Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec dans le Finistère

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye Eglise romane

Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec

  • Rue Gorrequer
  • 29560 Landévennec
Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec
Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec
Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec
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Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec
Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec
Crédit photo : Rolf Krahl (Rotkraut) - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

2e moitié XIe siècle, XIIe siècle, XVIIe siècle

Patrimoine classé

Vestiges de l'abbaye et sol des parcelles correspondantes, à l'exclusion des bâtiments de communs (cad. A 1159 à 1161) : classement par arrêté du 26 mai 1992

Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Guénolé

Située sur la presqu'île de Crozon, l'ancienne abbaye Saint-Guénolé de Landévennec est, selon la tradition, fondée par saint Guénolé à la fin de l'Antiquité et figure parmi les plus anciennes et importantes maisons monastiques de Bretagne. Occupé dès la fin du Ve - début du VIe siècle, le site offre un palimpseste archéologique exceptionnel, avec des vestiges s'étendant du VIIe au XVIIIe siècle révélés par des fouilles entreprises depuis 1978. Au haut Moyen Âge et pendant l'époque romane, malgré des destructions, l'abbaye fut un foyer brillant du monachisme breton et développa un important scriptorium. À l'époque carolingienne, l'abbaye adopta la règle bénédictine à la demande de l'empereur Louis le Pieux, connut un âge d'or au IXe siècle et fit l'objet de reconstructions qui organisèrent les bâtiments autour d'un cloître. Les fouilles ont mis au jour un oratoire mérovingien, des sarcophages, des éléments de construction carolingienne, des traces de productions végétales et des installations artisanales, témoignant d'une vie monastique riche et diversifiée. En 913 l'abbaye est pillée et incendiée par les Vikings ; les moines fuient en emportant reliques et manuscrits et se réfugient à Montreuil, où ils rétablissent une communauté. L'incendie viking a laissé une épaisse couche de cendres sur le site et des vestiges qui suggèrent aussi la présence d'un tumulus contenant des restes calcinés, interprété comme un rite scandinave. Au milieu du Xe siècle, les moines reviennent et rebâtissent, puis à partir du XIe siècle l'abbatiale romane est agrandie et dotée d'un chevet à déambulatoire et de chapelles rayonnantes tandis que la nef et les chapiteaux témoignent d'apports stylistiques variés. L'abbaye attire des pèlerins parfois venus de loin et conserve une production manuscrite notable : cinq exemplaires de l'Évangéliaire de Landévennec et d'autres manuscrits sont aujourd'hui répartis dans des institutions telles que le British Museum, la New York Public Library, la Burgerbibliotek de Berne et des bibliothèques françaises, tandis qu'un manuscrit de l'abbé Gurdisten se trouve à la BnF. Au cours du Moyen Âge l'abbaye subit de nombreuses attaques et pillages, notamment pendant la guerre de Succession de Bretagne, et subit un déclin accéléré à partir de 1524 avec l'instauration du régime de la commende. Le régime des abbés commendataires permit des détournements de biens et des pillages, cités par les sources comme ceux commis par les Mesgouez, qui entraînèrent appauvrissement et dégradation des bâtiments et du trésor. Rattachée à la congrégation de Saint-Maur en 1628, l'abbaye connaît un renouveau spirituel et intellectuel et reconstruit plusieurs bâtiments au XVIIe siècle, mais reste ensuite fragilisée. Les revenus tirés de ses bois et la vente de matériaux témoignent de l'importance économique de la seigneurie abbatiale jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Au moment de la Révolution la communauté est dissoute, la bibliothèque dispersée et l'abbaye vendue comme bien national ; au XIXe siècle les ruines sont utilisées comme carrière avant que des propriétaires successifs n'interviennent pour en conserver des vestiges. Des recherches archéologiques systématiques menées depuis 1978 ont mis en lumière les différentes phases d'occupation et contribué à faire de Landévennec un site majeur de l'archéologie médiévale en Europe. Le musée de l'ancienne abbaye, ouvert sur le site en 1990 et labellisé Musée de France en 2017, présente une partie des découvertes (sarcophage en chêne, chapiteaux romans, fac‑similés et reconstitutions de scriptorium), propose des parcours pédagogiques et un jardin de simples. Parallèlement, une nouvelle communauté bénédictine a rétabli une abbaye sur le lieu : achetée et reconstruite au milieu du XXe siècle, elle est affiliée à la congrégation de Subiaco Mont‑Cassin et a vu son église inaugurée en 1958. Aujourd'hui le site associe vestiges archéologiques, musée et communauté monastique, offrant au public un témoignage riche et stratifié de l'histoire religieuse et culturelle de la Bretagne.

Liens externes