Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Pierre
L'ancienne abbaye bénédictine Saint-Pierre de Beaumont (Puy-de-Dôme) est, selon la tradition, l'un des plus anciens monastères de femmes d'Auvergne, fondée par les comtes d'Auvergne et attribuée à l'initiative de saint Priest entre 665 et 670. Les bâtiments ont connu d'importantes transformations avant et après la Révolution ; il subsiste cependant des vestiges du cloître, datés de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe. Le cloître s'organisait sur trois faces orientées est, sud et ouest ; la quatrième était formée par le mur de l'ancienne église, qui pouvait comporter une église basse ou un sanctuaire réservé aux religieuses. Sa galerie se compose d'arcatures séparées par des trumeaux renforcés de contreforts. L'église, de style roman auvergnat, appartient aux XIe et XIIe siècles et a été modifiée depuis les XVIIe et XIXe siècles ; hormis le clocher daté de 1830, l'ensemble présente un grand intérêt par la diversité de ses éléments. L'édifice est orienté : il comprend une nef de quatre travées flanquée de deux collatéraux, un transept saillant et un chœur semi-circulaire ; il n'y a pas de déambulatoire mais des collatéraux encadrent le chœur jusqu'au sanctuaire, arrêté par un mur droit, disposition fréquente à la fin du XIe siècle dans les églises bénédictines. On y note des chapiteaux sculptés de feuillages et de palmettes, une colonne gallo-romaine entre le chœur et son collatéral, et une architecture intérieure qui reflète le roman auvergnat. Les arcades reliant la nef aux collatéraux ont une courbe à peine brisée, légèrement en fer à cheval, et s'appuient sur de lourds piliers rectangulaires en blocage, ce qui laisse supposer que certaines parties peuvent remonter à l'époque carolingienne. La façade sud est aujourd'hui entièrement masquée par des maisons particulières qui faisaient partie des bâtiments conventuels avant 1789 ; dans l'une d'elles on conserve une portion du cloître assez bien préservée, avec un chapiteau figuré et des fragments de fresques. Sur le plan documentaire, la plus ancienne mention connue est la bulle de confirmation du pape Calixte II en 1123, et le pape Alexandre III a confirmé les possessions de l'abbaye en 1165 en la plaçant sous la protection du Saint-Siège. À partir du XIIIe siècle et jusqu'en 1792, le recrutement de la communauté est resté largement aristocratique, et au XIVe siècle la maison a connu des conflits de succession qui ont conduit à l'intervention pontificale. À partir du milieu du XVIe siècle, les abbesses furent désignées par le roi, conformément au concordat de Bologne, et la liste des titulaires illustre des périodes de prospérité, de crise financière et de conflits internes jusqu'à l'expulsion de la dernière abbesse en 1792. L'église a fait l'objet de deux grandes campagnes de restauration au XXe et XIXe siècles : une intervention menée entre 1826 et 1831 a notamment restitué le clocher de la croisée du transept, et une seconde, conduite entre 1978 et 1984, a restitué les dispositions initiales du chœur, « dérestauré » certaines piles et grandes arcades et dégagé le bras nord du transept et la façade occidentale des constructions accolées. L'ancienne église abbatiale a été inscrite au titre des monuments historiques le 18 septembre 1926 et les vestiges du cloître le 21 mai 1927.