Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Léger
L'ancienne abbaye Saint-Léger est un édifice catholique des XIIIe et XIVe siècles situé à Soissons, dans l'Aisne. Elle a d'abord accueilli des chanoines séculiers, puis des chanoines réguliers. Une chapelle fut élevée en mémoire de l'évêque Léger d'Autun après son meurtre sur ordre d'Ébroïn en 678 ; sa mère Sigrade se retira à l'abbaye Notre-Dame de Soissons. Cette chapelle devint le centre d'une paroisse dont dépendait le château des comtes. La présence d'une communauté de chanoines séculiers à Soissons est attestée dès 1070. En 1139, le comte Renaud III le Lépreux donna les biens de l'église à l'évêque Josselin de Vierzy, et des chanoines venus de l'abbaye Saint-Nicolas d'Arrouaise fondèrent une communauté de chanoines réguliers. L'abbaye Saint-Léger fut fondée en 1152 à la suite de cette donation. Une crypte romane, construite vers 1100, subsiste sous l'église gothique ; sa partie orientale fut réalisée en même temps que le chœur. La prospérité du XIIe siècle permit la reconstruction de l'église à partir d'environ 1200, d'abord le chœur et le transept, puis la salle capitulaire et le cloître. La guerre de Cent Ans porta un coup grave à l'abbaye : une enquête de 1442 relève des revenus réduits à 30 livres par an, insuffisants pour l'entretien des bâtiments. Des réparations eurent lieu à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle ; l'abbaye fut mise en commende en 1520 et l'église dédicacée en 1545. Soissons fut occupée par les protestants en 1567-1568 ; la nef et la façade furent démolies en 1567, puis reconstruites à la fin du XVIe siècle et au XVIIe siècle. L'abbaye fut rattachée à la congrégation de France en 1660 et les bâtiments conventuels furent reconstruits. Vendue en 1791 à un négociant en vin, elle servit de logements jusqu'au Second Empire, quand l'évêque Paul-Armand Cardon de Garsignies en fit l'acquisition et fit restaurer les peintures de la crypte. Une campagne de travaux plus importante sur l'église ne commença qu'après son classement comme monument historique en 1889. La nef et le clocher de l'église ainsi que le cloître subirent de lourds dommages lors des bombardements de la Première Guerre mondiale. L'église figure sur la liste des monuments historiques en 1899 et les galeries est et nord du cloître ainsi que la salle capitulaire ont été classées le 22 avril 1908. Le cloître abrite aujourd'hui le musée municipal de Soissons. On peut encore observer sur le monument la façade, une tourelle, des culs-de-lampe, des modillons et des traces des combats de 1918.