Abbaye Saint-Étienne de Fontenay à Saint-André-sur-Orne dans le Calvados

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye Eglise gothique

Abbaye Saint-Étienne de Fontenay

  • Rue des Canadiens
  • 14320 Saint-André-sur-Orne
Abbaye Saint-Étienne de Fontenay
Abbaye Saint-Étienne de Fontenay
Abbaye Saint-Étienne de Fontenay
Abbaye Saint-Étienne de Fontenay
Abbaye Saint-Étienne de Fontenay
Abbaye Saint-Étienne de Fontenay
Abbaye Saint-Étienne de Fontenay
Abbaye Saint-Étienne de Fontenay
Crédit photo : Roi.dagobert - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIIIe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Anciens bâtiments conventuels : inscription par arrêté du 17 janvier 1945

Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Étienne de Fontenay

L'abbaye bénédictine Saint-Étienne de Fontenay, appelée Fontanetum, se situe à Saint-André-sur-Orne, dans le Calvados, au bord de l'Orne et à sept kilomètres au sud de Caen ; elle ne doit pas être confondue avec l'abbaye de Fontenay en Bourgogne. Les bâtiments conventuels des XIIIe et XVIIIe siècles sont inscrits aux monuments historiques depuis 1945 et le site depuis 1943. Les chartes de fondation ont disparu, mais la première fondation est connue par un relevé de 1070 : Raoul Tesson, probable fondateur agissant peu après la bataille du Val-ès-Dunes, aurait établi l'abbaye avec le consentement de l'évêque de Bayeux et y fut inhumé, ainsi que des membres de sa famille, dont un neveu mort à Hastings et rapporté en Normandie. L'abbaye vénérait particulièrement saint Étienne, en partie grâce à une relique rapportée par Robert le Magnifique. L'historien Lucien Musset a estimé que Saint-Étienne de Fontenay est sans doute la plus ancienne fondation monastique de la région caennaise.

Au XIIe siècle, de nombreuses familles de la mouvance des Tesson figurent parmi les principaux donateurs. Après une période de grande prospérité, l'abbaye souffrit du long conflit franco-anglais puis des pillages protestants pendant les guerres de Religion, et connut ensuite un appauvrissement sous des abbés commendataires. Les vingt-six premiers abbés furent réguliers ; à la suite du concordat de Bologne, dix-sept abbés furent commendataires. Parmi eux, Pierre-Daniel Huet, devenu abbé en 1699, entreprit la restauration de l'abbaye et de ses jardins mais entra en conflit avec les religieux, se retira à Paris et mourut en 1721. Son neveu, Michel-Gabriel de Piédoüe d'Héritôt, seigneur de Charsigné, lui succéda de 1727 à 1775, rétablit les jardins et introduisit en 1752 la congrégation de Saint-Maur. Le dernier abbé céda ensuite l'abbatiale aux religieux contre des biens et une rente.

Le temporel de l'abbaye fut important : dès sa fondation, Raoul Tesson et son frère donnèrent terres, églises, moulins, vignes et droits sur forêts et marchés. Au fil des siècles, l'abbaye posséda de nombreux prieurés et églises, chapelles et dîmes, terres et rentes, bois, moulins, carrières, maisons et vignes dispersés sur le Bessin et les environs, ainsi que des revenus significatifs ; en 1699 les revenus nets atteignaient 40 000 livres, dont une part fut affectée aux différents titulaires et religieux. En 1777, religieux et abbé procédèrent à un échange de propriétés et d'engagements portant sur maisons, clos, jardins et une rente. Lors de la Révolution, les jardins avaient déjà disparu, la communauté était réduite et le domaine fut vendu comme bien national en 1793 ; la plupart des bâtiments monastiques furent ensuite détruits, notamment vers 1830, et la propriété passa par plusieurs mains avant d'être rachetée en 1872 par Alexandre Carel, dont la descendance directe en conserve aujourd'hui la possession.

Il subsiste aujourd'hui deux bâtiments : un grand bâtiment conventuel du XIIIe siècle, voûté et adossé à des contreforts sur le bord de l'Orne, et le logis abbatial du XVIIIe siècle élevé sur une cave voûtée plus ancienne. Les sources écrites et iconographiques — lettres de l'abbé Huet, vues de la façade nord, cadastre napoléonien, lithographies et descriptions du XIXe siècle — permettent de reconstituer l'organisation du monastère : entrée par le « chemin du bac », cour d'annexes à l'ouest regroupant porterie, écuries, boulangerie, pressoir et grenier, église dont le chœur, le transept et la tour carrée sont romans tandis que la nef ogivale date du XIIIe siècle. Pierre-Daniel Huet transforma le logis abbatial pour en faire sa résidence, aménagea terrasses et jet d'eau et planta des arbres fruitiers ; en 1777 fut prévu de reconstruire la maison abbatiale mais la démolition ne fut que partielle et le logis subsiste.

Le patrimoine mobilier et artistique de l'abbaye a été relevé vers 1700 : plates-tombes en céramique de tradition bessine, deux fresques représentant « les trois vifs et les trois morts », une petite sculpture du fondateur Raoul Tesson, plusieurs tombeaux et des armes sculptées ou peintes, notamment celles de Pierre Duval et de la famille Tesson. Les armes de l'abbaye se blasonnent : d'or, parti de sable à quatre fasces de l'un et de l'autre, et divers sceaux médiévaux sont conservés dans les recueils. Le 11 juin 1944, une messe exceptionnelle fut célébrée dans la chapelle Saint-Étienne pour des sinistrés du secteur, événement suivi quelques jours plus tard de la mort de l'abbé Poirier à Caen.

Liens externes