Abbaye Saint-Pierre de l'Almanarre à Hyères dans le Var

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye

Abbaye Saint-Pierre de l'Almanarre

  • 277-343 Lotissement Olbia
  • 83400 Hyères
Abbaye Saint-Pierre de lAlmanarre
Abbaye Saint-Pierre de lAlmanarre
Crédit photo : Ekyou - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIe siècle, XIIe siècle

Patrimoine classé

Eglise Saint-Pierre-de-l'Almanarre et fragments des remparts voisins : inscription par arrêté du 31 mars 1926

Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Pierre

L'abbaye Saint-Pierre de l'Almanarre, située à Hyères sur le site de l'ancienne Olbia, a été fondée par des moines bénédictins en 989. En 1220, le cardinal Conrad, évêque de Porto et légat du pape Honorius III, fit venir des moniales cisterciennes de l'abbaye de Saint-Pons de Gémenos pour remplacer les moines. Le pape Innocent IV, dans une bulle de 1250, décrit l'étendue des biens de la maison — maisons, jardins, terres, vignes, salines — et signale que la communauté comptait alors trente-deux religieuses. L'abbaye fut détruite pendant les guerres beaussenques puis reconstruite. Par bulle, le pape Benoît XIII rattacha l'église paroissiale de Saint-Étienne de Pont et, au début du XVe siècle, une union des maisons monastiques fut réalisée sous l'autorité d'un légat apostolique. En 1409, après des attaques de pirates, les religieuses, dirigées par l'abbesse Saure de Glandevès, se réfugièrent à l'intérieur des murs d'Hyères dans un nouveau monastère placé sous le vocable de Saint-Bernard. Cette abbaye royale, fréquentée par des moniales de grandes familles provençales et disposant d'un revenu notable, fut visitée en 1780 par l'abbé Papon et fut dévastée en 1793 pendant la Révolution.

Les fouilles menées entre 1958 et 1963 ont documenté l'église, de style roman provençal, qui comportait à l'origine une nef unique terminée par une abside semi-circulaire et un chevet à fond plat. La voûte en berceau, aujourd'hui effondrée, reposait sur des arcs en plein cintre; l'édifice fut ensuite élargi vers le nord par l'ajout d'une seconde nef. Cinq seuils de portes subsistent — deux à l'ouest, deux au sud donnant probablement accès au cloître, et un au nord — et la nef sud, fouillée en 1960, présente un sol dallé médiéval et s'ouvrait par deux portes à double battant, tandis que la porte de la nef nord est à un seul battant. Les fouilles ont atteint le niveau grec : sous la troisième travée passait une rue de 2,20 m de large avec un trottoir côté est, et les archéologues cherchent à préciser l'aménagement paléochrétien de l'ensemble, la nef sud étant considérée comme la plus ancienne. Le cloître et les bâtiments conventuels ont également été prospectés.

Le cimetière, fouillé de 1958 à 1963 au chevet de l'église, a livré près de 500 sépultures de moniales et de laïcs travaillant pour l'abbaye, principalement des XIIIe et XIVe siècles; ces inhumations comprennent des fosses, des coffrages et des tombes bâties, et ont fait l'objet d'études anthropologiques. Les recherches ont mis au jour un enclos paléochrétien amputé par l'abside nord, un ossuaire en plaques d'ardoise, un sarcophage orienté est-ouest coupé par les fondations et un second sarcophage à acrotères orienté nord-sud. Une nouvelle campagne dirigée en 1988 par Muriel Vecchione porta sur la période médiévale, puis, de 1989 à 1992, Michel Pasqualini et Bertrand Mafart dirigèrent les fouilles du cimetière; l'ensemble des sépultures, couvrant deux siècles, constitue le plus important cimetière monastique fouillé en Provence et a donné lieu à des publications.

Au fil du temps, l'abbaye a possédé et reçu en dépendance diverses églises, prieurés et terres, parmi lesquels l'église Saint-Gervais de Fos et ses biens, le prieuré Saint-Étienne-du-Mont à Aurier (rattaché en 1406), l'abbaye Notre-Dame de Fenouillet (rattachée en 1429) ainsi que des droits et terres autour d'Hyères et à Toulon. Cinq bagues en or découvertes ont été transférées à Hyères en 2011; une autre parure, ornée d'un verre facetté vert, est mentionnée mais ne faisait pas partie de ce lot. La liste des abbesses, non exhaustive, commence au début du XIIIe siècle avec Béatrix (1224) et comprend de nombreuses figures médiévales et modernes, parmi lesquelles Nicole (1245), Saure de Glandevès qui organisa le transfert de la communauté en ville, Margueritte II de Forbin qui gouverna de 1619 à 1669, et Blanche de Forbin de Saint-Cannat, la première abbesse nommée par le roi en 1694. Les vestiges et les travaux archéologiques témoignent du rôle religieux et patrimonial de cette abbaye dans la région.

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