Abbaye Saint-Jean-de-Réome à Moutiers-Saint-Jean en Côte-d'or

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye

Abbaye Saint-Jean-de-Réome

  • Place de l'Abbaye
  • 21500 Moutiers-Saint-Jean
Abbaye Saint-Jean-de-Réome
Abbaye Saint-Jean-de-Réome
Abbaye Saint-Jean-de-Réome
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Abbaye Saint-Jean-de-Réome
Propriété privée

Frise chronologique

Antiquité
Haut Moyen Âge
Moyen Âge central
Bas Moyen Âge
Renaissance
Temps modernes
Révolution/Empire
XIXe siècle
Époque contemporaine
400
500
600
700
800
900
1000
1100
1200
1700
1800
1900
2000
450
Fondation initiale
659
Rédaction de la Vita Iohannis
VIe ou VIIe siècle
Transfert du site
816-817
Réforme selon les conciles
1177
Consécration de l'abbatiale
1794
Destruction du clocher
Fin du XVIIe siècle
Reconstruction mauriste
1925
Classement des bâtiments
2012
Rachat et restauration
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

Façades des deux bâtiments du XVIIe siècle et le grand escalier à rampe en fer forgé : inscription par arrêté du 6 juillet 1925. Porte d'entrée principale : inscription par arrêté du 4 décembre 1925. Sol de l'abbaye et de l'église abbatiale ; corps de bâtiment sud ; hôtellerie (cad. A 112 à 116, 383, 384, 387, 468 à 472, 486, 487, 515, 516, 531, 532) : inscription par arrêté du 3 février 1995

Personnages clés

Jean Fondateur de l'abbaye issu d'une famille patricienne dijonnaise.
Joceran de Brancion Évêque de Langres ayant consacré l'abbatiale en 1177.
Hunna Abbé ayant introduit la règle de saint Colomban.
Jonas de Bobbio Moine ayant rédigé la Vita Iohannis lors de son séjour dans le monastère en 659.
Odilon Abbé ayant impulsé la reconstruction de l'abbatiale entre 1120 et 1180.
Claude Louis d'Aviler Architecte dont l'attribution des projets architecturaux du XVIIIe siècle est avancée.
Olivier de Clarembaut Acquéreur et restaurateur du site inauguré au public en 2013.
Thierry de Chamilly Acquéreur et restaurateur du site inauguré au public en 2013.

Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Jean-de-Réome

L'ancienne abbaye Saint-Jean-de-Réome, dite abbaye de Moutiers-Saint-Jean, est située en Côte-d'Or, à Moutiers-Saint-Jean. Selon la tradition, elle fut fondée vers 450 par Jean, issu d'une famille patricienne dijonnaise, d'abord implantée près de la source de la Réome sur la commune actuelle de Corsaint, puis transférée à son emplacement présent au VIe ou VIIe siècle. L'abbaye connut son apogée au XIIe siècle et son abbatiale fut consacrée par l'évêque de Langres Joceran de Brancion en 1177. Sous l'abbatiat de Hunna, la règle monastique initiale fut remplacée par la règle de saint Colomban, et Jonas de Bobbio, séjournant dans le monastère en 659, y rédigea la Vita Iohannis. En 816-817, Saint-Jean fut réformé selon les conciles d'Aix-la-Chapelle. Il ne subsiste guère d'éléments architecturaux de ces premières époques, mais des sculptures et une iconographie ancienne témoignent de leur qualité ; plusieurs de ces pièces figurent aujourd'hui au Louvre, au musée archéologique de Dijon et dans des collections américaines, notamment le Harvard Art Museum. Les bâtiments actuels datent surtout des reconstructions entreprises à la fin du XVIIe siècle lors de l'introduction de la réforme mauriste, tandis que la grande abbatiale romane, pourtant en bon état à la Révolution, fut démolie et ses pierres réemployées localement. À son apogée, l'abbaye exerçait son autorité sur plus de vingt-deux paroisses, principalement dans l'actuel département de l'Yonne, et son abbé jouait un rôle influent dans les conciles de l'époque. Les façades de deux bâtiments du XVIIe siècle et le grand escalier en fer forgé ont été inscrits aux monuments historiques le 6 juillet 1925, la porte d'entrée principale l'a été le 4 décembre 1925, et le sol de l'abbaye et de l'église abbatiale, le corps de bâtiment sud et l'hôtellerie le 3 février 1995. Racheté par des particuliers en 2012, le site a fait l'objet d'une campagne de restauration et a été ouvert au public en 2013 ; une collecte organisée par la Fondation du patrimoine en 2020 a notamment visé le financement de travaux sur la toiture.

Parmi les vestiges les plus anciens figurent des fragments du sarcophage de saint Jean, une cuve rectangulaire en marbre décorée d'une arcature « à portes de ville » abritant le Christ et les douze apôtres, œuvre d'inspiration antique comparable à des sarcophages du IVe siècle. L'iconographie ancienne montre des mutilations des têtes, attribuées aux Huguenots pendant les guerres de Religion ; trois pièces conservées comprennent la partie centrale haute avec le Christ mutilé, une tête d'apôtre et un fragment de drapé. Un petit chapiteau carolingien décoré de palmettes constitue l'autre témoin préroman notable.

La période romane représente la phase la plus riche de l'abbaye. L'abbatiale, reconstruite sous l'impulsion d'abbés puissants par Odilon entre 1120 et 1180, rivalisait par son architecture et sa décoration avec des grands ensembles bourguignons. Les descriptions et une vue du XVIIIe siècle permettent de restituer une nef de six travées à élévation sur trois niveaux, un transept avec tour de croisée, un chœur de trois travées prolongé par une abside hémicirculaire abritant la chapelle de saint Jean, et deux bas-côtés se terminant au moins au sud par une chapelle formant chevet échelonné. L'ornementation comprenait chapiteaux historiés et à feuillage, arcs formerets et travées rythmées, et au moins sept chapiteaux historiés et douze à feuilles aujourd'hui dispersés dans divers musées. Un large porche occidental apparaît sur une gravure du XVIIIe siècle, tandis que la façade gothique du « farinier » est l'un des rares éléments médiévaux encore identifiables sur les vues anciennes.

Des apports gothiques existent aussi, notamment le portail méridional du XIIIe siècle, vendu en 1920 et remonté au Cloisters Museum de New York ; son tympan représente le couronnement de la Vierge et les ébrasements portent les statues de Clovis et Clotaire, mais le remontage soulève des questions d'interprétation liées aux proportions et à certains manques. Le cloître, documenté par une vue du XVIIe siècle, présentait des baies géminées trilobées et des éléments de voûtement d'ogives dont des clefs sculptées ont été retrouvées.

Du XVe siècle au XVIIe siècle l'abbaye décline sous l'effet des guerres et des pillages, puis retrouve un nouvel essor avec les Mauristes à partir de 1635, qui rénovent presque entièrement l'architecture conventuelle — cellules, salon de musique, bibliothèque, trois ailes du cloître, portail, granges et hôtellerie — tout en conservant le farinier et la nef et le transept de l'abbatiale jusqu'à la Révolution. Les travaux, poursuivis au XVIIIe siècle, firent l'objet de projets architecturaux dont l'attribution à Claude Louis d'Aviler est avancée mais n'est pas établie de façon certaine. Le chœur et le transept furent reconstruits en 1730. Le clocher fut abattu le 19 août 1794, les bâtiments monastiques furent vendus comme biens nationaux en 1797 et démolis pour la plupart, l'abbatiale fut vendue en 1803 puis détruite avant 1831, et ses pierres servirent à des fours à chaux et à des constructions alentour. Par la suite le domaine fut morcelé et utilisé comme logements et exploitation agricole ; la grange édifiée sur l'emplacement de l'église et la dispersion des vestiges lapidaires ont fait disparaître progressivement les derniers témoignages médiévaux. Restauré et aménagé par ses acquéreurs Olivier de Clarembaut et Thierry de Chamilly, le site a été inauguré au public le 5 juillet 2013 ; y sont présentés entre autres les décors de gypseries du XVIIIe siècle, l'appartement du moine portier, la galerie du cloître, le grand escalier d'honneur et deux chambres meublées.

Liens externes