Origine et histoire de l'Abbaye Saint-Pierre
L'ancienne abbaye Saint-Pierre de Montiéramey, fondée en 837 sur les deux rives de la Barse dans l'Aube, fut un important établissement bénédictin du diocèse de Troyes. Au XIIe siècle elle connaît une forte croissance grâce à de nombreuses donations et possède alors quatorze prieurés, neuf d'entre eux étant fondés à cette époque. L'église abbatiale est achevée en 1240 et une muraille entoure le monastère avant la fin du XIIIe siècle ; elle est consacrée par l'évêque de Troyes Nicolas de Brie. Les reliques de saint Victor de Plancy, accueillies dès la fondation, font de l'abbaye un centre de pèlerinage. Appuyée par les comtes de Champagne aux XIe-XIIe siècles, l'abbaye bénéficie de donations et de soutiens qui renforcent sa prospérité. L'abbé Gui III entretient des relations avec saint Bernard et favorise le rayonnement de Montiéramey, notamment par la fondation de l'abbaye de Larrivour. Au XIIIe siècle Thibaud V accorde d'importantes libéralités et Robert, abbé de 1251 à 1287, dirige la communauté. À partir de la fin du XIIIe siècle et surtout au XIVe, l'abbaye entre en déclin : rattachement de la Champagne au domaine royal, ventes de biens dès 1326, occupations militaires pendant la guerre de Cent Ans et pertes liées à la peste. L'abbé Pierre de Raynel (1334‑1369) multiplie néanmoins les initiatives locales, comme l'instauration d'une foire, des travaux de fortification et la création d'une confrérie. Les guerres de Religion et des inondations au XVe siècle aggravent les difficultés ; le village est incendié et l'église rançonnée. L'établissement est mis en commende à partir de 1501, puis réformé et affilié en 1655 à la congrégation bénédictine de Saint‑Vanne, qui impulse des campagnes de reconstruction aux XVIIe et XVIIIe siècles. En 1669 l'aile sud du cloître est reconstruite en pierre et brique ; le logis abbatial est reconstruit entre 1715 et 1717, avec une grange et un colombier. Le logis, bâtiment rectangulaire sur deux niveaux et combles, conserve largement les dispositions, huisseries, cheminées et escaliers du XVIIIe siècle ; son fronton porte un bovin peint, souvenir de la profession du propriétaire à la fin du XIXe siècle. À la Révolution la plupart des constructions sont détruites ; le logis, la grange et le colombier subsistent et deviennent propriétés privées. L'abbaye se situait à un kilomètre au sud de l'ancienne route de Troyes à Bar‑sur‑Aube (RD 619), à environ vingt kilomètres de Troyes et trente‑deux kilomètres de Bar‑sur‑Aube ; le lac d'Orient se trouve à 1 700 mètres au nord. À proximité se trouvent l'abbaye de Larrivour, le prieuré Saint‑Georges à Vendœuvre‑sur‑Barse et le prieuré féminin de Villemoyenne. Dès sa fondation Arrémar reçoit la terre d'Aleran, comte de Troyes, qui comprend les deux rives de la Barse. Le nom de l'abbaye a évolué : d'abord « la Nouvelle Celle » pour la distinguer de Montier‑la‑Celle, il prend ensuite diverses formes — Moustier Arramé, Monstierarramey, Moutieramey — avant de devenir Montiéramey. L'abbaye possédait de nombreuses terres et droits seigneuriaux, notamment à Chaource, Fravaux, Piney, Mesnil‑Saint‑Père, Saint‑Martin‑ès‑Vignes et au prieuré de Chappes, et exerçait des droits de justice sur plusieurs localités. La bibliothèque et les archives de l'abbaye ont produit des manuscrits remarquables, dont des parchemins enluminés attribués à Petrus Lombardus et plusieurs cartulaires aujourd'hui conservés dans des fonds publics. Les armoiries de l'abbaye étaient d'azur, à une clef et une épée d'argent, en chef une fleur de lys d'or. L'abbaye a laissé une longue succession d'abbés et de prieurs documentés du IXe siècle jusqu'à sa fermeture en 1790.