture de la nef en 1966. L'édifice fut réaffecté au culte en 1971 puis classé en totalité au titre des Monuments historiques par arrêté du 2 novembre 1972, qui porte sur l'église, les façades et toitures des bâtiments conventuels, l'escalier monumental intérieur et le cloître avec sa cour et son puits. À partir de 1972 le quartier du Pontiffroy fut largement restructuré : le portail du parvis et des immeubles adossés au côté nord furent démolis puis remplacés par de petites constructions commerciales ; la toiture de l'église fut réfectionnée en 1975 avec une charpente métallique et une restauration intérieure, comprenant verrières et enduits et la création d'un escalier métallique menant à la tribune, fut réalisée en 2001. L'ensemble comprend, outre l'abbatiale aux caractères gothiques et baroques, la chapelle Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, édifiée au moment des Jésuites dans un style néo-baroque et néoroman et ornée de vitraux de Laurent-Charles Maréchal, ainsi qu'un cloître de style classique aux accents baroques italiens, un puits décoré des Quatre Vertus cardinales et un escalier monumental du XVIIe siècle dans l'aile nord-ouest. L'abbaye, après le départ des Jésuites en 1970, a accueilli jusqu'en 2015 l'hôtel de région du conseil régional de Lorraine, et la fontaine de la place Hocquard rappelle, par l'emploi de pierres différentes, les quatre départements lorrains.