Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Étienne
L'abbaye Saint‑Étienne est une ancienne abbaye bénédictine située à Baignes‑Sainte‑Radegonde (Charente), devenue l'église paroissiale de la commune. La tradition lui attribue des origines très anciennes, parfois rattachées à saint Martial ou à Charlemagne, mais les recherches la situent à la fin du Xe ou au début du XIe siècle ; elle fut consacrée un 15 mai entre 1060 et 1066. Placée sous l'invocation de saint Étienne et relevant de l'archiprêtré d'Archiac, l'abbaye est connue par un cartulaire dont la plus ancienne charte date du 14 février 1083. Elle connut d'abord une période de prospérité grâce aux libéralités des seigneurs de Barbezieux et de Montausier, puis subit les conséquences des invasions anglaises et des guerres de Religion, après lesquelles elle eut surtout des abbés commendataires ou non résidents. À son apogée, elle dépendait d'une cinquantaine de prieurés ou de cures locaux ; dans les derniers siècles avant la Révolution, l'abbé pouvait, sous certaines conditions, proposer leurs titulaires, qui étaient ensuite institués par l'évêque de Saintes. En 1789 l'abbaye ne comptait plus que quelques religieux ; la Révolution dispersa les derniers religieux et vendit les bâtiments comme biens nationaux, à l'exception de l'église devenue paroissiale. Les bâtiments conventuels ont totalement disparu, mais l'église conserve des éléments anciens : le large chœur reçut un chevet plat muni d'arcatures extérieures vers la fin du XIIe siècle, des contreforts d'angle furent ajoutés à la fin du Moyen Âge et des buttresses plus massives vinrent renforcer les murs au XVIIe siècle. Des fenêtres de style gothique datent du XVe siècle. D'importants travaux au XIXe siècle ont porté sur la voûte, le crépi, la toiture, le clocher et la façade, restaurations dirigées en 1827 par J. Tessier puis en 1889‑1890 par A. Boisnier. Parmi les vestiges subsistent les murs gouttereaux, une chaire dans la nef et, dans la partie contiguë à la nef, des colonnes avec leurs hauts chapiteaux de l'église primitive. Une chapelle voûtée d'ogives conserve des traces de peintures murales et une niche avec piscines ; cette chapelle, isolée de la nef, aurait servi de seconde église paroissiale, dite Saint‑Nicolas, après la destruction de l'église du village en 1562. La succession des abbés est connue depuis le XIe siècle et figure dans les sources, qui mentionnent notamment Adémar Ier (1032‑1037) et, aux XVIIIe siècles, la famille Des Balbes de Berton de Crillon parmi les derniers abbés avant la Révolution. L'abbaye Saint‑Étienne a été inscrite au titre des monuments historiques en mars 1992.