Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Léger
Le palais abbatial d'Ébreuil, construit en 1783 pour l'abbé commendataire, est un logis de style néoclassique au plan massé, animé d'une porte d'entrée munie d'un entablement classique. Sur la façade sud, une colonnade toscane en lave soutient le balcon du premier étage, bordé d'une ferronnerie à volutes. À l'intérieur, le grand salon conserve des stucs de style Louis XVI ; au-dessus des portes, de la cheminée et entre les pilastres cannelés se lisent des médaillons et des cadres en trompe-l'œil portant divers motifs. Ce palais s'inscrit dans l'ensemble historique de l'abbaye Saint-Léger d'Ébreuil, située dans l'Allier. L'abbaye, fondée au Xe siècle, conserve principalement son église abbatiale ; les bâtiments monastiques ont été détruits au XVIIIe siècle et remplacés par un hôpital tenu par les religieux charitains. L'église, unique église carolingienne d'Auvergne, fait partie des cinq églises carolingiennes de France ayant conservé leur charpente en bois. Bâtie entre les Xe et XIIe siècles, elle associe une nef et un transept d'inspiration carolingienne à un chœur de style gothique primitif ; son clocher-porche, de style roman, remonte au début du XIIe siècle et a été rapproché, par son inspiration, de celui de l'abbaye de Fleury. La nef du XIe siècle comporte cinq travées marquées par des piliers rectangulaires et un narthex à l'auvergnate, et est protégée par une charpente en bois. Les peintures murales de la tribune datent du XIIe siècle et représentent notamment les martyres de sainte Valérie et de saint Pancrace ; d'autres peintures, dans la nef, montrent saint Georges terrassant le dragon, le Christ en croix, saint Blaise et saint Léger et sont attribuées aux XVe et XVIe siècles. Le chevet carolingien a été remplacé au XIIe siècle par un chevet gothique naissant ; les bas-reliefs du tympan, retrouvés en 1860 sous une dalle, sont datés du XIIe siècle. La possession des reliques de saint Léger a attiré la dévotion des pèlerins et enrichi la renommée du monastère ; la châsse qui les a contenues, en bois et cuivre argenté, date du XVIe siècle et repose derrière le maître-autel. L'histoire institutionnelle de l'abbaye est marquée par une longue succession d'abbés — une cinquantaine — depuis Amblard, présent en 961, jusqu'à Philibert Nicolas Hemey d'Auberive, dernier abbé avant la Révolution, qui fit construire le logis abbatial et se consacra ensuite à des publications. Parmi les abbés connus figurent le cardinal François de Tournon, abbé commendataire au début du XVIe siècle, et Jacques-François de Sade, abbé au XVIIIe siècle. Des fouilles menées en 1767 ont mis au jour des tombeaux d'abbés, dont ceux de Gerbert et de son neveu Guillaume, premier abbé avant 1072. Aujourd'hui, l'ensemble témoigne à la fois de l'architecture néoclassique du palais abbatial et de la continuité historique et artistique de l'abbatiale Saint-Léger.