Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Jean-des-Prémontrés
L'abbaye Saint-Jean-des-Prémontrés, établissement de chanoines réguliers de l'ordre de Prémontré, se trouvait à Amiens, dans le département de la Somme. Fondée en 1124 par Guy de Flixecourt, elle fut transférée en 1136 sous l'abbatiat de Foulque de Montdidier sur les bords de la Selle, sur une propriété donnée par Gérard de Picquigny. L'abbaye reçut de nombreuses donations, notamment du comte Jean de Ponthieu et du roi Philippe-Auguste en 1185 et 1190. En 1358, elle fut ruinée par les troupes de Charles le Mauvais, roi de Navarre. Jacques Foulon procéda à son relèvement entre 1474 et 1488. En 1597, l'abbaye située hors les murs fut détruite sur ordre de Hernán Tello de Portocarrero lors du siège d'Amiens; les religieux se réfugièrent alors dans la ville et s'y fixèrent définitivement. Sous l'abbé commendataire Antoine Séguier, des chanoines se soulevèrent contre le prieur Pierre du Rieu, qui dut quitter sa charge ; en 1618 René Pavie rétablit les anciennes règles et releva les bâtiments conventuels et l'église. Au début du XVIIIe siècle, Étienne de Fay dressa en 1712 les plans de reconstruction du monastère tel qu'il existe aujourd'hui ; il fut aussi le premier professeur de quatre enfants sourds-muets et créa un cabinet de curiosités à l'abbaye. Vers 1730, l'abbaye était la plus riche de la ville, avec des revenus annuels de 26 000 livres. Déclarée bien national à la Révolution, son église abbatiale fut démolie et les bâtiments conventuels furent transformés au XIXe siècle en lycée de garçons. Un bombardement le 19 mai 1940 détruisit une grande partie du centre-ville et ce qui restait de l'abbaye; seuls les murs extérieurs subsistèrent et leur décoration est inscrite au titre des monuments historiques depuis 1940. Restauré après la Seconde Guerre mondiale, le site a abrité un établissement universitaire et la « salle Dewailly » ; il est aujourd'hui consacré à des activités culturelles. Les bâtiments conservés, reconstruits après 1940 en réutilisant des murs extérieurs en brique et pierre des XVIIe et XVIIIe siècles, s'organisent autour du cloître conçu par Étienne de Fay ; la cour d'honneur est bordée par un corps de bâtiment en U, dont une aile présente une galerie voûtée du XVIIe siècle. L'aile centrale porte une entrée saillante en pierre avec une porte cintrée et un balcon en fer forgé reposant sur des consoles ornées de fleurs sculptées. Dans la cour d'honneur se dresse la statue de l'abbé Lhomond, œuvre de Gédéon de Forceville.
